L’Hôtel de Rohan-Guéménée

Isaac Arnauld, conseiller du Roi et Intendant des Finances, se voit céder le terrain en juin 1605, dès la conception de la place, à l’occasion du lotissement du Parc des Tournelles. C’est une des premières opérations immobilières d’envergure de l’Histoire, et elle appliquait déjà avec une certaine prémonition les 3 règles d’or devenues fameuses de l’investissement dans la pierre : l’emplacement, l’emplacement, l’emplacement ! Isaac Arnauld s’y fera construire l’un des plus beaux hôtels du lieu, et l’un des plus vastes, disposant d’une aile étendue de trois étages.

Cet hôtel sera vendu au Marquis de Lavardin en 1612, qui le cèdera à son tour en 1621 au seigneur de Tigery, Pierre Jacquet.
Il ne deviendra l’Hôtel de Rohan-Guéménée qu’en devenant la propriété de Louis de Rohan, prince de Guéménée.

L’hôtel se composait d’un corps de logis ouvrant sur la place et de deux ailes en retour portant chacune dix croisées de façade. La cour était bordée d’écuries et de remises et communiquait avec l’impasse Guéménée.
L’illustre famille de Rohan-Guéménée le conservera de longues années, mais sera contrainte lors de sa faillite de s’en séparer en 1784, le vendant alors à Jacques Desmary.
Ce nouveau propriétaire obtint l’autorisation en 1785 d’y adjoindre deux balcons, l’un au premier et l’autre au deuxième étage, balcons aujourd’hui disparus.

En 1787, l’Hôtel de Rohan-Guéménée sera acquis par la famille Péan de Saint-Gilles, puis sera finalement cédé par ses descendants à la Ville de Paris dès 1873. Une école y sera momentanément installée.

L’Hôtel de Rohan-Guéménée accueillera en 1902 l’inestimable collection de Paul Meurice, l’ami très proche de Victor Hugo qui cherchait un lieu fameux pour honorer le grand homme, et donnera naissance à la Maison de Victor Hugo, inaugurée le 30 juin 1903.

Victor Hugo y a effectivement vécu de 1832 à 1848. Les salles ont été réaménagées en 1983. Si elles ne représentent plus l’aménagement de l’appartement comme l’écrivain l’a connu, la richesse des collections mises en scène et le soin apporté à la restitution de certaines ambiances de l’époque méritent amplement une visite attentive qui n’aura rien d’ennuyeux.

Voir aussi la Maison de Victor Hugo
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