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DERNIERS JOURS de la stupéfiante exposition Cartier au Salon d’Honneur du Grand Palais


Ce n’est pas tout à fait exact. Avant Cartier, il y eut Peer Gynt, d’Ibsen, par la Comédie française, une pièce magistrale mise en scène par Éric Ruf. Un spectacle époustouflant, ébouriffé, et qui occupait goulument et de façon sonore cet incroyable espace. C’était en mai-juin 2012. Formidable.

"Cartier. Le style et l’histoire", du 4 décembre 2013 au 16 février 2014, est bien en revanche la première exposition à se tenir dans ce prestigieux Salon d’Honneur récemment restauré du Grand Palais.

Dimensions colossales ! Moteur ! Ça tourne et il s’agit d’une superproduction. J’imagine que tous les Arsène Lupin de la planète sont ces jours-ci parisiens car les trésors exposés dépassent tout simplement l’imagination...

La maison Cartier est devenue internationale au début du XXe siècle. Elle est aujourd’hui filiale en propriété exclusive de la Compagnie Financière Richemont SA, mais elle a occupé, du temps de son indépendance, une place des plus prestigieuses dans l’histoire des arts décoratifs et de la joaillerie.

Diadème (platine, diamants) de Marie Bonaparte (1882-1962), patiente, disciple, amie, traductrice et mécène de Freud. Cartier Paris, 1907

Tout d’abord la première impression produite par l’événement fait penser, même par cette semi-obscurité d’entrée, à Noël, aux illuminations des grands magasins, mais dont les effets de lumières feraient glisser le long des murs des fontaines de précieux bijoux aux diamants étincelants, et des broches animalières multicolores sculptées de pierres précieuses. Est-ce bien là que vous irez choisir vos cadeaux, ou plutôt rêver, façon Gala, Sissi impératrice, Liz Taylor, aventures de princesses et fastes de maharadjas ?

Louis-François Cartier commença à Paris, en 1847, en reprenant rue Montorgueil l’atelier d’Adolphe Picard. Dès 1859, son flair le fait s’installer boulevard des Italiens, au cœur de l’effervescence de la bourgeoisie enrichie et de la cour de Napoléon III. Il s’y constituera une clientèle de choix, avec une production encore assez hétéroclite. Il deviendra progressivement le "joallier des rois", abandonnant progressivement camées et châtelaines pour un style dit "guirlande". Et à cette époque, des mines de diamants sont découvertes en Afrique du Sud.

Rudolph Valentino, dans Le Fils du Cheik, de George Fitzmaurice, 1926. Le comédien refusa de se séparer de sa montre Tank durant le tournage du film...

Cartier s’installe ensuite au 13, rue de la Paix et se rapproche du grand couturier Worth. Désormais, des ateliers parisiens œuvrent en exclusivité pour la maison. La production du successeur Louis Cartier fera alors référence au néoclassicisme du XVIIIe, et ce choix sera gagnant, s’interdisant de se laisser distraire par les avant-gardes, même l’art nouveau ou la rocaille.

À l’occasion de l’exposition de 1925 Art déco, Cartier expose 150 objets "modernes", bijoux, accessoires et pièces d’horlogerie, au Pavillon de l’élégance, où sont présentes les maisons de couture Callot, Jenny, Worth et Lanvin. Le noir et le blanc, gage d’élégance, devient l’une des principales tendances du bijou Art déco.

Pourtant, l’engouement pour les motifs en provenance d’Égypte, d’Inde, et d’Extrême-Orient, touchera la joaillerie comme il a touché la mode. Et Jacques Cartier, à la tête de l’établissement de Londres, tisse des liens étroits avec les maharadjas d’Inde du Nord.

Collier de Sir Bhupindra Singh, Cartier Paris, commande spéciale de 1928. Platine, diamants, zirconias, topazes, rubis synthétiques, quartz fumé, citrine.

Bhupindra Singh, maharadja de Patiala, arbore une montre Tank, et apportera chez Cartier en 1925, plusieurs dizaines de milliers de pierres à sertir de façon nouvelle, en respectant les formes traditionnelles indiennes tout en intégrant les tendances Art déco, défi extraordinaire pour les ateliers parisiens.

