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DERNIERS JOURS : anniversaire de la rafle du Vel’d’Hiv à l’Hôtel-de-Ville : C’étaient des enfants, juifs, à Paris


Par l’exposition « C’étaient des enfants », la Mairie de Paris veut honorer le souvenir.

Jardin du souvenir à l’emplacement du Vel’d’Hiv

De ceux des enfants parisiens qui perdirent la vie comme de ceux de leurs camarades qui parvinrent à survivre aux années de guerre, d’occupation et de persécutions.

Elle tient aussi à apporter un éclairage sur cette lugubre période de notre histoire, en présentant de nombreux documents inédits, issus de collections particulières, dont par exemple ce journal, tenu par une adolescente juive parisienne membre des Éclaireurs israélites, qui parcourut Paris le jour même de la rafle afin de porter secours à des enfants laissés seuls...

16-17 juillet 1942. La plus importante arrestation massive de juifs de la Seconde Guerre mondiale, appelée rafle du Vélodrome d’Hiver, ou rafle du Vel’d’Hiv, a été effectuée à Paris et en banlieue, par la police française dans le cadre d’une vaste opération orchestrée par les nazis. Leurs dirigeants avaient jugé plus prudent d’éviter le 14 juillet…

Le gouvernement français collaborationniste fait participer quelque 9 000 policiers et gendarmes à cette opération, qui se conclura au total, selon la Préfecture elle-même, par 13 152 arrestations, regroupées au Vel’d’Hiv. Parmi elles, 12 884 juifs, dont 5 802 femmes, 3 031 hommes, et 4 051 enfants de moins de 16 ans. Leur âge ne les a plus protégés des barbaries nazie et vichyste. Ils partiront eux aussi vers les camps du Loiret, Beaune-la-Rolande et Pithiviers, puis de Compiègne et de Drancy.

Cette exposition présente la complexité et la diversité des enfances juives confrontées à la Shoah. Quelques-uns réussiront à se sortir de cet immonde piège. Ils furent appelés "survivants", "enfants cachés", "rescapés", pour peu qu’ils soient parvenus à échapper aux déportations. Mais l’immense majorité de ces enfants mourront de privations ou seront gazés à leur arrivée à Auschwitz, ou ailleurs.

Retenons que dans l’ensemble de l’Europe, 1,5 million d’enfants juifs ont été tués. Et parmi eux, 11 400 ont été déportés à partir de la France ou ont trouvé la mort dans l’un des camps d’internement installés sur le territoire français, dont 2 000, qui n’avaient pas 6 ans.

La majorité de ces jeunes victimes étaient de petits Parisiens. 200 seulement sont revenus vivants. Cette exposition invite aussi à s’interroger. Survivre ? Et après ?

Il faut prendre le temps de lire dans cette exposition. On y apprend par exemple que par précaution près de 10 000 enfants juifs furent envoyés en Grande-Bretagne.

Que les mesures prises contre les juifs furent progressives. En septembre 1940, les chefs de famille juives durent déclarer les membres de leur foyer aux sous préfectures. Qu’au 3 octobre de la même année était publié le 1er statut des juifs : était juif celui dont 3 grands-parents l’étaient, ou 2 de "la même race", si le conjoint l’était aussi... Dès le 19 du même mois le tampon rouge "juif" était appliqué sur les papiers d’identité.

L’exposition donne aussi quelques précisions sur la répartition des populations à Paris à cette époque. Ainsi apprend-t-on qu’il n’y avait pas d’arrondissement où le nombre de juifs était plus important que d’autres. Que dans l’Ouest il y avait davantage d’Israélites, à Belleville de yiddishophones, que la Roquette était un Bosphore miniature, que le IXe rassemblait des classes moyennes venues du Maghreb et de Salonique, que les juifs de Saint-Paul étaient immigrés et attachés à la pratique religieuse, et qu’enfin dans leur ensemble, ils étaient alors très majoritairement nés citoyens français.

Archives CDJC - Mémorial de la Shoah. Coll. OSE

Au total la France comptait 320 000 juifs, dont beaucoup provenaient de l’Est de l’Europe, dont la Pologne. Ils étaient majoritairement de conditions modestes, exerçant principalement dans l’artisanat et le commerce.

