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Hokusai

Du 1er octobre 2014 au 20 novembre, et du 1er décembre 2014 au 18 janvier 2015, s’est tenue une monographie exceptionnelle et inédite de l’œuvre d’Hokusai, artiste japonais dont le nom est certainement le plus connu au monde.

La raison de l’interruption de l’exposition se justifiait par le remplacement de certaines des œuvres par souci de conservation.

Dans ce vaste lieu unique qu’est le Grand Palais... une multitude de petites œuvres immenses à regarder avec minutie.


Présentation de l’artiste

Voir Présentations d’Artistes de A à Z

Katsushika Hokusai (1760–1849) doit une grande part de son immense réputation mondiale à la série des Trente-six vues du Mont Fuji, et en particulier à la Grande Vague.

En France, ce furent les artistes et les écrivains qui les premiers jouèrent un rôle déterminant dans la redécouverte de l’art d’Hokusai à la fin du XIXe siècle, de Félix Bracquemond à Émile Gallé, en passant par Edmond de Goncourt, et cela alors qu’il était encore relativement peu considéré au Japon.

Leur intérêt marqué contribua fortement à la diffusion du japonisme en Europe, de nombreux artistes puisant allégrement des motifs dans les 15 volumes d’Hokusai Manga, ainsi qu’en témoignent tant de peintures, dessins, estampes et objets d’art.

Des thèmes, abondamment traités par Hokusai furent très porteurs pour de nombreux artistes européens, dont les impressionnistes et van Gogh, comme les effets de transparences des fluides, les variations climatiques sur nos perceptions d’un même environnement, l’attention à la société telle qu’elle est et nous entoure, tous les plaisirs de la vie, et la communion avec la nature, les oiseaux, les poissons et les fleurs.

Katsushika Hokusai (1760 -1849). Hokusai Manga. Carnet de croquis divers de Hokusai. Hokusai manga. Ère Bunka, an XI (janvier 1814) Livre edehon, format hanshibon Signature : Katsushika Hokusai hitsu Sceau : Raishin Éditeur : Eiraku-ya Tōshirō. Japon, collection particulière

Hokusai Manga, l’œuvre-phare d’Hokusai, est une anthologie de croquis en 15 volumes conçus comme autant de manuels à l’usage des jeunes artistes. Ces mangas constituent une forme d’encyclopédie du vivant et de la vie quotidienne du Japon sous l’époque Edo (du nom de l’ancienne capitale).

Katsushika Hokusai (1760 -1849), Choshi dans la province de Chiba (détail), Série des Mille images de la mer, estampe, 18,2 x 19 cm, Paris, Musée national des arts asiatiques - musée Guimet © Rmn-Grand Palais (musée Guimet, Paris) / Thierry Olivier

Peintre, dessinateur, graveur, Hokusai changea plusieurs fois d’identité artistique au cours de sa longue carrière. Né sous le nom de Tokitarō, il entra en 1778 dans l’atelier de Katsukawa Shunshō, spécialisé dans les portraits de comédiens. Il y réalisa ses premières estampes en couleurs sous le nom de Katsukawa Shunrō, des estampes commerciales à bon marché, des portraits d’acteurs, de jolies femmes, de guerriers célèbres, illustrant par ailleurs divers types de livres imprimés.

En 1794, le nom Sōri fut créé. Il était lié à son rapprochement de l’École Rinpa. Son style change de façon radical. Son activité se concentre alors autour des egoyomi, calendriers illustrés, et des surimono, gravures en une seule feuille destinées à un usage privé. Hokusai bâtit sa réputation sur ces œuvres luxueuses et raffinées, sur son habileté à traiter une grande variété de sujets, mais également sur sa capacité à illustrer le genre à la mode des kyōka ou poèmes-bouffe, traduction picturale de joutes poétiques sous forme d’estampes d’abord, de livres illustrés ensuite. Maniant le pinceau avec une assurance nouvelle, l’artiste produit par ailleurs un nombre de peintures nettement plus important.

En 1798, ce nom Sōri est transmis à l’un de ses élèves, le nom Hokusai (le fou de peinture) est créé, et il s’installe en artiste indépendant.

Devenant Katsushika Hokusai (1805-1810), l’artiste apporte une contribution majeure aux livres de lecture (yomihon). Ces fictions longues aux intrigues épiques et fantastiques, alors très populaires à Edo, constituent un défi pour les dessinateurs, contraints de faire montre de vastes connaissances et d’une forte capacité d’invention, n’utilisant que l’encre de Chine noire et les nuances de gris qu’elle autorise.

Dans ces livres, l’influence de la peinture chinoise est visible sur sa manière. La beauté gracieuse de la période Sōri a laissé place à une plus grande sensualité. Moins nombreuses, très diverses, ses estampes témoignent alors d’esprit et d’humour.

