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L’autoportrait d’Albrecht Dürer au Louvre.


Ce tableau , l’un des plus célèbres de la peinture de la Renaissance, est appelé « Autoportrait  » ou « Portrait de l’artiste tenant un chardon ».

Considéré comme un des tous premiers autoportraits indépendants de la peinture occidentale, ce portrait réalisé par Albrecht Dürer (1471-1528) en 1493 est une œuvre de jeunesse : Dürer a alors seulement 22 ans et est en train de terminer son tour de compagnonnage en Allemagne ; il se trouve alors probablement à Strasbourg.

Depuis la fin du Moyen-Age, les peintres avaient souvent pour habitude de se représenter comme élément de composition dans un tableau (ils semblaient regarder directement le spectateur du tableau). Mais ici, Dürer, de manière très moderne, a choisi de se représenter en buste vu de trois quarts, sur un fond sombre comme le veut la tradition de l’époque. Son costume est raffiné : un élégant vêtement de dessus de couleur gris bleuté contraste avec sa chemise brodée, tandis qu’il porte sur la tête un bonnet rouge à pompons. Malgré quelques traits encore enfantins, le visage exprime la virilité du jeune homme par son cou puissant, son nez assez fort et ses longues mains nerveuses. C’est une oeuvre très graphique dans son traitement, qui illustre les qualités de graveur de Dürer et rappelle sa formation première d’orfèvre.

Un détail intrigue les historiens de l’Art : les piquants de chardon qu’il tient dans la main droite. Le chardon s’appelle en allemand « Mannstreu » ce qui signifie « fidélité de mari ». Or, Dürer allait bientôt épouser Agnès Frey à son retour à Nuremberg en 1494 et ce chardon pourrait symboliser un gage d’amour. Mais le hic est que Dürer n’était peut-être pas encore informé de ce mariage arrangé par son père !

Une autre hypothèse serait une allusion à la Passion du Christ et plus précisément à la couronne d’épines, en relation avec l’inscription figurant sur le tableau, à côté de la date et qui se traduit par « Les choses m’arrivent comme il est écrit là-haut ». Dans ce cas, ce tableau préfigurerait son Autoportrait de 1500 où Dürer se représente en figure christique auréolée de gloire.

Avec cet autoportrait de 1493, à la fois emprunt de fierté et d’humilité, Dürer nous revèle le nouveau statut social auquel les artistes aspirent à la fin du Moyen-Age. Il est d’ailleurs considéré à ce titre comme le premier peintre de la Renaissance germanique.

VOIR CE TABLEAU : Aile Richelieu, 2e étage, Pays germaniques, XVIe siècle. Salle 8.

 : informations pratiques sur le musée du Louvre.

Source : Musée du Louvre/Adeline Collange.

Informations pratiques
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jeudi 26 janvier 2012,    Franck Beaumont