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DERNIERS JOURS à Jacquemart-André de la surprenante exposition Désirs et volupté à l’époque victorienne


Le musée Jacquemart-André met à l’honneur, avec une certaine audace, la peinture de l’époque victorienne, au sens large (1860-1914). Avec son côté un peu kitsch, suranné, terriblement péplum, et que s’arrachent aujourd’hui puissants des émirats, derniers nababs d’Hollywood, vrais collectionneurs et fous d’esthétique. Tellement différent de tout. Un continent ! Ou une île...

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera

Durant le règne de Victoria (8 enfants peut-être, mais une femme amoureuse), on assiste en Angleterre au déploiement de différents mouvements artistiques, dont le néoclassicisme qui deviendra l’un des plus appréciés des riches amateurs de peinture.

Ce courant rassemble de grands peintres comme Sir Lawrence Alma-Tadema, d’origine hollandaise, que l’on surnommera "le maître du faux marbre", Sir Frederic Leighton, John Strudwick, John William Waterhouse ou Albert Moore, qui sont, pour la plus grande part, d’éminents membres de la prestigieuse Royal Academy. Cela facilitera, par la suite, notamment l’acceptation du nu par l’académie.

Le Royaume connaît alors un formidable essor économique, et il bénéficie pleinement d’une révolution industrielle qui le place au premier rang des puissances européennes. Simultanément, des découvertes archéologiques se succèdent (Égypte, Grèce, Italie et ailleurs), et génèrent dans les esprits un désir et des rêveries d’antique, et de nouvelles passions.

Durant cette même période, les artistes s’attachent consciencieusement à rompre avec la trivialité du quotidien et de la vie contemporaine pour mettre à l’honneur une sorte d’Âge d’Or, monde imaginaire et idéal puisant principalement son inspiration dans l’Antiquité gréco-romaine. Ainsi développent-ils une esthétique trempée de sensualité, bien loin du discours moralisant que l’on rattache habituellement à l’ère victorienne. Ils cherchent aussi bien entendu à plaire à ces nouveaux clients, que sont les riches hommes d’affaires des grandes villes industrielles ou portuaires, Birmingham, Manchester, Liverpool, et quelques fois de Londres.

Ces gens-là veulent, d’abord par des peintures de petits formats qui grandiront par la suite, décorer et embellir leurs demeures confortables. Ils recherchent du beau, du gracieux, de l’antique, du décoratif, et du coloré. Tout ce que ces peintres comprendront assez rapidement et traduiront dans leurs œuvres.

Lawrence Alma-Tadema (1836 – 1912) The Roses of Heliogabalus, 1888 Huile sur toile 132.7 x 214.4 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera

Pétris de littérature, ces artistes trouvent également dans l’univers médiéval, dans la légende arthurienne ou le théâtre de Shakespeare de généreuses sources d’inspiration et des décors propices à la représentation des passions amoureuses.

Des figures majeures de cette période, comme Millais, Strudwick ou Waterhouse, réinventent un univers bien particulier qui s’abreuve aux mirages, tourments et aux méandres de la séduction et de l’amour.

John William Waterhouse (1849–1917) A song of springtime, 1913 Huile sur toile 72x92cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera

D’autres grands peintres anglais tels Edward Burne-Jones, Edward John Poynter, et Dante Gabriel Rossetti donnent leur version personnelle de la femme rêvée, à la fois muse, déesse, nymphe ou héroïne. Langoureuse, voluptueuse, mélancolique et amoureuse, elle incarne une beauté sensuelle et sereine. Mais elle peut aussi quelquefois se faire femme fatale... ou froide. La femme est de toutes les manières le principal sujet de cette peinture, où le « culte de la beauté » s’exprime sans trop de retenue et dans toute son ampleur.

Il se trouve que la peinture victorienne n’est pas représentée dans les collections publiques françaises, et que c’est essentiellement dans les musées anglais que l’on peut admirer les œuvres de ses grands artistes. En revanche, quelques collectionneurs privés, à l’image du Mexicain Juan Antonio Pérez Simón, qui fit fortune dans les communications, ont développé un goût très sûr dans ce domaine.

Frederic Leighton (1830–1896) Greek girls picking up pebbles by the sea, 1871 Huile sur toile 84x129.5cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera

Le musée Jacquemart-André présente au public français pour la première fois depuis bien longtemps (1900) ces chefs-d’œuvre représentatifs d’un des courants artistiques majeurs de l’Angleterre du XIXe siècle, dans cette exposition dont Véronique Gérard-Powell est la pétillante et intarissable commissaire générale.

Notons au passage, ou rappelons, que l’Angleterre est vraiment une île, et que ces peintres ont su ne pas se laisser influencer le moins du monde par l’impressionnisme, qui parvenait alors à convaincre des publics français et américains initialement assez rétifs.

Après avoir été longtemps négligée, cette peinture, dont la fraicheur et la naïveté peuvent aujourd’hui nous surprendre, parvient aisément à nous séduire à nouveau. Elle glorifie la femme anglaise blonde (ou rousse) et longiligne, comme la rose trémière de nos climats tempérés, le calme et le confort des habitations cossues, la nudité et l’antiquité magnifiées, et un sens esthétique particulier, extrêmement décoratif et... qui a pour nous aujourd’hui quelque chose de finalement un peu exotique et tout à fait charmant.

À voir, bien sûr, en se défendant de tout a priori. D’aucuns diront pourtant que ce style aurait pu être l’une des sources d’inspiration de Pierre & Gilles...

Désirs et volupté à l’époque victorienne, du 13 septembre 2013 au 20 janvier 2014, musée Jacquemart-André, 158, boulevard Haussmann 75008 Paris, 01 45 62 11 59, ouvert 7j./7 de 10 à 18h. Nocturnes les lundi et samedi jusqu’à 20h30. 11 et 9,5€, entrée gratuite pour les enfants de moins de 7 ans, et le 2e enfant âgé de 7 à 17 ans (avec 2 adultes et 1 enfant payant).

Vous retrouverez dans 2013 à Paris : LES GRANDES EXPOSITIONS de A à Z celles des établissements et musées.

David méditant devant la tête de Goliath, d’Orazio Gentileschi, huile sur lapis-lazuli, exposition Artemisia

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Celui de cette exposition en fait partie.

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André Balbo

sources : Visite, musée Jacquemart-André, Juan Antonio Pérez Simón

Informations pratiques
Adresse, horaires, numéro de téléphone, liens...

01 45 62 11 59
lundi 6 mai 2019,    Expositions