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Migrants tunisiens de Paris : trouver un lieu, de toute urgence


Heureusement, heureusement encore qu’il avait fait beau ! Depuis leur arrivée à Paris, les jeunes migrants tunisiens qui transitèrent par l’île italienne de Lampedusa et étaient, selon les estimations, de 300 à 500, dormaient à la belle étoile dans les jardins du Nord-Est parisien, dont notamment ceux de La Villette. Ça, c’est la version poétique.

Dans la réalité, ils furent dehors, et ils ne reçurent longtemps que l’aide solidaire de quelques Tunisiens de Paris… Quand ils se racontent, c’est plutôt : « Nous vivons dehors (…), nous avons peur, nous avons froid, nous avons faim et manquons de tous les besoins fondamentaux de la vie quotidienne. Malgré ces conditions difficiles nous restons dignes. »

Vive le « Printemps arabe » ! Bravo les mecs ! Quel courage ! Vive la démocratie ! Mais cric-crac, la France et l’Europe ont très vite levé les ponts-levis.

Le 1er mai, une centaine de ces jeunes migrants tunisiens ont investi le 51 avenue Simon-Bolivar dans le XIXe. Un immeuble qui appartient à la mairie de Paris. Ils se sont nommés "Le Collectif des Tunisiens de Lampedusa à Paris". Des négociations sont maintenant en cours pour tenter de « trouver un lieu pour 80 personnes », a expliqué un adjoint au maire de Paris.

Certains jeunes veulent déjà rentrer en Tunisie. Une prime au retour serait la bienvenue…

Pour Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, « Ces ressortissants en situation irrégulière ont vocation à être placés en rétention administrative en vue d’une reconduite à la frontière. » Comment peut-il tenir un tel langage ? Comment quiconque pourrait avoir « vocation à être placés en rétention » ?

Le 28 avril, la Cour de justice de l’Union européenne a condamné les réglementations des États membres « prévoyant une peine d’emprisonnement pour les ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier en cas de refus d’obéir à un ordre de quitter le territoire ».

Pour les associations de défense des étrangers, cela ressemblait à un succès d’autant que la loi française punit de 3 ans de rétention la soustraction à une mesure d’expulsion. Objection du ministère de l’Intérieur : le dispositif français incrimine la soustraction à une mesure d’éloignement, et poursuit des comportements de rébellion…

Pour François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, sur Europe 1, « Nous nous devons de les accueillir, ne serait-ce que provisoirement (…) quitte à débattre, à négocier pour le retour de ces personnes lorsque (les Tunisiens) auront choisi cet été un gouvernement. »

Et la mairie de Paris ? Que dit-elle de cette occupation d’immeuble lui appartenant ? Dans un communiqué, elle souligne qu’il avait été vidé du fait de sa dangerosité et qu’il ne pouvait donc servir d’hébergement.

Le dispositif d’aide ponctuelle de la Ville de Paris, de 100 places, montera progressivement jusqu’à 130 (France Terre d’Asile).

L’association Aurore ouvre le 3 mai 80 places supplémentaires. Les occupants de l’immeuble de la rue Simon-Bolivar sont invités à rejoindre ces dispositifs.

La Ville de Paris finance également les associations la Chorba, et la Chorba pour tous, qui apportent une aide alimentaire à ces jeunes migrants tunisiens.

L’État, quant à lui, ne serait resté à ce jour que dans une posture d’actions policières. De quoi avons-nous si peur ?

DERNIÈRES NOUVELLES : Bertrand Delanoë a-t-il tenu à faire une blague à Nicolas Sarkozy en ouvrant un centre d’hébergement à deux pas du palais de l’Élysée ? Ce garçon est trop sérieux pour cela. Il se trouve, et c’est un pur hasard, croyez-le bien, qu’un centre était libre au 127 rue du Faubourg Saint Honoré, au coeur du coeur du quartier du luxe. Il sera temporairement dévolu aux jeunes migrants tunisiens, laissés 3 semaines durant dans les rues de la capitale aux seuls bons soins de leurs compatriotes... Une centaine de places. 50 autres pourraient être trouvées le 4 mai.

André Balbo

sources : Libération, Europe1, Mediapart, ministère de l’Intérieur, Ville de Paris, Le Parisien

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lundi 6 mai 2019,    Expositions