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Intrigante exposition Bruce Nauman à la Fondation Cartier

Du 13 mars au 21 juin 2015 à la Fondation Cartier, première exposition majeure depuis plus de 15 ans à Paris de l’artiste américain Bruce Nauman.


Cette sélection d’installations multimédia, d’œuvres sonores et de sculptures rend compte de la nature protéiforme de la pratique artistique de l’Américain Bruce Nauman, un des artistes contemporains les plus influents de notre époque, qui représentait les États-Unis en 2009 lors de la Biennale de Venise.

En rupture avec les questionnements artistiques de sa génération, Bruce Nauman, qui est né en 1941 dans l’Indiana, s’interroge sur le corps humain et ses mouvements. Il réalise des performances filmées dans lesquelles il expose des gestes du quotidien. Mais il ne se limite pas à une seule technique et explore plusieurs moyens d’expressions (support), tels que la sculpture, la vidéo, la performance, l’holographie, le dessin, les néons ou encore les installations.

Proche de l’art minimal, de l’art conceptuel, et du funk art, Nauman déclare pratiquer un art qui agresse : « Je veux qu’il soit véhément et agressif, parce que cela oblige les gens à y prêter attention ».

Au rez-de-chaussée de la Fondation Cartier, l’artiste joue pour cette exposition avec la transparence et l’immatérialité du bâtiment. Vides en apparence, les espaces extérieurs et intérieurs contiennent trois de ses œuvres récentes particulièrement saisissantes.

Dans le jardin, la pièce sonore For Beginners (instructed piano) (2010) invite à découvrir un enregistrement de l’artiste et musicien Terry Allen jouant du piano, sa partition se composant d’une liste d’instructions de Bruce Nauman relatives au placement des mains du pianiste sur le clavier. Le soleil était présent le jour de l’inauguration, et j’en ai profité pour aller contempler un peu plus loin dans le jardin le moment des 6 ifs de Raymond Hains, que le Marquis de Bièvre, rédacteur de l’article Calembour dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert surexploita, et la fontaine en tronc marqué d’une main de Penone.

La grande salle d’exposition accueille Pencil Lift/Mr. Rogers, l’œuvre la plus récente de Bruce Nauman (2013). Diffusée sur un écran LED aux proportions spectaculaires, l’image semble flotter dans l’espace transparent du rez-de-chaussée. Avec ce travail, l’artiste poursuit l’exploration des actions physiques et de la gestuelle des mains en particulier, ici le plus souvent hors champs. De simples actions effectuées du bout des doigts avec des crayons dans son studio se transforment en signes ambivalents et en illusions d’optique, jouant sur des sensations de tension et d’équilibre.

Ce que je ne sais pas, c’est si Bruce Nauman retaille ses crayons quand ils tombent, ou s’il ne les sanctionne absolument pas. Option laxiste plus que suggérée par le passage extrêmement posé et conciliant de son chat à l’écran, M. Rodgers.

Au-delà de la réflexion de Pierre Bonnard (Ce qu’il y a de mieux dans les musées, ce sont les fenêtres), et sans émettre de jugement un tant soit peu désobligeant sur cette œuvre, je vous recommande vivement de regarder également au dos de ce vaste écran LED, où le système technologique se présente en une impressionnante collection d’Aliens.

Dans la salle adjacente, la voix de Bruce Nauman répète inlassablement "For Children" (« pour enfants »), ce qui, malgré l’apparente simplicité de tels moyens, confère à cette œuvre sonore (2009) une complexité insoupçonnée, à mesure qu’apparaissent et se mêlent des références aux notions de jeu, d’éducation et de dépassement des
barrières physiques et mentales. Adaptée pour l’exposition, la pièce sera présentée pour la première fois en anglais et en français. J’attends avec gourmandise que vous me communiquiez vos ressentis sur cette œuvre.

À l’étage inférieur, trois sculptures multimédia à la présence physique comme sonore percutante insufflent à l’exposition de nouvelles perspectives visuelles.

