.evous
.evous > Agenda des Arrondissements Parisiens > Paris 13e > Guide Paris 13e > Se promener, Paris 13e

L’hôpital et la chapelle de la Salpétrière


Devenu une véritable ville dans la ville, l’hôpital de la Pitié-Salpétrière a une histoire prestigieuse et mérite bien une visite.

Lorsque la duchesse d’Aiguillon, nièce du cardinal de Richelieu, demande en 1653 au roi Louis XIV un brevet pour faire construire un établissement destiné aux mendiants, le lieu choisi est un ancien arsenal situé dans le faubourg Saint-Victor, utilisant du salpètre pour la poudre à canon - ce matériau va lui laisser son nom.

Mais en 1656, l’éradication de la mendicité est écartée du projet pour laisser place à une véritable institution, un hôpital général destiné aux femmes. Les besoins sont grands à l’époque puisque cet hôpital général va accueillir quelques vieillards mais surtout toutes sortes de femmes, généralement pauvres, abandonnées, invalides, parfois folles - les hommes, quant à eux, sont accueillis ou plutôt enfermés à Bicêtre. A partir de 1684 s’y ajouteront les filles publiques malades et les condamnées. En 1679, on y dénombre 4.000 femmes incarcérées ; leur nombre s’élèvera à 8.000 au moment de la Révolution. Et pour les encadrer, 1.500 personnes y travaillent déjà !

Pour édifier cet ensemble de bâtiments, le Roi fait appel aux plus grands architectes : Antoine Duval, Le Vau, Bruant et Barthélemy de Dieppe. En arrivant par la Salpétrière par le boulevard de l’Hôpital, on est impressionné au premier coup d’oeil par la rigueur classique qui se dégage de l’ensemble. Un pavillon d’accueil doté d’arcs est placé à l’entrée et ouvre sur une monumentale façade de 215 mètres. Au centre le porche permettant d’accéder à la chapelle, et de chaque côté une longue aile.

L’aile de gauche fut commencée en 1658 sur les plans d’Antoine Duval, probablement sur les deniers de Mazarin ; elle porte aujourd’hui son nom. Au centre, derrière le porche, la chapelle est dessinée par Louis Le Vau et ses travaux commencent en 1670, financés par le roi. Mais l’architecte meurt dans l’année et c’est Libéral Bruant qui lui succède, exécutant fidèlement ses plans. D’une grande originalité, cette chapelle est un édifice de plan carré conçu en croix grecque, formant quatre chapelles principales. Mais à chaque angle de la croix est ajoutée une chapelle annexe octogonale, ajoutant au total 4 chapelles aux 4 principales. Ainsi, sans communication, on pouvait placer dans l’église hommes et femmes, filles et garçons, sans qu’ils se croisent. Le grand espace circulaire au centre, éclairé par la coupole - toute simple et en bois - était dédié à l’autel et visible de tous.

L ’aile de droite est plus tardive puisque sa construction est confiée à Germain Boffrand qui en propose un plan en 1729. Elle sera achevée en 1756, après sa mort, et prendra le nom de division Lassay. Alors que des bâtiments annexes (appelés divisions Hemey et Jacquart) complètent à l’arrière l’aile Mazarin, ceux de l’aile Lassay ne seront jamais exécutés.

Vous remarquerez sur le portail de l’aile Mazarin les armes du cardinal, entre l’Espérance et la Charité. N’oublions pas de souligner la présence de la statue de Philippe Pinel (1745-1826), médecin de la Salpétrière qui fit supprimer les chaînes des aliénés de cet hôpital ainsi que de Bicêtre.

Au fil du temps, la Salpétrière s’est considérablement agrandie de divisions, de pavillons et s’est même adjoint l’ancien hôpital de la Pitié, entièrement reconstruit en 1906-1910, pour devenir le plus grand hôpital parisien. De grands médecins y ont exercé. Le plus célèbre, Jean Charcot (1825-1893), obtint même de Gambetta la création en 1882 d’une chaire de clinique des maladies nerveuses, et fut le premier au monde à traiter cette spécialité.

La magnifique chapelle de la Salpétrière est en accès libre dans la journée. Empruntez le porche au centre de l’aile Lassay pour y accéder.

Franck Beaumont

Informations pratiques
Adresse, horaires, numéro de téléphone, liens...

boulevard de l’hopital

vendredi 18 novembre 2011,    Christian Frank