De cette commande hors normes et tout à fait inédite, la pièce maîtresse sera la plus somptueuse parure de l’histoire de la joaillerie : 2930 diamants, 2 rubis, et en son centre le diamant De Beers, un diamant jaune de 234,65 carats, le 7e plus gros du monde. Exposé, le collier, qui avait été bien endommagé, a été reconstitué... avec quelques pierres de synthèse.

Les pendules mystérieuses, inspirées à Cartier par une invention de l’illusionniste Robert-Houdin reprise par l’horloger Maurice Couët (1885-1963), sont devenues une des créations les plus emblématiques de la maison. Au départ, chacune d’entre elles nécessite presque une année. Une centaine seront faites de 1912 à 1930. On ignora longtemps que chacune des aiguilles est solidaire de son propre disque de cristal tournant, relié à une crémaillère dissimulée dans le cadre...

Pendant Tête de Méduse (platine, or, diamants, perles, corail, émail vert et blanc). Cartier Paris, 1906

Il faut ici remarquer que ce sera dès la fin du XIXe siècle que la maison Cartier prendra soin de conserver l’histoire de ses productions, et que cette démarche a permis de rassembler quelque 1500 pièces, certaines, exceptionnelles, destinées à illustrer l’évolution historique et artistique de ses bijoux.

Maria Félix, par Lord Snowdon, à Deauville en 1981, avec collier crocodiles commandé à Cartier en 1975 © Lord Snwdon / Camera Press / Gamma

Mises en valeur mais aussi un peu exposées en trophées de Cartier, les célébrités qui participèrent à son succès planétaire sont racontées : Wallis Simpson (1896-1986), duchesse de Windsor, qui aimait le bijou fantaisie, les couleurs vives, et pour qui fut réalisé le premier bijou panthère en 3 dimensions ; Liz Taylor (1932-2011), qui porta entre autres pierres, le Burton-Taylor (69,42 carats), et dont la biographie My Love Affair with Jewelry racontait aussi sa passion pour les bijoux. Richard Burton lui offrira aussi la Peregrina, une perle légendaire ayant appartenu à Philippe II d’Espagne ; la Princesse Grace de Monaco, qui appréciait les oiseaux, les caniches et les animaux de basse-cour (était-ce par humour ?) ; l’extravagante Maria Félix (1914-2002), réputée, en plus de ses rôles dans les films de Renoir et Bunuel, pour son adoration des serpents et crocodiles en bijoux ; Barbara Hutton (1912-1979), connue pour ses divorces à répétition et ses bijoux célèbres ayant appartenu à Marie-Antoinette et à d’autres têtes couronnées, et qu’elle faisait à l’occasion retouchés par Cartier.

Saphir bleu (478 carats) de la Reine Marie de Roumanie, acheté en 1921. D’origine sri-lankaise, l’un des plus gros taillés jamais répertoriés.

Ainsi au gré du temps, des modes et des envies, cette maison fit preuve d’imagination et d’une grande souplesse d’inspiration, passant sans s’émouvoir du classicisme obligé du « joaillier des rois et le roi des joailliers » comme l’appelait Edouard VII, aux inventions d’un modernisme radical, entre géométrie et exotisme, qui fut peut-être davantage l’apanage d’une bourgeoisie éclairée et soucieuse d’attention.

Cette auguste entreprise de plus d’un siècle et demi s’est ainsi montrée capable d’intégrer dans ses objets et bijoux de luxe les codes sociaux dans ce qu’ils révèlent aussi bien de contraintes que de raffinements, de rang à tenir ou à conquérir.

"Cartier. Le style et l’histoire", conçue comme une lecture de l’histoire du bijou, au travers des créations du joaillier, veut nous montrer les évolutions que connurent les usages et les styles.

Depuis 1847 jusqu’aux années 1970, la découverte d’un laboratoire de formes et de création de bijoux, majestueux accessoires choisis pour leur beauté propre, mais aussi dans leur fonction de signifiants et de marqueurs sociaux.

Coiffe d’Ida Rubinstein dans Shéhérazade, ballet de Michel Fokine, création à l’Opéra de Paris, 1910 (d’après Léon Bakst)

Les 600 objets présentés (bijoux, pièces de joaillerie, montres et pendules) sont accompagnés de témoins de la vie artistique et des goûts de leur temps : vêtements, accessoires, mobilier, tableaux, photos, gravures, et revues de mode.

