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Exposition La Peinture américaine des années 1930, à l’Orangerie

Du 12 octobre 2016 au 30 janvier 2017, au musée de l’Orangerie : La Peinture américaine des années 1930 "The age of anxiety".


Avec l’effondrement de la bourse de New York et le krach bancaire du 29 octobre 1929 (Black Thursday), les États-Unis entraient dans une période de 10 années de chômage massif (dépassant en 1933 25% de la population active !), d’insécurité économique et de troubles sociaux que l’on appellera "La Grande Dépression".

Le monde agricole avait été en crise de surproduction dès 1919, n’ayant plus à produire dans le cadre de l’effort de guerre.

La même année, en 1929, était fondé à New York le MoMA. En 1931 serait créé le Whitney Museum of American Art consacré à l’art américain du XXe siècle.

Une génération d’Américains, et d’artistes bien sûr, très exposés, perdaient emplois, logements, épargnes, et... dignité. Et même toute foi dans le progrès américain et ce qui avait été ses promesses.

La peinture américaine des années 1930 allait rendre compte des questionnements d’alors, et de cette profonde déstabilisation.

Les artistes américains explorèrent ces temps difficiles, qui touchèrent avec la plus grande violence les mondes industriels, urbains et ruraux, le climat amplifiant d’ailleurs plusieurs années cette extrême précarité générale, questionnèrent, c’est fréquemment le cas en période de crise, l’identité américaine, tentant d’exprimer et de définir l’art de cette nation encore assez jeune.

Cow’s Skull with Calico Roses, Crâne de vache avec roses, 1931, Georgia O’Keeffe (1887-1986), huile sur toile, Chicago, The Art Institute of Chicago, Alfred Stieglitz Collection, don de Georgia O’Keeffe

La peinture d’alors, si elle révèle une sensibilité réaliste dominante qui s’attache notamment aux singularités des mondes contemporains urbains et ruraux, s’intéresse tout particulièrement aux problèmes sociaux et au sort des plus démunis, fait montre d’une grande diversité d’expressions.

American Gothic, 1930, Grant Wood, huile sur isorel mou, 78 x 65,3 cm, Institut d’art de Chicago

Aux côtés de figures aussi fortes qu’Edward Hopper (1882-1967) qui peignit la grande solitude dans les paysages urbains, Georgia O’Keeffe (1887-1986), la femme de Alfred Stieglitz, et Charles Sheeler (1883-1965), chacun présent dans l’exposition avec des chefs-d’œuvre tels que New York Movie, Skull et American Landscape, l’événement nous fait découvrir le Régionalisme du Midwest.

Ce mouvement figuratif américain se forma en réaction contre l’internationalisme de l’art abstrait. Grant Wood (1891-1942) en fut une figure dominante. On notera dans ses œuvres l’influence des primitifs flamands, chez celui qui fut un temps appelé "la version américaine d’Henri Rousseau". Son iconique American Gothic, qui est certainement son tableau le plus célèbre, est montré pour la première fois en Europe dans l’exposition.

American Justice (Justice américaine), Joe Jones (1909-1963), huile sur toile, Columbus Museum of Art, Ohio, achat du musée. Le titre ironique renvoie aux crimes du Ku Klux Klan dont des membres cagoués viennent de violenter et lyncher la jeune femme au premier plan. Rappel des crucifixions des maîtres anciens ?

Les œuvres exposées saisissent la part la plus politique et contestatrice de la peinture américaine de cette période, tenant notamment à la place occupée par la communauté afro-américaine dans la société d’alors avec des œuvres de Joe Jones (American Justice) et de Aaron Douglas (Aspiration), peintre majeur du mouvement Harlem Renaissance.

Twenty Cent Movie, 1936 (Film à 20 cents, Reginald Marsh (1888-1954), crayon carbone, encre et huile sur panneau de particules, New York, Whitney Museum of American Art, achat.

Le profond besoin d’évasion que suscitent ces difficultés économiques poussent paradoxalement les Américains vers les spectacles qu’offre la ville, et les célébrités présentées comme des distractions : cinémas, salles de concert et music-halls mêlent alors un peu plus classes sociales et différentes couleurs de peaux. Les artistes en rendent compte dans leurs œuvres.

