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Le suicidé de la rue Rambuteau


XIXe siècle : L’effervescence spirite a gagné Paris. Maître incontesté du mouvement, Allan Kardec, fondera en 1857 la " Société Parisienne des études spirites ". Mort d’épuisement chronique le 31 mars 1869, il sera enterré au cimetière du Père La Chaise. Aujourd’hui, sa tombe fait partie des plus visitées et des plus fleuries.

En 1859, Allan Kardek publie le " Bulletin de la Société Parisienne des études spirites ". C’est dans le numéro d’avril qu’il retranscrit la conversation entre un médium et l’esprit d’un homme s’étant suicidé, rue de Rambuteau. Ce dialogue, une sorte d’interview de l’au-delà (assez hilarant au demeurant), faisait partie de la rubrique " Entretiens familiers d’outre-tombe" … ! ! !

Voici l’histoire : un homme, père de famille, jouissant de l’estime générale de tous ses voisins, avait un fils que le sort avait appelé sous les drapeaux ; se trouvant, par sa position, dans l’impossibilité de l’exonérer du service, il eut l’idée de se suicider afin de l’exempter comme fils unique de veuve.

Voici un extrait du dialogue surréaliste entre un médium et l’esprit du suicidé de la rue Rambuteau rapporté dans le Bulletin de la Société parisienne des études spirites, en 1959.

L’Esprit écrit avec une très grande difficulté ; les caractères sont irréguliers et très mal formés ; après le mot ’mais’ il s’arrête, essaye vainement d’écrire, et ne fait que quelques traits indéchiffrables et des points ; il est évident que c’est le mot Dieu qu’il n’a pu écrire.

2. Remplissez la lacune que vous venez de laisser. – Esprit : J’en suis indigne.

3. Vous dites que vous souffrez, vous avez sans doute eu tort de vous suicider, mais est-ce que le motif qui vous a porté à cet acte ne vous a pas mérité quelque indulgence ? – Esprit : Ma punition sera moins longue, mais l’action n’en est pas moins mauvaise.

4. Pourriez-vous nous décrire la punition que vous subissez ; donnez-nous le plus possible de détails à ce sujet pour notre instruction. – Esprit : Je souffre doublement dans mon âme et dans mon corps ; je souffre dans ce dernier, quoique ne le possédant plus, comme l’amputé souffre dans son membre absent.

5. Votre action a-t-elle eu pour unique motif de sauver votre fils, et n’avez-vous été sollicité par aucune autre cause ? – Esprit : L’amour paternel m’a seul guidé, mais m’a mal guidé ; en faveur de ce motif ma peine sera abrégée.

6. Prévoyez-vous le terme de vos souffrances ? – Esprit : Je n’en sais pas le terme ; mais j’ai l’assurance que ce terme existe, ce qui est un soulagement pour moi.

7. Tout à l’heure vous n’avez pu écrire le nom de Dieu ; nous avons cependant vu des Esprits très souffrants l’écrire ; cela fait-il partie de votre punition ? – Esprit : Je le pourrai avec de grands efforts de repentir.

8. Eh bien ! faites de grands efforts, et tâchez de l’écrire ; nous sommes convaincus que si vous y parvenez, cela vous sera un soulagement.

L’Esprit finit par écrire, en caractères irréguliers, tremblés, et très gros : Dieu est bien bon.

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vendredi 29 octobre 2010,    Adele