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DERNIERS JOURS. Le vitrail contemporain, à la Cité de l’architecture, avec Chagall, Soulages, Benzaken...

Du 20 mai au 21 septembre 2015, de 1945 à aujourd’hui le vitrail contemporain avec ses plus grands représentants.


C’était l’histoire d’un art monumental qui se serait endormi sur sa gloire passée, et qui, à la fin du XIXe siècle, à bout de force et de créativité, sclérosé, ne parvenait plus qu’à répliquer encore et encore des saint Pierre et saint Paul en veux-tu en voilà. Sur cette assertion, l’histoire tranchera. L’université peut parfois chercher imprudemment la polémique.

En fait, le renouveau surgit des influences complémentaires et contrastées d’un événement, la Seconde Guerre mondiale, avec son cortège de destructions qui ne faisaient pas dans le détail et ne respectaient pas plus les lieux cultuels, et d’un religieux qui asséna la fameuse phrase "Il vaut mieux faire appel à un génie sans la foi qu’à un croyant sans génie". Et toc !

Le père Couturier devant les plans de l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce (détail), 1946, Robert Doisneau / Rapho

Ce bon père, Marie-Alain Couturier (1897-1954), allait jouer un rôle essentiel dans la régénération voire la renaissance du vitrail. Dominicain, peintre, formé à la technique du vitrail dans les ateliers Hébert-Stevens et Bony, il rencontra pendant la guerre Fernand Léger, Marc Chagall et Jean Bazaine aux États-Unis, et revint convaincu, pour redonner force à cet art comme plus largement à l’art sacré, qu’il était primordial de faire appel aux grands artistes (rejoignant en cela le haut clergé des grandes époques).

L’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce, du plateau d’Assy (Haute -Savoie), construite de 1937 à 1946 par l’architecte Maurice Novarina, fut un manifeste de cette modernité, réunissant dans leurs interventions des artistes majeurs de la seconde moitié du XXe siècle, dont Léger, Lurçat, Chagall, Bazaine, Matisse, Braque, et Rouault, à qui il est adressé sa première commande de vitraux.

Rappelons ici pour l’anecdote que le père du peintre était maître verrier, que Georges lui-même avait été 5 ans pâte-verrier, et qu’il lui suffisait en première étape préparatoire d’un vitrail de fournir un tableau, comme ce fut le cas pour Sainte Véronique.

À l’église Saint-Michel des Bréseux (Doubs), petite église rurale et modeste du XVIIIe siècle, le peintre Manessier signe en 1948 la première création (voir illustration plus bas) de vitraux non figuratifs posés dans un édifice historique...

Ce qui ne fut pas accepté le plus tranquillement du monde ni par le clergé ni par les croyants.

Cette exposition, illustrée de 130 œuvres et documents graphiques, issues souvent des collections privées de cette génération d’artistes (ou publiques, dont plus particulièrement à celle du Centre national des arts plastiques), explore et fait découvrir ceux à qui incomba la lourde responsabilité de remplacer les dégâts causés sur nos grands vitraux durant la Seconde Guerre mondiale.

Ainsi durent-ils à la fois répondre aux commandes publiques et privées pour en créer de nouveaux, mais aussi participer à la modernisation de cet art produit et fruit indubitablement d’un travail d’équipe.

Il s’agit d’une trentaine d’artistes de tout premier plan, dont Alberola, Belzère, Benzaken, Buraglio, Castro, Chagall, Collin-Thiebault, Kim En Joong, Ettl, Garouste, Guérin, Manessier, Matisse, Morris, Nemours, Rabinowitch, Raysse, Raynaud, Rouan, Rouault, Soulages, Viallat, Zembok, ont été réunis pour l’événement, ainsi que des œuvres de peintres verriers créateurs tels Fleury, Mauret, Rousvoal.

44 édifices différents sont représentés.

Bien évidemment, les cathédrales sont majoritaires, dont celles de Metz (Chagall, Bissière et Villon), de Reims (Chagall), de Tours (Collin-Thiébaut), de Nevers (Alberola, Rouan, Honegger, Ubac, Viallat), mais aussi des églises telles que Villenauxe-la-Grande dans laquelle l’artiste britannique Tremlett est intervenu en 2005, Varennes-Jarcy (Benzaken) ou encore l’extraordinaire abbatiale de Conques (Soulages).

Église Saint-Sulpice de Varennes-Jarcy (Essonne), vitraux de C. Benzaken / Ateliers Duchemin, 2001 (détail) © Harry Bréja

Plus de 50 vitraux sont placés à la hauteur des yeux des visiteurs, panneaux d’essai, d’exposition, ou répliques authentifiées par leurs créateurs, offrent une exceptionnelle vision rapprochée de cet art monumental, notamment pour observer en détail les échantillons de verre retenus par Pierre Soulages pour l’abbatiale de Conques, où il décida enfant de devenir peintre, et le verre thermoformé en vague d’ondes de Robert Morris pour l’église de Maguelone...

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7 sections de l’exposition respectent l’ordre chronologique.

- L’ouverture de l’Église à la modernité, quand, dans l’Après-guerre, des commandes sont faites à des artistes non chrétiens, comme pour l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce (1937-1946), en Haute-Savoie, et la pose des premiers vitraux non figuratifs dans celle de Brésieux, dans le Doubs.

