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DERNIERS JOURS : le Louvre s’attaque à la peinture américaine. Phase II.


Oh, cela demeure extrêmement discret, mais l’effort est louable, et par ailleurs courageux. Sur une durée de 4 années, le musée du Louvre, le High Museum of Art, le Crystal Bridges Museum of American Art, et la Terra Foundation for American Art ont entrepris de faire mieux connaître par le public français, au Louvre même, gageure suprême, la peinture américaine et ce qui fonde sa spécificité. Dressons donc l’oreille.

On se souvient de ce qui constitua la première étape de cette offensive artistico-pédagogique, en 2012 : la Peinture américaine, Thomas Cole et la naissance de la peinture de paysage en Amérique, de janvier à avril 2012.

Thomas Cole (1801-1848), La Croix dans la contrée sauvage, 1845. Huile sur toile, Paris, musée du Louvre © 2008 RMN / Jean-Gilles Berizzi

Succès d’estime périlleux, puisque ne s’appuyant que sur un seul tableau (La Croix dans la contrée sauvage), dont le Louvre avait fait l’acquisition en 1975. Et c’est ainsi, autour de cette œuvre unique, qu’en 2012 l’art américain entrait au Louvre.

Il marquait l’aboutissement de la réflexion du peintre Thomas Cole, initiée dès 1825, autour de la représentation d’un certain type de paysage américain, grandiose, et en partie sauvage (The Wilderness). Première étape de l’identité artistique patrimoniale américaine, parce que d’une sensibilité spécifique aux nouveaux habitants de ce continent : le regard porté à la nature, si vaste, y est empli de respect et du sens de sa grandeur admirable, majestueuse et immuable.

George Caleb Bingham, Les Joyeux Bateliers (détail), 1877-1878, Terra Foundation for American Art © Terra Foundation for American Art, Chicago

La seconde étape porte sur la première moitié du XIXe. Elle est abordée aujourd’hui avec l’exposition-dossier "New Frontier II. Aux sources" et traite de la peinture américaine de genre. Bien que minuscule elle aussi, elle a tout de même triplé la mise de la précédente, et présente cette fois 3 tableaux prêtés de peintres américains, parmi quelques européens qui les appellent ou leur répondent, face-à-face qui serait, dit-on, extrêmement rare.

Cette fois-ci, la nature n’est plus au centre ni le sujet de la toile. L’homme nouveau est là avec cette frontière qu’il cherche tant à faire reculer, avec cette détermination propre aux pionniers. Cette Amérique-là, jeune nation, est en forte expansion économique et territoriale. Sa population a de multiples origines. Mais qu’est-ce qui la fédérera ? Lui forgera son identité propre ? Vient alors cette peinture de genre, ambitieuse comme a pu l’être la Conquête de l’Ouest. Si ce n’est pas elle qui sculpte cette nouvelle entité, elle sait merveilleusement en épouser le fond commun et les contours.

Les tableaux d’alors tourneront dès lors le dos à l’Europe et à sa propension à réaliser de si grands formats sur des scènes historiques. L’ambition sera au contraire de ne faire que de petits formats simples décrivant avec force détails la vie quotidienne des citoyens américains. Réalistes, ils ne craignent pas d’aborder des situations sociales qu’ils tapissent de précisions décrites et d’humanité. Et si des clichés demeurent, la réalité sociale est présentée avec acuité dans toute sa complexité et dans ce qu’elle annonce de tragique historique, comme dans ce tableau d’Eastman Johnson, où s’invitent déjà en filigrane la guerre de Sécession et de la question de l’esclavage.

Eastman Johnson, Scène de la vie des Noirs dans le Sud, v. 1870, High Museum of Art, Atlanta © High Museum of Art, Atlanta

Plus haut, dans le tableau des Joyeux Bateliers de George Caleb Bingham, ces figures de jeunes Américains sont caractéristiques. Ces jeunes gens s’amusent et leur gaîté invite le visiteur à rejoindre la fête. Mais attention ! Ce sont des bâteliers et non des viveurs. Ils sont entre deux chargements ou déchargements éminemment pénibles. Ce tableau est de plus déjà empreint d’une certaine nostalgie. Remonter un fleuve était le moyen de transport offrant le moins de danger... mais cette époque n’est-elle pas déjà un peu révolue ?

Arthur Fitzwilliam Tait, La Vie de chasseur (En mauvaise posture), 1856, Crystal Bridges Museum of American Art, Bentonville, Arkansas © Crystal Bridges Museum of American Art

Le 3e tableau d’Arthur Fitzwilliam Tait, Anglais installé en Amérique, est intéressant par ce qu’il dévoile. La scène se passe certainement près de la côte Est. Confrontation avec la nature sauvage et ses dangers. Et si l’on pourrait ergoter sur le 2e chasseur qui viserait à côté, ou sur le chasseur en position apparemment de future victime et vaincu, le spectaculaire et l’Amérique qui se construit sont bien là, et notre regard n’oubliera pas ce tableau, tout naïf qu’il puisse aujourd’hui nous paraître. Une Nation surgira de cette nature, de ses dangers, et de cette soif de conquête.

New Frontier II. Aux Sources de la peinture de genre américaine. Du 19 janvier au 22 avril 2013. Musée du Louvre, Aile Denon, 1er étage, salle 32. Tous les jours, sauf le mardi, de 9h à 17h30, les mercredi et vendredi jusqu’à 21h30. Accès avec le billet d’entrée du musée 11€. Gratuit pour les moins de 18 ans, les moins de 26 ans résidents de l’UE, les enseignants titulaires du pass éducation, les demandeurs d’emploi, les adhérents des cartes Louvre familles, jeunes, professionnels et Amis du Louvre, ainsi que le premier dimanche du mois pour tous.

Vous retrouverez dans les articles « 2012 à Paris : les grandes expositions de A à Z » et 2013 à Paris : les grandes expositions de A à Z » les différentes expositions 2012 et celles de 2013 déjà annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans les articles « Calendrier 2012 des grandes expositions à Paris », et « Calendrier 2013 des grandes expositions à Paris », ces mêmes expositions sont classées par dates.

Nous nous efforçons de tenir ces articles à jour, et nous vous remercions des suggestions, précisions, ajouts et corrections que vous pourriez apporter à ces programmes.

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Nous tenterons aussi de vous les présenter chaque mois , à partir de Février 2013.

Enfin, contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous avons établi notre sélection, pour Paris, des MEILLEURS CATALOGUES des expositions 2012, en vous indiquant en plus les nominés, et les primés au Prix CatalPa 2012 pour les catalogues d’expositions de Paris.

Nous procéderons de la même manière en 2013, avec PARIS 2013 : les meilleurs catalogues d’expositions de Paris.

André Balbo

source : musée du Louvre

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lundi 6 mai 2019,    Expositions