En convoquant ces sources qui nourrissaient chacune des étapes marquantes, l’exposition met en perspective les choix de styles de Cartier. 200 dessins préparatoires, de nombreux documents d’archives (dont des cahiers d’idées, des photos, des plâtres), qui achèvent d’illustrer les coulisses de la création.

Jamais une exposition de cette importance n’avait encore été consacrée à Cartier. Elle ne néglige aucune des activités qui érigèrent sa réputation, présentant les types d’objets réalisés, des bijoux d’apparat jusqu’aux pièces plus intimes (dont un fabuleux peigne à moustaches !), en passant par ces trois emblèmes de la modernité que furent le nécessaire féminin, la boîte à cigarettes ou la montre-bracelet.

Collier, Cartier Paris, 1947, crayon graphite et gouache sur papier transparent, 28x19cm. Archives Cartier - Cartier © DR

Tout au long de ce parcours éblouissant, des pièces maîtresses de l’histoire de Cartier sont mises en exergue, dont une somptueuse série de diadèmes, virtuosités suprêmes des ateliers et signes des orgueils élevés d’une clientèle titrée.

Objets et bijoux présentés proviennent essentiellement de la collection Cartier, auxquelles viennent s’adjoindre une cinquantaine de prêts d’institutions publiques (Arts décoratifs, Galliera, BnF, Opéra), ou de collections particulières.

Une vingtaine de pièces prestigieuses de la collection des Grimaldi, officielles ou plus personnelles, évoquent notamment le goût raffiné de la princesse Grâce de Monaco. Les visiteurs découvriront aussi à cette occasion Marjorie Merriweather Post, héritière d’un empire céréalier, collectionneuse d’art russe et français, cliente la plus assidue de Cartier New York, et cela grâce à la Hillwood Foundation, qui apporte à l’événement un soutien tout à fait exceptionnel.

Les commissaires de l’exposition sont Laurent Salomé, conservateur en chef du patrimoine et directeur scientifique de la RMN-Grand Palais, et Laure Dalon, conservateur du patrimoine, son adjointe. La scénographie est de Nicolas Groult et Sylvain Roca.

Cartier. Le style et l’histoire, du 4 décembre 2013 au 16 février 2014, au Salon d’Honneur du Grand Palais, métro Champs-Élysées-Clémenceau. Ouvert du 4 décembre 2013 au 6 janvier 2014 du mercredi au samedi de 10 à 22h, le lundi et le dimanche de 10 à 20h. Du 8 janvier au 16 février 2014 tlj de 10 à 20h, nocturne le mercredi soir jusqu’à 22h. Fermé le mardi. Durant les vacances de Noël, tlj sauf le mardi de 9 à 22h.

Vous retrouverez dans 2013 à Paris : LES GRANDES EXPOSITIONS de A à Z celles des établissements et musées.

David méditant devant la tête de Goliath, d’Orazio Gentileschi, huile sur lapis-lazuli, exposition Artemisia

Dans CALENDRIER 2013 des grandes expositions à Paris, ces mêmes expositions sont classées par dates.

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Les Grandes Expositions et Calendrier 2014 peuvent déjà être consultés sur Évous.fr... et complétés, si vous disposez de plus d’informations que nous !

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Enfin, contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous avons établi notre sélection, avec Paris 2013 : LES MEILLEURS CATALOGUES d’expositions de Paris.

N’hésitez pas à nous critiquer, corriger ou même... à compléter nos informations, si vous disposiez de plus de détails que nous !

En grande nouveauté, car Paris, sans la province, ne serait vraiment pas grand chose... et est loin de nous être suffisant, nous vous proposons dorénavant une vue panoramique des Expositions et Festivals en province ? 2014. Expositions et Festivals en PROVINCE de A à Z. Ou encore CALENDRIER 2014 des Expositions et Festivals en PROVINCE

Avec des déclinaisons présentant davantage de détails par villes. dans les villes suivantes :
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Tours

André Balbo

sources : Visite, RMN-GP, Cartier

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lundi 6 mai 2019,    Expositions