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L’histoire de l’hôpital Saint-Louis


Le projet de l’ hôpital Saint-Louis a vu le jour dans un contexte d’épidémies qui ravageaient Paris et la France au cours du XVIe siècle. Ainsi, en 1580, on avait installé des tentes à l’extérieur de la ville pour accueillir les pestiférés. Henri IV fut, rappelons-le, un grand roi bâtisseur, ayant de grands projets pour sa ville de Paris. On lui doit, entre autres, les agrandissements du Louvre (Petite Galerie et Grande Galerie), l’achèvement du Pont-Neuf, la place des Vosges (à l’époque, place Royale), la place Dauphine, la rue Dauphine.

En 1606, le roi décide donc de "moderniser" sa ville et de créer une maison royale de santé à l’extérieur de la ville pour isoler les malades victimes d’épidémies. L’Hôtel-Dieu existe alors déjà sur l’île de la Cité mais il soigne toutes les formes de maladies. Le surintendant des Bâtiments de France lance un concours auquel trois architectes répondent en 1607. Henri IV et Sully examinent alors les projets.

Le conducteur du chantier sera Claude Vellefaux (architecte de l’Hôtel-Dieu) mais plusieurs historiens s’accordent à attribuer le projet réalisé à un autre architecte non moins connu : Claude Chastillon. Celui-ci fut avant tout un ingénieur de fortifications et topographe du roi. Ainsi son oeuvre posthume parue en 1641 et intitulée "Topographie française" est constituée de 534 gravures, témoins précieux des principaux sites et bâtiments français de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle. Parmi les gravures figure une vue d’ensemble de l’hôpital Saint-Louis, dont Chastillon s’attribue le projet, et qui nous montre d’ailleurs à quel point le projet est resté inchangé jusqu’à nos jours. Et pour conforter cette hypothèse, il est frappant de constater la similitude entre la rigueur de l’ordonnance de l’hôpital Saint-Louis et celle de l’architecture militaire à cette époque.

Le quartier choisi pour édifier l’hôpital est alors le faubourg Saint-Martin, assez éloigné au nord de Paris. Saint-Louis est conçu comme un lieu fermé par une enceinte, dont l’accès n’est pas libre. A l’intérieur, des vergers, potagers et jardins permettent de vivre en autarcie. Quatre bâtiments en équerre définissent l’espace rectangulaire de l’hôpital ; ils sont dédiés aux administrateurs et au personnel. Dans ce périmètre symbolique, l’hôpital lui-même est un grand quadrilatère fermé, formé de quatre corps de bâtiments reliés par des pavillons d’angle. Le parti pris rappelle celui des places fermées que l’on trouve en France au XVIIe siècle (comme la Grand’ Place d’Arras). La chapelle (toujours existante également) est placée à l’extérieur du mur d’enceinte, et son parti est classique. Précisons que les malades étaient placés et traités au premier étage des bâtiments, perdant non seulement le contact avec le monde extérieur, mais également avec la terre ferme. Ouvert au public, le jardin situé au milieu de l’hôpital permet encore aujourd’hui d’admirer un des plus purs ensembles parisiens "brique, pierre et enduit" du début du XVIIe siècle, souvent méconnu.

L’hôpital, dédié aux épidémies, ne deviendra permanent qu’à partir de 1772, année où l’Hôtel-Dieu subit un incendie. Il est assez miraculeux que cet ensemble nous soit donc parvenu intact. Un nouvel hôpital a vu le jour dans les années 1980 (oeuvre de Badani et Roux-Dorlut, déjà très datée) et a trouvé sa place dans les anciens jardins situés à l’est, toujours à l’intérieur de l’enceinte d’origine, et respectant les constructions anciennes (en partie classées).

Aujourd’hui l’hôpital Saint-Louis appartient à l’ AP-HP et est un des principaux hôpitaux parisiens. Il emploie 2.500 personnes et ses grandes spécialités sont la dermatologie, l’hématologie et la cancérologie.

Franck Beaumont

Sources : Guide du Patrimoine, Guide du promeneur 10e arrondissement, Demeures parisiennes sous Henri IV et Louis XIII.

Informations pratiques
Adresse, horaires, numéro de téléphone, liens...

rue Bichat

mercredi 20 juillet 2011,    Franck Beaumont