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La Renaissance et le rêve... Bosch, Véronèse, et Le Greco, bouquet choisi au Luxembourg


En droite ligne du Palazzo Pitti, de Florence, ce qui peut offrir une garantie d’authenticité, le musée du Luxembourg, avec la RMN-GP et la Soprintendenza del Polo Museale Fiorentino, présente l’exposition "La Renaissance et le rêve : Bosch, Véronèse, le Greco..." du 9 octobre 2013 jusqu’au 26 janvier 2014.

La Renaissance, cette espérance d’une nouvelle vigueur née en Italie, qui essaime très vite vers les autres pays d’Europe, accorde aux rêves, à leur interprétation comme à leur représentation, une importance toute particulière. L’art pénètre la sphère du privé... et des idées, qui elles-même se libèrent progressivement du religieux.

Battista Dossi, La Notte (détail), vers 1543-1544, huile sur toile, 82x149,5 cm, Dresde, Gemäldegalerie © BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais / Elke Estel / Hans-Peter Kluth

On redécouvre l’Antiquité. Le nu est davantage présent qu’au Moyen-Âge. On assiste alors dans le même temps à un renouveau des pratiques divinatoires, à des évolutions notables en littérature, avec Francesco Colonna et Rabelais, l’Arioste et le Tasse, ou la Pléiade et d’Aubigné .

La passion et la déraison gagnent les débats médicaux et théologiques, comme ce sera le cas lors de chasses aux sorcières qui sévissent en Europe du XVe au XVIIe siècle.

À cette époque, on prête au sommeil et aux rêves les vertus de mettre en relation avec les puissances de l’Au-delà. Mais de quelles puissances s’agit-il ? Suppose-t-on que l’homme s’évade dans les bras de Morphée des contraintes physiques de son corps pour pouvoir communiquer avec le divin ? Ou se trouve-t-il a contrario livré à des créatures démoniaques ? Les songes lui facilitent-ils une connaissance divinatoire ? Sont-ils favorables à l’éclosion de plus grands talents artistiques ? À la compréhension d’un vocabulaire, d’un langage qui seraient propres au rêve ?

Quand le corps s’engourdit et que la vacance de l’âme gagne, l’homme est-il saisi de la "fureur poétique", quand enfin dansent les muses ? Le rêve ne fait-il comme l’allégorie que signifier une chose pour une autre ? Et enfin le sommeil n’ouvre-t-il pas la voie à l’acedia, cette peste de l’âme qui menace les paresseux ? N’est-il pas cet instant où les disparus, les absents, les non-encore nés peuvent rencontrer les vivants ?

Les peintres et les graveurs de la Renaissance allaient se pencher sur ces questions philo-métaphysiques à leur manière avec leurs modes d’expression. Ces sujets, pour fascinants qu’ils aient été, dépassaient les débats de l’époque. Existait-il une affinité entre les images qu’obtenait l’art et les images oniriques ? Comment représenter le rêve du rêveur ?

Si certains explorent le rêve, aux XVe et XVIe siècles, comme la révélation d’un autre monde, saint ou infernal, si d’autres l’utilisent pour transfigurer le quotidien ou insister sur sa dimension érotique, il est perçu par les plus exigeants comme une métaphore de l’art lui-même. Ainsi la vie devient-elle elle-même un songe dont l’artiste serait le rêveur.

À l’exception près de Dürer (1471-1528), évoquée à la fin de l’exposition, les artistes de la Renaissance ne peignent pas leurs propres rêves mais ceux des autres, ou ceux qu’ils pourraient avoir. Ils s’inspirent de récits de rêves présents dans les mythologies ou dans l’histoire sainte.

Avec la difficulté spécifique que le sujet n’est toujours pas le réel mais l’apparition, et que le songe paraît échapper à la saisie. Comment alors pousser l’art au-delà de ses limites ? Comment prouver qualité, habileté et sensibilité, et relever un tel défi ? Le domaine de l’art s’élargissait.

Cette exposition réunit des œuvres très variées d’artistes illustres, comme Bosch (1450-1516), Dürer ou Michel-Ange (1475-1564), ou de réputations moindres comme Mocetto (1470-1531) ou Naldini (1537-1591).

Le parcours conduit le visiteur de la nuit et de l’endormissement au réveil final, en toute logique et chronologiquement, l’essentiel étant pleinement consacré aux rêves et aux visions.

Vous verrez successivement des figurations de la nuit (dont celles de Michel-Ange et de Battista Dossi, 1489-1542), et de belles endormies dont l’âme est « en vacance » (comme celles de Paris Bordone, 1495-1570).

L’étape décisive est celle où l’artiste, non content de représenter le dormeur-rêveur, s’aventure de surcroit à tenter de rendre compte du phénomène onirique lui-même, à nous montrer des « songes vrais », tirés de la Bible ou des vies de saints (Garofalo, 1481-1559, Véronèse, 1528-1588), ou pour offrir aux regards d’infernales visions (Jan Brueghel, 1568-1625, Jérôme Bosch, 1450-1516).

Certains, dont Giotto, 1267-1337, qui n’est pas à proprement parler un artiste de la Renaissance, juxtaposent en un même lieu le rêveur et le rêve. D’autres, dont le Greco, imaginent des médiations.

Les artistes du Nord nous feront entrer dans l’univers du cauchemar... La nuit révèle aussi des choses. Loin de masquer le visible, l’obscurité fait surgir d’autres espaces, de jeu, de liberté ou d’inquiétude...

L’exposition "La Renaissance et le rêve : Bosch, Véronèse, le Greco..." appelle aussi l’attention sur quelques œuvres énigmatiques comme Le Songe de Raphaël, du graveur Raimondi, ou Le Songe du docteur, de Dürer.

Le propos ici n’est pas qu’historique. Il s’agit aussi de rappeler l’intérêt que l’ancien régime, celui qui précédait la Renaissance, portait au rêve, largement effacé de nos mémoires par les révolutions successives et contraires de la psychanalyse et des neurosciences. Elle est aussi pour le public une invitation, à partir d’un tel ensemble d’œuvres de la Renaissance, à rêver lui-même en toute liberté, et à déployer toutes les formes que sera capable de prendre son imagination.

Une exposition d’œuvres judicieusement choisies, de Bosch, Véronèse, Le Greco, Andrea del Sarto, du Corrège, et de bien d’autres...

Alessandro Cecchi, directeur de la Galleria Palatina et du Jardin de Boboli au Palazzo Pitti, Florence, Yves Hersant, professeur à l’École des Hautes Études en sciences sociales, Paris, et Chiara Rabbi-Bernard, historienne de l’art sont commissaires de cette exposition.

La Renaissance et le rêve : Bosch, Véronèse, le Greco, du 9 octobre 2013 au 26 janvier 2014, au musée du Luxembourg, métro Saint-Sulpice ou Mabillon, Rer B Luxembourg, Bus 58, 84, 89.

Vous retrouverez dans l’article 2013 à Paris : les grandes expositions de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans Calendrier 2013 des grandes expositions à Paris, ces mêmes expositions sont classées par dates.

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Celui de cette exposition en fait partie.

Les Grandes Expositions et Calendrier 2014 peuvent déjà être consultés sur Évous.fr... et complétés, si vous disposez de plus d’informations que nous !

André Balbo

sources : Visite, RMN-GP, Soprintendenza del Polo Museale Fiorentino

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lundi 6 mai 2019,    Expositions