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Bilan de l’exposition Tatoueurs et tatoués, au Quai Branly

Cette exposition a attiré 702 138 visiteurs, soit une moyenne de 1 531 visiteurs par jour venus explorer l’univers du tatouage à travers 300 œuvres historiques et contemporaines provenant du monde entier.

Du 6 mai au 18 octobre 2015, le traditionnel comme le renouveau international du tatouage s’exposaient au musée du Quai Branly. L’événement le plus important jamais présenté en France sur cette pratique.


Souvenez-vous des galériens, des prostituées, et des infâmes marquages faits à cette pauvre Milady dans les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas.

En Occident, marquer la peau, écrire sur le corps, eut longtemps pour principale fonction de signaler aux autres le criminel dont il fallait s’écarter, la faute indélébile commise et qu’il faudra payer à jamais, un équivalent des clochettes des lépreux.

Le christianisme plaça le tatouage (et a fortiori le tatoué) hors-la-loi. Cette pratique, qui remonte pourtant à la nuit des temps, est interdite dans le Lévitique comme dans le Nouveau Testament, et devient officiellement réprimable en 787 par le second Concile de Nicée.

Jusqu’au début du XXe siècle, de Turquie jusqu’en Syrie, les femmes arméniennes soumises à la prostitution étaient tatouées par les souteneurs qui cherchaient ainsi à prévenir toute évasion.

Les nazis employèrent aussi ce principe de marquage.

A contrario, dans les sociétés dites « primitives », dans le langage du Quai Branly, des mondes orientaux, africains et océaniens, le tatouage revêtait le plus généralement un rôle social, religieux, mystique voire chamanique, parfois accompagné de scarifications. Des messages étaient ainsi transmis. La séduction et l’appel sexuel étaient parfois de la partie.

Pendant la guerre d’Algérie, une femme berbère © Marc Garanger

Le tatouage accompagnait même souvent l’individu jeune dans les rites de passage imposés qui devaient finalement l’inclure comme membre à part entière dans la communauté.

Durant la première moitié du XXe siècle, le tatouage quasi clandestin évoluait au sein de cercles plus ou moins marginaux (marins, maçons, routards, repris de justice), et servait de clin d’œil discret... de signe de reconnaissance, jusqu’à ce que les médias le surexposent. Ce peut même être une forme "occidentalisée" de scarification signalant le passage de l’individu à l’état de jeune adulte, et la première vraie liberté qu’il prend vis-à-vis de sa famille, un signe d’indépendance.

Aujourd’hui, la publicité ou la mode s’emparent de ses codes, et les différences qui existaient pour des raisons géographiques et culturelles auraient tendance à s’estomper.

Apo Whang Od, dernière femme à tatouer selon la tradition Kalinga aux Philippines.

Dans les sociétés traditionnelles, le tatouage perd son exclusivité rituelle, et dans nos sociétés urbaines son caractère marginal s’est beaucoup effacé. Le tatouage y devient d’un côté un ornement corporel finalement assez répandu et tendant à se banaliser, et de l’autre, exceptionnel de complexité et d’esthétisme, le signe indépassable de l’appartenance à une élite, tribut payé à la peopolisation forte de nos sociétés.

Les universitaires étudient la popularisation de cette pratique en milieu urbain, qui établit le corps à la fois comme un lieu intime ultime, mais aussi le possible panneau d’affichage justement d’une affirmation de soi.

Cette exposition tente d’apporter tous les éclairages sur le tatouage : tradition, quotidien, art...

Devant la menace de la plus grande banalisation du tatouage, le réseau mondial se tisse et échange...

L’exposition Tatoueurs, Tatoués aborde de très nombreux aspects de la question. Elle révèle que des morceaux de peaux tatouées faisaient l’objet de collection et s’achetaient clandestinement au XIXe et même au début du XXe siècle. Des spécimens du musée de l’Homme sont exposés.

Que les roulottes des tatoueurs étaient souvent autour des grands chapiteaux de cirques ambulants. Que les artistes et monstres circassiens, cracheurs et avaleurs de sabre, ajoutaient fréquemment le tatouage à leur aspect souvent déjà pas mal spectaculaire. Quelques extraits de films vous en convaincront.