La scène artistique américaine, toujours ouverte aux influences européennes, intègre aussi une inflexion surréaliste, évidente chez Oswaldo Louis Gugliemi (Phoenix) ou Peter Blume (The Eternal City), qui permit de mêler à la représentation de la réalité américaine un appel à l’imagination et à l’inconscient particulièrement libérateur compte tenu d’un contexte économique aussi éprouvant.

Enfin l’exploration de l’abstraction comme nouveau langage universel trouve à la fin de la décennie un des premiers accomplissements proprement américains avec les premiers chefs-d’œuvre de Jackson Pollock (1912-1956).

Dans une contextualisation qui s’illustre d’images d’actualités filmées, les sections thématiques de l’exposition évoquent le monde industriel et urbain, le retour à la terre, le rapport à l’histoire et au divertissement.

À plus d’un titre les années 1930 furent décisives dans l’affirmation d’une scène artistique moderne aux États-Unis. L’exposition rassemble une cinquantaine de toiles prêtées par les collections publiques américaines les plus prestigieuses : l’Art Institute of Chicago, le Whitney Museum, et le MoMA.

Gas (Station-service), 1940, Edward Hopper (1882-1967), huile sur toile, NY, The MoMA, Mrs. Simon Guggenheim Fund, 1943

L’exposition se conclut par deux toiles d’Edward Hopper (Gas, 1940) et de Jackson Pollock (Untitled, 1938), peintes à la fin de la décennie de la Dépression. Elles annoncent les deux pôles de la peinture américaine de l’après-guerre : celle de Hopper est ancrée dans le réalisme (dans lequel s’engouffreront les artistes du Pop-Art), celle de Pollock dans l’abstraction (pierre angulaire de l’expressionnisme abstrait qui venait)...

Cette exposition est organisée par l’Art Institute of Chicago, en collaboration avec les musées d’Orsay et de l’Orangerie, et la Royal Academy of Arts de Londres.

Commissariat de Judith A. Barter (Art Institute of Chicago), et de Laurence des Cars (directrice du musée de l’Orangerie).

La Peinture américaine des années 1930 "The age of anxiety", du 12 octobre 2016 au 30 janvier 2017, au musée de l’Orangerie, Jardin des Tuileries, place de la Concorde. 01 44 77 80 07, 01 44 50 43 00. Ouvert de 9 à 18h. Dernier accès à 17h15. Fermé le mardi. 9 ou 6,50€. Gratuit le 1er dimanche du mois. Gratuit aux moins de 26 ans.

Voir aussi The Color Line. Les artistes africains-américains et la ségrégation, du 4 octobre 2016 au 15 janvier 2017, au musée du Quai Branly


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Vous retrouvez comme chaque année dans LES GRANDES EXPOSITIONS 2016 à Paris de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans CALENDRIER 2016 des grandes expositions à Paris ces mêmes expositions sont classées par dates.

Nouvellement en ligne :
Le CALENDRIER 2017 des grandes expositions à Paris
PARIS 2017. LES GRANDES EXPOSITIONS de A à Z

Dans la série Toutes les expositions 2016 dans les plus grands musées de Paris... lire également :
Au musée du Louvre, au Centre Pompidou, au Grand Palais, au musée d’Orsay, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, au Jeu de Paume, au Palais de Tokyo, à la Bibliothèque nationale de France, au musée du Quai Branly, au musée des Arts décoratifs, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain.

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Le catalogue de cette exposition fait partie de notre sélection 2016 de catalogues d’expositions de Paris.

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Nous vous proposons aussi une sélection de musées et d’expositions dans les villes françaises suivantes, que nous nous efforçons de tenir assez régulièrement à jour :
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Et juste des musées et expositions temporaires pour quelques villes étrangères : Amsterdam, Berlin, Bâle, Bruxelles, Genève, Londres, Madrid, Milan, et Venise.

André Balbo

sources : musée de l’Orangerie

Informations pratiques
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lundi 20 mars 2017,    Expositions