Katsushika Hokusai (1760 -1849). Album de peintures. Nikuhitsujō. Vers l’ère Bunka, an V ou VI (vers1808-1809) 1 volume, shihon Signature : Hokusai Sceaux : Kimōdasoku ou Tokimasa. Londres, Victoria and Albert Museum © Victoria and Albert Museum, Londres

À compter de 1810, Hokusai se consacre au genre des manuels de peinture (etehon). Il est suivi par un nombre croissant d’admirateurs, sollicité par de plus en plus de disciples. L’artiste conçoit des manuels qui font office de recueils de modèles pour les artisans, à l’usage des jeunes artistes.

Les Hokusai manga, qui doivent ce titre synonyme de « dessins variés » à l’artiste lui-même, sont publiés à partir de 1814. Véritable prouesse, ils rassemblent plus de 3 900 dessins d’une étonnante variété, allant de la description des mœurs urbaines à d’inattendues légendes ou encore au monde des religions.

Manuels d’apprentissage, recueils de modèles, les Manga deviennent également des objets de délectation. Maintenue à un rythme irrégulier pendant de longues années, la publication de l’ensemble s’achève en 1878, avec la parution posthume du Carnet 15.

En 1820 sera créé le nom Iitsu, période plus particulièrement consacrée aux nishiki-e (estampes en couleurs). Trente-six vues du Mont Fuji est réalisé en 1830-1834. En quelques années, Hokusai crée, sous ce nom, ses œuvres les plus célèbres, et il concentre son activité sur la conception de ces estampes du monde flottant (ukiyo-e) qui fascineront tant les Occidentaux.

Il se dégage des contraintes du genre, et c’est ce qui fait la modernité de ses grands ensembles comme les Trente-six vues du mont Fuji ou celle des Voyages au fil des cascades des différentes provinces. Contrairement aux usages, ses estampes de paysage ne s’appuient plus sur des sites clairement identifiables, illustrant davantage les métamorphoses du motif choisi. La période Iitsu se caractérise aussi par un regain d’activité dans le genre du surimono, ainsi que par l’originalité et la force de ses peintures. Maniant le pinceau et l’encre de Chine avec une grande subtilité, Hokusai s’impose également comme un peintre remarquable.

Il prend en 1834 le nom de Gakyō Rōjin Manji, (Manji, le Vieil Homme fou de peinture), réalisant de nombreuses peintures, publiant la première partie du livre illustré Cent vues du mont Fuji, conclusion au trait de toutes ses représentations de la célèbre montagne.

Dans la postface, il déclare vouloir vivre plus de 110 années afin de parvenir à son plein accomplissement artistique. Réaffirmée dans des ouvrages postérieurs, cela témoigne de sa totale implication dans son travail. Il s’éloigne progressivement du monde de l’estampe pour se consacrer plus largement à la peinture. Les images du monde flottant, illustrations des mœurs de son temps, disparaissent au profit d’autres thèmes (monde animal, végétal ou sujets religieux). À partir de 80 ans, Hokusai indiquera sur ses peintures en général la date précise à laquelle elle est réalisée. Il décède en 1849.

Katsushika Hokusai (1760-1849) « Longue vue » Série : Sept manies des jeunes femmes sans élégance, Fūryū nakute nanakuse Tōmegane. Ère Kyōwa (1801-1804) Estampe nishiki-e, format ōban 36,5 × 25,4 cm Signature : Kakō ga. Éditeur : Tsuta-ya Jūzaburō, collection particulière © Galerie Sebastian Izzard LLC

Ce sera vers 1856-1859 que Félix Bracquemond allait découvrir Hokusai Manga, marquant le début de la vogue du japonisme en France. Hokusai est alors dépeint en génie absolu par tous les critiques d’art français. Peintres et dessinateurs trouvent dans ses petits dessins saisissants de vie, comme dans les Trente-six vues, un vocabulaire nouveau à étudier, à copier, à transposer dans leurs propres réalisations.

L’œuvre de Hokusai se révèle d’une inépuisable richesse, au gré de ses fréquents changements d’identité et de style. L’exposition donne à voir le très large éventail de l’œuvre d’un artiste protéiforme, qui produisait des œuvres par milliers, et dont la qualité n’avait d’égale que la diversité : portraits de courtisanes ou d’acteurs de kabuki, scènes de la vie quotidienne, cartes de vœux raffinées, illustrations de récits et de mythes populaires...

C’est toutefois avec la publication de ses grandes séries de paysages qu’il marque le plus profondément l’art de l’estampe japonaise. Il réalise alors, en composant des paysages d’une beauté saisissante, une synthèse originale entre les principes traditionnels de l’art japonais, de l’art chinois, dont il s’est visiblement aussi inspiré, et l’assimilation des influences occidentales.

Katsushika Hokusai (1760 -1849). « Vent du sud, ciel clair [le Fuji rouge] » Série : Trente-six vues du mont Fuji Fugaku Sanjūrokkei Gaifū kaisei. Début de l’ère Tempō (vers 1830-1834) Estampe nishiki-e, format ōban 26,1 × 38,1 cm Signature : Hokusai aratame Iitsu hitsu Éditeur : Nishimura-ya Yohachi. Londres, The British Museum © The British Museum, Londres, dist. Rmn-Grand palais / The Trus- tees of the British Museum

L’exposition au Grand Palais

Si le travail d’Hokusai avait déjà fait l’objet de nombreuses expositions, le Grand Palais présentait une monographie d’une ampleur tout à fait inédite qui surprenait les visiteurs.