Paris comptait en 1941 30 000 enfants juifs. La 8e ordonnance allemande imposa le 28/05/42 le port de l’étoile jaune aux plus de 6 ans dans l’ensemble de la zone occupée. Selon la Préfecture de police de Paris, ils étaient quelque 17 000 dans ce cas. Les juifs devaient acheter leur insigne...

L’ordonnance du 8 juillet 1942 leur interdit les lieux publics, les parcs, les spectacles, les colonies de vacances, les enseignants juifs sont limogés, les universités et écoles professionnelles sont soumises à des quotas.

Depuis le 7/02/42, les juifs n’étaient plus autorisés à se trouver hors de leur domicile entre 20h et 6h du matin. Puis les rafles commencèrent : 4 232 hommes du IXe arrondissement furent arrêtés par la police parisienne le 8 avril 1941 ; il y eu la rafle dite "des billets verts" le 14/05/41 ; 743 juifs aisés le 12/12/41, et d’autres, qui aboutirent à la rafle du Vél’d’Hiv (14 000 arrestations), qui malgré son nombre inouï de "raflés", ne correspondit pour les Allemands qu’à la moitié de leur objectif...

Prendre le temps de lire... Qui furent les OSE, la Rue Amelot ? Quels catholiques prirent position ? Et les protestants actifs ? Le sentiment de compassion, rare mais pourtant encore trop fort dans la population française au gré des nazis... 4/5 des enfants juifs de Paris survécurent. Même proportion que dans l’ensemble de la France.

10 000 d’entre eux étaient orphelins à la fin du conflit.

Dans le même temps, et sur le même thème, l’exposition Au cœur du génocide. Les enfants dans la Shoah), se tient au Mémorial de la Shoah, du 20 juin au 30 décembre 2012, rassemblant des témoignages, intimes et spontanés, de ces enfants, de leurs espoirs, de leurs luttes, de leurs sentiments... Photographies et films d’époque évoquent le sort et les actes de ceux qui ne sont plus, et aussi de ceux qui ont survécu.

Le catalogue de l’exposition : C’étaient des enfants. Déportation et sauvetage des enfants juifs à Paris, est un ouvrage collectif qui a été établi par Sarah Gensburger, chargée de recherche au CNRS.

Il se divise en 5 grands thèmes, traités par des spécialistes de disciplines différentes et illustrés par de nombreux documents inédits : identification et exclusion, arrestations et déportations, sauver les enfants, vivre "cachés" survivre après, se souvenir des enfants et de son enfance.

Dans la préface, le maire de Paris Bertrand Delanoë rappelle quelques chiffres : "Plus de la moitié des 11 400 enfants juifs déportés depuis la France entre 1942 et 1944 auront été de petits Parisiens." 24,90€, 128 p. Publié chez Skira Flammarion.

Salon d’accueil de l’Hôtel de Ville. 29, rue de Rivoli. 75004 Paris. 01 42 76 51 53. Du 26 juin au 27 octobre. Ouvert tous les jours, sauf dimanche et jours fériés, de 10 à 19h. Gratuit. Métro Hôtel-de-Ville (1,11), Châtelet (1,4,7,11,14), Cité (4).

Vous retrouverez dans l’article « 2012 à Paris : les grandes expositions de A à Z » les différentes expositions 2012 déjà annoncées par leurs établissements et musées, et dans l’article « Calendrier 2012 des grandes expositions à Paris », ces mêmes expositions classées par dates.

David méditant devant la tête de Goliath, d’Orazio Gentileschi, huile sur lapis-lazuli, exposition Artemisia

Nous nous efforçons de tenir ces articles à jour, et nous vous remercions des suggestions, précisions et corrections que vous pourriez apporter à ces programmes.

Nous vous indiquons chaque semaine les nouveautés, les expositions qui fermeront bientôt leurs portes, et... nos préférences, car on ne se refait pas : "LA SEMAINE des expositions, musées, et galeries : que faire à Paris du...".

Nous tentons aussi de vous les présenter chaque mois : Février, Mars, Avril, Mai, Juin, Septembre, Octobre...

Contre l’actualité culturelle et historique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous établissons la sélection, pour Paris, des MEILLEURS CATALOGUES des expositions 2012. Celui de cette exposition en fait partie.

André Balbo

sources : Mairie de Paris, Wikipedia

Informations pratiques
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vendredi 6 octobre 2017,    Expositions