- Les nouveaux programmes (1950-1965), quand l’Église lance reconstruction et construction de plus de 2 000 lieux de culte, dont certaines se révèlent être des créations exceptionnelles (Le Corbusier à Ronchamp, Matisse à la chapelle de Vence). Une modernité artistique se diffuse dans le vitrail, et de nouvelles techniques apparaissent, comme celle de la dalle de verre.

- Metz, cathédrale pionnière. Première commande de vitraux d’avant-garde pour un monument historique (Villon (1957), Bissière et Chagall (1964), puis d’autres suivront (Vieira da Silva, 1963, et Sima, 1967).

Maria Elena Vieira da Silva, Atelier Simon Marq, Composition, 1963.

- Les 1052 m2 de vitraux à Nevers. Le plus grand chantier de vitraux d’Europe, pour le remplacement de ceux de la cathédrale soufflés par les bombardements. Confié initialement à 5 artistes majeurs (Ubac, Alberola, Viallat, Rouan et Honegger).

- Éclectisme contemporain. Le langage esthétique du vitrail, renouvelé, est traduit par les peintres verriers qui mettent leur savoir-faire à la disposition des artistes (vitraux "blancs" translucides de Soulages et de l’atelier toulousain Fleury pour Conques, ou, par exemples, les vitraux monochromes d’aurélie Nemours et des ateliers Duchemin). Carole Benzaken et Stéphane Belzère avec Duchemin, Gérard Garouste et l’atelier Parot, Ettl et l’atelier Thomas, choisissent de s’exprimer en s’inspirant de la nature et de la figure humaine.

- Nos 10 dernières années. Un focus sur la création des vitraux de la cathédrale de Tours et de celle de Lyon en cours de pose, dont des répliques ont été réalisées spécialement pour l’exposition.

- Oser le vitrail en dehors des lieux de culte. Dans la salle de projection, l’emploi de
vitraux à des fins civiles, d’un immeuble à loyer modéré à un parking municipal (Troyes) à un gymnase (Paris XVe).

L’exposition présente aussi des films documentaires sur la fabrication du verre, sur celle des vitraux, et sur quelques grands ateliers ou réalisations spectaculaires.

Une borne multimédia devrait permettre d’interroger la présence de vitraux contemporains dans les édifices remarquables de France et les principales créations contemporaines dans les pays limitrophes.

Ce renouveau et cette modernité surgissant dans le vitrail rencontrèrent évidemment au fil des expressions quelques réticences. Certaines se levèrent d’autres persistent encore aujourd’hui. Le vitrail se doit peut-être de rester simple pour que chacun, à ses ombres comme à ses lumières, s’y sente bien. Le vitrail n’est bien sûr jamais indépendant de l’édifice qui l’abritera.

L’artiste se doit de prendre en compte des contraintes éminemment sensitives : dans un lieu cultuel, dans un code de couleur, dans un passé esthétique, et dans la traversée des vitres que la lumière fera de toutes façons, aux différentes heures...

Chagall, Soulages, Benzaken... le vitrail contemporain, du 20 mai au 21 septembre 2015, à la Cité de l’architecture et du patrimoine, 1 place du Trocadéro, 75016 Paris. Ouvert tous les jours sauf le mardi de 11 à 19h, et le jeudi jusqu’à 21h. 5 ou 3€.

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Vous retrouverez dans l’article Les Grandes Expositions 2015 à Paris de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans Calendrier 2015 des grandes expositions à Paris, ces mêmes expositions sont classées par dates.

Nous nous efforçons de tenir ces articles à jour, et nous vous remercions des suggestions, précisions, ajouts et corrections que vous pourriez apporter à ces programmes.

Nous vous indiquons chaque semaine les nouveautés, les expositions qui fermeront bientôt leurs portes, et... nos préférences dans : LA SEMAINE des expositions et musées : que faire à Paris du....

Enfin, contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer.

Comme les autres années (2014, 2013, 2012), nous établissons au fur et à mesure notre sélection dans l’article Paris 2015 : LES MEILLEURS CATALOGUES d’expositions de Paris.

Nous vous proposons aussi une sélection d’expositions et de festivals dans les villes françaises suivantes :
Angoulême - Arles - Avignon - Bordeaux - Dijon - Grenoble - Ile-de-France - Lens - Lille - Lyon - Marseille - Metz - Montpellier - Nantes - Nice - Ornans - Rennes - Rodez - Rouen, Le Havre - Saint-Étienne - Strasbourg - Toulouse - Tours

De même nous avons commencé :
Les Grandes Expositions 2016 à Paris de A à Z
Calendrier 2016 des grandes expositions à Paris
peuvent déjà être consultés sur Évous.fr... et complétés, si vous disposez de plus d’informations que nous !

Et juste quelques musées et expositions pour Bruxelles, Genève, Bâle, Amsterdam, Londres, Madrid, Milan, et Venise.

André Balbo

sources : Visite, Cité de l’architecture et du patrimoine

Informations pratiques
Adresse, horaires, numéro de téléphone, liens...

mercredi 15 juin 2016,    Expositions