Une fresque accumule les repères de cette histoire finalement universelle, du 1er tatouage infamant mentionné dans le Nihon Shoki (Japon, vers 400), à Marco Polo (1254-1324) remarquant des peintures faites à l’aiguille sur le corps représentant lions, dragons, oiseaux et beaucoup d’autres images, faites de telle manière "que jamais elles ne s’en vont".

Malle de tatoueur itinérant. États-Unis. XXe siècle. Cuir, pigments. Collection Schiffmacher, Amsterdam Tatoo Museum.

La famille copte d’Égypte Razouk, installée depuis de nombreuses générations à Jérusalem, et spécialisée dans le tatouage des pèlerins chrétiens. Et mille choses encore.

En plus des aspects historiques richement illustrés, l’exposition part à la découverte pays par pays, pour les principaux (Japon, Océanie, Indonésie, Thaïlande, Mexique, et bien d’autres) avec des exemples fabuleux de belles tailles. Par exemple, l’ensemble des tribus amérindiennes utilisaient ces techniques, des Inuits aux Cree.

Mais l’intérêt de l’exposition réside aussi en ce qu’elle prend en compte le fait que aujourd’hui en France, 20% des 25-34 ans seraient tatoués, et près d’un quart aux États-Unis.

Que le public voudra aussi entendre et voir des réponses à des questions actuelles, pratiques, et esthétiques : coûts, risques, douleurs, profondeur de la piqûre, comment et quand effacer le dessin, sur quelles parties du corps le mettre, lesquelles exclure, les plus jolies couleurs, les meilleurs outils, les meilleurs tatoueurs, les JO du tatouage...

Ainsi Anne et Julien, les Commissaires de l’exposition, galeristes, journalistes, activistes et... tatoués, ont-ils retenu, avec l’expert Tin-tin, président du Syndicat national des artistes tatoueurs, deux types d’œuvres spécialement produites pour l’exposition. 13 empreintes moulées sur modèles vivants, mises au point, testées, et validées, à la machine ou avec les outils traditionnels. De plus, une série inédite de photographie présente les 2 courants les plus récents du tatouage moderne, véritable vestiaire d’esthétique graphique.

Une exposition surprenante, variée, et d’une grande richesse, et qui devrait connaître un très grand succès auprès du public.

Tatoueurs, Tatoués, du 6 mai au 18 octobre 2015, au musée du Quai Branly 75007 Paris. 01 56 61 70 00, et www.quaibranly.fr. Ouvert les mardi, mercredi et dimanche de 11 à 19h, les jeudi, vendredi et samedi de 11 à 21h. Fermé le lundi. Métro Alma-Marceau, Iéna, École militaire.

Lire aussi l’article Guide du tatouage : les meilleurs tatoueurs de Paris

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Vous retrouverez dans l’article Les Grandes Expositions 2015 à Paris de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans Calendrier 2015 des grandes expositions à Paris, ces mêmes expositions sont classées par dates.

Nous nous efforçons de tenir ces articles à jour, et nous vous remercions des suggestions, précisions, ajouts et corrections que vous pourriez apporter à ces programmes.

Nous vous indiquons chaque semaine les nouveautés, les expositions qui fermeront bientôt leurs portes, et... nos préférences dans : LA SEMAINE des expositions et musées : que faire à Paris du....

Enfin, contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer.

Comme les autres années (2014, 2013, 2012), nous établissons au fur et à mesure notre sélection dans l’article Paris 2015 : LES MEILLEURS CATALOGUES d’expositions de Paris.

Celui de cette exposition a fait partie de la sélection 2014.

Nous vous proposons aussi une sélection d’expositions et de festivals dans les villes françaises suivantes :
Angoulême - Arles - Avignon - Bordeaux - Dijon - Grenoble - Ile-de-France - Lens - Lille - Lyon - Marseille - Metz - Montpellier - Nantes - Nice - Ornans - Rennes - Rodez - Rouen, Le Havre - Saint-Étienne - Strasbourg - Toulouse - Tours

De même nous avons commencé :
Les Grandes Expositions 2016 à Paris de A à Z
Calendrier 2016 des grandes expositions à Paris
peuvent déjà être consultés sur Évous.fr... et complétés, si vous disposez de plus d’informations que nous !

Et juste quelques musées et expositions pour Bruxelles, Genève, Bâle, Amsterdam, Londres, Madrid, Milan, et Venise.

André Balbo

sources : Visite, Quai Branly, Wikipédia

Informations pratiques
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lundi 6 mai 2019,    Expositions