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L’église Sainte-Marguerite


Située dans le quartier de Charonne, l’église Sainte-Marguerite reste peu connue des Parisiens. Elle mérite pourtant une visite, car son histoire et son architecture sont tout à fait singulières.

Son origine remonte à 1624, année où Jean de Vitry, seigneur de Reuilly, donna cette terre à Antoine Fayet, curé de Saint-Paul, pour y construire une chapelle. En effet, avec l’essor du faubourg Saint-Antoine, à majorité ouvrier, les autorités religieuses de l’époque s’inquiètent de l’absence de lieu de culte à proximité. Ainsi, il fut écrit "Les libertins et les convertis sont en très grand nombre dans le faubourg et, n’étant pas veillés de près, se dispersent même du devoir pascal sans craindre d’être connus". La peur de voir les paroissiens s’égarer de la foi - et donc du droit chemin - était bien réelle.

A partir de 1637, une sacristie et un presbytère sont d’abord construits à cet emplacement ; en 1703, la chapelle est achevée, elle deviendra église paroissiale en 1712. En 1724, on y adjoint une chapelle dédiée à la Vierge. Axée sur la rue Saint-Bernard, l’église en forme de croix latine est éclairée par des occuli. Sa façade d’entrée reste très classique, dotée de pilastres doriques qui soutiennent un fronton. Son clocher, qui surmonte la croisée du transept, est assez original : de section carrée, c’est en fait un beffroi en bois recouvert d’ardoises ; il contient quatre cloches.

Mais c’est en 1760 qu’un élément exceptionnel sera rajouté : Victor Louis - l’architecte du théâtre de Bordeaux - se voit confier la construction de la Chapelle des Âmes du Purgatoire. Il fait appel à un brillant artiste italien, Brunetti, et au Français Gabriel Briard qui vont réaliser le plus grand décor en trompe-l’oeil existant à Paris. Ce décor fut conçu dans l’esprit de la Contre-Réforme et est imprégné par le culte des morts et de la croyance à l’existence du purgatoire.
De chaque côté de la chapelle ont été peintes des enfilades de colonnes, qui nous font percevoir la chapelle plus large qu’elle n’est. Deux magnifiques frises, imitant des bas-reliefs, occupent toute la longueur de la chapelle :"Jacob expirant au milieu des siens" et "Les Funérailles du patriarche et son transport". Entre ces colonnes apparaissent de grandes figures allégoriques évoquant la brièveté de la vie et la vanité de ce monde. Au fond, encadrant l’autel, on trouve les vertus cardinales (prudence, justice, force et tempérance) et les vertus théologales (foi, espérance, charité). Cet étonnant décor est actuellement en cours de restauration après des infiltrations dans la chapelle.

D’autres surprises vous attendent en visitant cette église. Une plaque rappelle sur un mur que le Dauphin, Louis XVII, fils de Louis XVI et Marie-Antoinette, mort en captivité à 10 ans dans la prison du Temple, fut enterré dans ce cimetière. Mais lorsque ses restes furent exhumés en 1894, il fut prouvé que la légende était fausse. Plus crédible, il est attesté que du 9 au 21 juin 1794, 300 guillotinés furent enterrés ici. Enfin, la tombe de l’ébéniste Georges Jacob III (1768-1803), un des plus grands ébénistes du XVIIIe siècle, qui travaillait dans le faubourg Saint-Antoine, est toujours présente décorée d’un buste en bronze et d’une ancre de marine.

Restauration de la chapelle à l’église Sainte Marguerite effectuée en 2011.

Informations pratiques
Adresse, horaires, numéro de téléphone, liens...

36 rue Saint-Bernard 75011 Paris

01 43 71 34 24
Pour aller plus loin
jeudi 20 novembre 2014,    Franck Beaumont