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DERNIERS JOURS de Danser sa vie, au Centre Pompidou


La danse a largement inspiré peintres, sculpteurs, cinéastes et vidéastes.

Le corps est au cœur même de leurs créations : magnifié, embelli, dans son environnement, incarnation des souffles de vie et lieu des mouvements. Et plus spécialement peut-être encore, le corps de la femme. C’est l’ambition de cette exposition que de mettre ces liens étroits en évidence, ce va-et-vient permanent, cette fusion des arts, qui vient interroger la magie de la vie, et les mystères du mouvement.

Son titre vient d’une phrase d’Isadora Duncan : « Dès le début je n’ai fait que danser ma vie  ». Que nous reste-t-il d’elle au-delà des récits de ses contemporains ? Quelques secondes d’un unique film, une danse dans un jardin, son sourire radieux, et des essais d’Antoine Bourdelle (1909).

Degas ou Forain fréquentèrent le foyer de l’Opéra, aimantés par les danseuses, grâce, élégance, formes de pureté et de bonheur. Matisse travailla le motif, et signa une célèbre Danse, farandole de corps légers ou endiablés, véritable guirlande joyeuse. Derain fit une danse bacchique. Rodin capta ces 8 figurines exposées, de 30cm en mouvement, fuyant le classique, mais transporté d’enthousiasme par Loïe Fuller et Isadora.

Et puis il y eut la grande fusion des arts, la révolution, le bouleversement des sens qu’opérèrent en France et bien plus largement les ballets russes de Diaghilev, et du danseur-chorégraphe Nijinski. L’animalité et la puissance de son ballet l’Après-midi d’un faune, de Debussy, éclatent dans la retranscription faite en 2009 à l’Opéra de Paris.

Léon Bakst, Max Ernst, Jean Cocteau, Georges Braque participèrent au brasier, comme bien sûr Picasso, qui épousa en premières noces une danseuse russe de ces ballets. Satie, Parade, les décors, les costumes, l’éternel choc des modernes et des anciens…

Formidable exposition du Centre Pompidou qui suit à la trace la danse et le cortège des arts qui l’accompagnent de 1900 à aujourd’hui, ceux qui firent briller l’étincelle de la modernité et nourrirent l’art moderne et contemporain. Projet extraordinairement ambitieux, et complète réussite pour les débuts du XXe siècle, là où l’histoire de l’art a déjà beaucoup apporté.

Partie aussi passionnante sur Rudolf von Laban (1879-1958), son école de danse utopiste et naturelle, comme sur Mary Wigman, ses danses de possession, ses chorégraphies et l’expressionnisme. Et sur l’étreinte du nazisme sur certains de ces grands artistes…

Nombre de plasticiens sont aussi convoqués, comme Sonia Delaunay et son Bal Bullier, les Danseuses aux bougies, d’Emile Nolde, ou même celles photographiées nues par Muybridge, et encore l’atelier de Brancusi, animé par la danseuse Lizica Codreanu.

Forte présence aussi des mécanistes et des futuristes. L’ambiance sonique de cette exposition instille l’imminence d’événements. Attentif, vous resterez en hyper vigilance.

Et puis il y a le choc merveilleux, l’incandescence Jan Fabre de « Quando l’uomo principale è una donna », cette danse créée pour et avec Lisbeth Gruwez, dont les images laissent sans voix, fragilisent un peu et éparpillent, par la violence de leur pureté, les suites de l’exposition.

Un vaste choix de peintures, de sculptures, d’installations, d’œuvres audiovisuelles et de pièces chorégraphiques, témoigne de leurs échanges incessants, d’un dialogue souvent fusionnel.

Belle proximité du film de Jan Fabre avec les performances d’Yves Klein, et Anthropométrie de l’époque bleue (1960). Pollock et sa danse du dripping, et bien sûr des acrobates, et de Picasso, et de Matisse.

La partie plus moderne accorde leurs places aux rencontres de Merce Cunningham avec le vidéaste Nam June Pak et le peintre Robert Rauschenberg. Superbe tableau Express, (1963) venu tout exprès de Madrid.

Observez bien autour de vous l’élégance des démarches des visiteurs : beaucoup de danseurs.

Une exposition réellement superbe et d’une rare densité foisonnante sur un sujet bien trop rarement abordé. Merci.

Une petite remarque pour finir. L’absence des expressions de la rue dans cette tentative d’enquête sur la vie de la danse et ses grandes rencontres, jusqu’à aujourd’hui. Peut-être une suite...

Danser sa vie, Art et danse de 1900 à aujourd’hui, jusqu’au 2 avril. Catalogue 34,90€.

Vous retrouverez dans l’article « 2012 à Paris : les grandes expositions de A à Z » les différentes expositions 2012 déjà annoncées par leurs établissements et musées, et dans l’article « Calendrier 2012 des grandes expositions à Paris », ces mêmes expositions classées par dates.

David méditant devant la tête de Goliath, d’Orazio Gentileschi, huile sur lapis-lazuli, exposition Artemisia

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André Balbo

sources : Centre Pompidou, Les Échos, visite

Informations pratiques
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mardi 25 janvier 2022,    Expositions