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Acai, l’arbre aux baies miraculeuses

Acai (prononez assaÏ) ou palmier pinot est un palmier qui pousse exclusivement dans les zones marécageuses en Amérique du Sud, en Guyane, au Venezuela, au Brésil et en Colombie. Acaï vient iça-çai qui signifie l’arbre qui pleure en langue vernaculaire... Pourquoi pleure-t-il ? Une légende cruelle et tendre en donne les clés.


Aux palmes graciles, le palmier acaï mesure une vingtaine de mètres, son tronc est fin. Ses feuilles sèches tombent immédiatement, ne laissant sur l’arbre que quelques palmes au port aérien. Il pousse en se multipliant à la base, donnant naissance à plusieurs palmiers issus d’un même pied.

Les fruits de ce palmier font sa richesse. Appelées acaï ou baies d’acaï, elle sont mauve foncé, de la taille d’un gros cassis. Mais leur goût est très spécial : il rappelle le chocolat...

Une légende douce amère

Ses baies sont connues depuis la nuit des temps... Une légende raconte comment les Indiens ont découvert les vertus de ce fruit nutritif. Elle parle de sacrifice et d’amour.

Au nord du Brésil, près de la capitale de la région, Belem, s’étend la forêt amazonienne. Il y a très très très longtemps vivait en Amazonie une tribu indienne prospère. La tribu avait grandi de manière telle qu’aucune autre ne songeait à l’attaquer. Elle possédait une "bouche de la rivière Amazone". Qui aurait pu imaginer que la sécheresse sévirait dans une région de pluies tropicales ? Toujours est-il que les changements climatiques existaient déjà : une sécheresse s’abattit sur la région.

La tribu, nombreuse, commença à souffrir des conséquences de la sécheresse : le niveau des rivières baissa, les courants devenaient de maigres filets d’eau. Les berges s’asséchèrent, les poissons, en manque de nourriture, flottaient à la surface des ondes. Des pans entiers de la forêt furent détruits par des incendies.
La tribu était loin d’être préparée à de telles extrémités. Jusqu’à présent, la vie en Amazonie avait été facile, le gibier abondant et les cueillettes de fruits aisées.
Mais la nourriture commençait maintenant à manquer. Que faire ?

Le chef de la tribu, Itaki, était plus soucieux que jamais. Il était devenu impossible de nourrir toute la tribu. La famine menaçait les membres, la mort rôdait. Il rassembla la tribu et annonça donc la décision radicale qu’il avait prise. Elle peut paraître aujourd’hui très cruelle. Pour éviter que la tribu ne ontinue de grandir, il décida que tous les nouveaux-nés seraient sacrifiés.

Peu de temps après l’annonce de cette terrible décision, la propre fille d’Itaki, nommée Iaca, découvrit qu’elle attendait un enfant. Fille unique du chef, elle avait de beaux yeux noirs vifs. Son père l’adorait et la couvrait de cadeaux. On raconte qu’il lui avait offert une peau de léopard noir, qu’il avait tué dans la jungle. Elle était une princesse de l’Amazonie.

Le jour arriva enfin où Iaca donna naissance à une merveilleuse petite fille. A la joie de la naissance fut mêlée la terreur et la tristesse. Iaca voulut cacher sa fille, l’envoyer loin, dans les profondeurs de la jungle pour la sauver du décret de son grand-père. Mais la loi de la tribu eut raison de la petite fille. Le bébé fut sacrifié. Iaca fut inconsolable.Nuit et jour, elle pleurait, implorant Tupa, le Dieu de la forêt afin que son père trouve un autre moyen de sauver la tribu.

Une nuit au cours de ses prières, Iaca entendit les pleurs d’un bébé. Elle sortit de sa tente et aperçut son bébé au pied d’un grand palmier, éclairée par un rayon de lune. Cette vision l’effraya. Puis elle céda à la tentation de serrer dans ses bras son bébé tant aimé et tant pleuré. Elle la serra fort, mais le bébé disparut mystérieusement. La jeune femme resta accrochée au tronc d’arbre, pleurant la mort de son bébé. La douleur était si profonde, Iaca mourut.
Le lendemain, le chef Itaki trouva le corps sans vie de sa fille bienaimée, enlacée au tronc du palmier, le visage enfin en paix, presque souriant, les yeux grand ouverts et curieusement fixés sur les branches de l’arbre.

Le grand chef pleura. Puis, séchant ses larmes, il regarda dans la même direction que sa fille, vers le sommet du palmier. Là, à sa grande surprise, il découvrit que de fines branches étaient recouvertes de baies noires. Il ordonna qu’on cueille les fruits. De ces braies noires, les membres de la tribu firent une purée onctueuse. Cette purée était savoureuse et revigorante. Elle étancha la faim et la soif de tous. La tribu trouva d’autres palmiers, d’autres baies. La faim était enfin vaincue et la tribu sauvée. Plus aucun nouveau-né ne serait sacrifié.

En l’honneur de sa fille Iaca, Itaka nomma la baie acai. Itaka viva le reste de ses jours humblement, priant pour sa fille et sa petite-fille, dont les sacrifices sauvèrent la tribu.

Informations pratiques
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Pour aller plus loin
vendredi 13 décembre 2013,    Marion Augustin