Avec l’installation vidéo Anthro/Socio (Rinde Facing Camera) (1991), la figure humaine apparaît pour la première fois dans le parcours de l’exposition. Répétée sur six moniteurs et trois écrans de projection, dans les deux sens, elle accueille frontalement le visiteur dans la première salle. Rinde Eckert, chanteur et artiste performer, répète haut et fort plusieurs séries de mots comme par exemple "Feed Me/Eat Me/Anthropology" (« nourris-moi/mange-moi/anthropologie »), "Help Me, Hurt Me, Sociology" (« Aide-moi, Blesse-moi, Sociologie, » et confronte les spectateurs au désir ontologique de l’Homme d’entrer en relation. L’œuvre peut ou veut évoquer les divers états de frustration ou d’anxiété liés à la condition humaine : incertitude morale, tension sexuelle, violence, dépendance...

Carousel (Stainless steel version), 1988. Acier inoxydable, aluminium moulé, mousse polyréthanne, moteur électrique. Hauteur 213,4cm ; diamètre 548,6cm. Courtesy Glenstone

Face au visage de Rinde Eckert, la sculpture Carousel (Stainless steel version) (1988) emporte dans sa ronde, démembrés et suspendus par le cou, des moulages
de tronçons d’animaux (daim, lynx et coyote). Certains d’entre eux raclent le sol, emplissant l’espace d’un son et d’une image immédiatement obsédants, auxquels, n’est-ce pas là le plus terrible, on s’habitue assez rapidement.

En guise de conclusion, la dernière salle de l’exposition accueille l’installation vidéo
Untitled (1970-2009), créée à l’origine pour la Biennale de Tokyo en 1970, puis revisitée pour la participation de Bruce Nauman à la Biennale de Venise en 2009.

Respectant les instructions données à l’avance par l’artiste, deux danseuses (afin que les gestes soient le plus précis possible) tournent au sol dans le sens des aiguilles d’une montre jusqu’à épuisement, leurs mains rejointes formant un axe bien imparfait à cette allégorie horlogère. Profonde méditation ou pesante métaphore sur l’écoulement du temps, l’œuvre rappelle par ailleurs les premiers travaux de l’artiste dans lesquelles il cartographiait son studio par les déplacements de son corps.

Cette exposition a été spécialement créée pour la Fondation Cartier. Elle offre une occasion unique de découvrir certaines des œuvres les plus marquantes de Bruce Nauman de ces deux dernières décennies. Elle révèle également le lien rarement exploré entre ses pièces les plus abstraites – vidéos et œuvres sonores centrées sur une exploration de la voix et du corps humains – et ses installations monumentales, chargées de références spirituelles et environnementales.

Bruce Nauman. Du 13 mars au 21 juin 2015, à la Fondation Cartier pour l’Art contemporain, 261, bld Raspail, 75014 Paris, 01 42 18 56 67, tous les jours sauf le lundi de 11 à 20h, mardi jusqu’à 22h. (Exceptionnellement, la Fondation sera fermée du 30 juin au 4 juillet, et du 25 au 29 août.) 10,50 ou 7€. Accès illimité aux Mémoires vives : 20€.

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Vous retrouverez dans l’article 2015 à Paris : LES GRANDES EXPOSITIONS de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans CALENDRIER 2015 des grandes expositions à Paris, ces mêmes expositions sont classées par dates.

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Comme les autres années (2014, 2013, 2012), nous établissons au fur et à mesure notre sélection dans l’article Paris 2015 : LES MEILLEURS CATALOGUES d’expositions de Paris.

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De même nous avons commencé :
Les Grandes Expositions 2016 à Paris de A à Z
Calendrier 2016 des grandes expositions à Paris
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Et juste quelques musées et expositions temporaires pour Amsterdam, Berlin, Bâle, Bruxelles, Genève, Londres, Madrid, Milan, et Venise.

André Balbo

sources : Visite, Fondation Cartier pour l’art contemporain, Wikipédia

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mercredi 15 juin 2016,    Expositions