.evous
.evous > Arrondissements de Paris > Le Marais à Paris > Découvrez le Marais > Monuments du Marais

L’ hôtel de Montmort


L’ hôtel de Montmor incarne l’ascension sociale d’un grand financier au XVIIe, Jean Haber de Montmort, comme tant d’autres qui deviennent des personnages importants de l’Etat à la même époque (Gabriel de Guénégaud du Plessis à l’hôtel d’Albret).

Après avoir démoli les quatre maisons qui se trouvaient sur ce terrain, Jean de Montmort, trésoriier général des guerres, puis trésorier de l’Epargne, se fait construire vers 1623 un somptueux hôtel en pierre de taille dans lequel il vivra jusqu’à sa mort en 1639. Après lui, son fils Henri-Louis en hérite en 1641.

Henri-Louis de Montmort est un personnage intéressant. Dès l’âge de 25 ans, son père lui a acheté une charge de conseiller au Parlement de Paris. En 1632, il est passé maître des requêtes. Mais Montmort est également un amateur d’art éclairé, doublé d’un homme de lettres. Il est reçu en 1634 à l’ Académie Française, nouvellement créée. L’hôtel est connu pour avoir reçu pendant une dizaine d’années, chaque samedi, l’élite scientifique de l’époque. L’abbé Pierre Gassendi, philosophe, astronome et physicien, y fut hébergé à partir de 1653. Il légua d’ailleurs à Montmort la lunette que Galilée lui avait offert. Des mathématiciens (Roberval), des médecins (Guy Patin), des scientifiques (Christian Huygens) se réunirent dans cet hôtel. Ils y exposaient leurs découvertes. Montmort forma même une institution appelée l’académie monmorienne, qui fut à l’origine de la création de l’Académie des Sciences en 1666.

Un autre personnage célèbre fut accueilli dans cet hôtel : Melle de Montpensier, surnommée la Grande Demoiselle. Célèbre frondeuse avec le prince de Condé, elle avait fait tiré le canon sur l’armée royale du haut de la Bastille. Lorsque Louis XIV - son cousin - rentra à Paris le 21 octobre 1652, Melle de Montpensier, craignant qu’on l’arrête, se réfugia chez les Montmort.

Passé au petit-fils d’Henri-Louis de Montmort, Joachim Bartillat, l’hôtel fut finalement vendu en 1751 à Laurent Charron, receveur général des Domaines, puis à son fils prénommé également Laurent, qui deviendra fermier-général en 1756 (fonction qui permettait de s’enrichir considérablement, mais qui était fort impopulaire auprès du peuple). Il fit d’ailleurs remanier l’hôtel vers 1752-1754 qui resta dans sa famille jusqu’à la Révolution.

Comme beaucoup d’hôtel du Marais, l’hôtel de Montmort fut occupé au XIXe siècle par une fabrique. Celle-ci était gérée par Louis-Adolphe de Milly ; on y confectionnait des bougies staériques (à base de glycérine). A partir de 1870, Auguste Gros y confectionna des bijoux en or, et obtint en 1889 le monopole de la fabrication de bijoux représentant la tour Eiffel. L’hôtel a été restauré en 1999.

On peut accéder librement à la cour de l’hôtel de Montmort en semaine. Il est précédé sur la rue par un somptueux portail cintré à refends, en forme de chapeau de gendarme. Au revers de ce portail, on reconnaît un cartouche orné de roses, dans lequel est représenté madame Charron.

De chaque côté du portail, des pavillons (dont l’un contient un escalier) rejoignent le logis par des ailes percées d’arcades. Au centre du logis, l’avant-corps a malheureusement été percé en 1840 par un passage menant à l’ancien jardin, à la place du vestibule qui devait être grandiose ; l’élégant escalier d’honneur, doté d’une magnifique rampe en fer forgé, est lui toujours existant. Sur le fronton de l’avant-corps, on reconnait un amour entouré d’attributs scientifiques, hommage du maître de maison aux Sciences. Dans l’ancien jardin (fort réduit), des bâtiments secondaires furent ajoutés vers 1840 dans le style de l’hôtel.

Si vous souhaitez visiter le Marais avec un guide-conférencier et tout savoir sur cette visite guidée, cliquez ICI.

Sources : Guide du patrimoine Paris par Jean-Marie Pérouse de Montclos, Le Marais évolution d’un paysage urbain par Danielle Chadych.

Informations pratiques
Adresse, horaires, numéro de téléphone, liens...

79 rue du Temple

lundi 4 mai 2015,    Franck Beaumont