Hokusai Manga, l’œuvre-phare d’Hokusai, et véritable anthologie du croquis, faisait l’objet d’une présentation inédite et exceptionnelle au sein de cet événement, qui marquait le bicentenaire de la publication du premier de ses 15 volumes.

L’exposition mettait en lumière la vie et l’œuvre du "fou de dessin" si prolifique qu’était Hokusai, montrant bien davantage que les quelques clichés et les images les plus répandues.

Dans cette monographie, les six périodes de la vie de cet artiste étaient successivement évoquées, et illustrées par des séries d’estampes (dont les prêts exceptionnels de la collection des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles), des livres, mais aussi de nombreuses peintures, pour partie inédites, ainsi que de précieux dessins préparatoires. Au total plus de 500 pièces exceptionnelles avaient été ainsi rassemblées.

Qu’il a pu toutefois paraître étrange de visiter le rez-de-chaussée de cette exposition, dans un grand bâtiment si imposant, où, par souci de conservation, la lumière se devait d’être tamisée, et où une majorité des œuvres présentées étaient de petit format. Ambiance quasi religieuse... L’étage en revanche explosait de liberté et de couleurs !

Réalisée par la RMN – GP et the Japan Foundation, cette exposition, afin de garantir au mieux la bonne conservation des œuvres les plus fragiles, était découpée en deux volets. Si le propos général et le parcours scénographique restaient les mêmes, une centaine d’œuvres avaient été remplacées en cours d’exposition : les estampes par des équivalentes, souvent issues de la même série ; et les peintures sur soie et sur papier interverties avec des œuvres de nature et de qualité comparables.

Cette opération avait nécessité 10 jours de relâche entre le 21 et le 30 novembre 2014.

Le commissariat de l’exposition était assuré par Seiji Nagata, spécialiste d’Hokusai et directeur du Katsushika Hokusai Museum of Art, en collaboration avec Laure Dalon, adjointe du directeur scientifique de la RMN – GP.

Hokusai (1760-1849). Du 1er octobre 2014 au 18 janvier 2015 au Grand Palais, entrée Clemenceau. Métro Champs-Élysées-Clemenceau ou Franklin-D.-Roosevelt.

Dans le cas où votre curiosité de l’art du maître Hokusai n’aurait pas été complètement satisfaite par ce que ce que le Grand Palais vous offrait dans cette formidable exposition aux 500 œuvres, vous pouvez encore voir le versant érotique de ce pédagogue boulimique de travail et de ce fou de dessins en visitant l’article d’une exposition qui s’était tenue à la Pinacothèque L’Art de l’amour au temps des geishas. Les chefs-d’œuvre interdits de l’art japonais d’Utamaro à Hokusaï et Hiroshige, du 6 novembre 2014 au 15 février 2015.


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Vous retrouvez comme chaque année dans LES GRANDES EXPOSITIONS 2016 à Paris de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans CALENDRIER 2016 des grandes expositions à Paris ces mêmes expositions sont classées par dates.

Dans la série Toutes les expositions 2016 dans les plus grands musées de Paris... lire également :
Au musée du Louvre, au Centre Pompidou, au Grand Palais, au musée d’Orsay, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, au Jeu de Paume, au Palais de Tokyo, à la Bibliothèque nationale de France, au musée du Quai Branly, au musée des Arts décoratifs, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain.

Nous nous efforçons de tenir ces articles à jour, et nous vous remercions des suggestions, précisions, ajouts et corrections que vous pourriez être amenés à apporter à ces programmes.

Nous vous indiquons chaque semaine les nouveautés, les expositions qui fermeront bientôt leurs portes, et... nos préférences, car on ne se refait pas : Paris Expos Hebdo : Nouveautés, Conseils, Derniers Jours.

Contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous établissons, au fur et à mesure de leur publication, notre sélection des catalogues d’expositions 2016 de Paris, comme nous l’avons fait les années précédentes : 2015, 2014, 2013, 2012.

Le catalogue d’Hokusai a fait partie de la sélection CatalPa de l’année 2014.

Vous pouvez consulter quelques dizaines de présentations d’artistes, classées de A à Z.

Nous vous proposons aussi une sélection de musées et d’expositions dans les villes françaises suivantes, que nous nous efforçons de tenir assez régulièrement à jour :
Angoulême - Arles - Avignon - Bordeaux - Dijon - Grenoble - Ile-de-France - Lens - Lille - Lyon - Marseille - Metz - Montpellier - Nantes - Nice - Ornans - Rennes - Rodez - Rouen, Le Havre - Saint-Étienne - Strasbourg - Toulouse - Tours

Et juste des musées et expositions temporaires pour quelques villes étrangères : Amsterdam, Berlin, Bâle, Bruxelles, Genève, Londres, Madrid, Milan, et Venise.

André Balbo

sources : Visite, RMN-GP

Informations pratiques
Adresse, horaires, numéro de téléphone, liens...

lundi 6 mai 2019,    Expositions