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Petit à petit, courts métrages d’animation pour enfants


Sorti en décembre 2007, ce programme de courts métrages d’animation franco-suédois propose aux enfants à partir de trois ans quatre films qui racontent l’aventure solitaire d’un enfant dont les parents sont absents soit parce qu’il les a perdus - c’est le cas de Lola la petite fille pigeon - soit parce qu’ils ne semblent pas vraiment préoccupés par leur enfant - dans Les pierres d’Aston ou L’enfant sans bouche - ou parce qu’ils ont confié leur progéniture à une autre personne - dans Les Abricots, un enfant passe la journée à la plage avec son oncle. Ainsi livré à lui même, chaque enfant doit affronter un problème : l’un n’a pas de bouche, l’autre doit abandonner les pierres qu’il collectionne parce que ses parents en ont marre de le voir amasser des cailloux, un autre essaye de comprendre la mer et ses mystères, et l’une enfin doit retrouver sa maison. Dans tous les cas, les enfants prennent étonnamment leurs problèmes à bras le corps, refusant d’abandonner leur objectif et parvenant toujours à leur fin.

Réalisés avec des techniques différentes, papiers et éléments découpés ou aquarelle, ces petits films montrent des personnages en train de comprendre qu’ils peuvent agir seuls sur le monde qui les entoure grâce à la parole, l’observation ou la volonté. Un des personnages les plus marquants est le chien collectionneur de pierres ( futur Molloy beckettien ? ) à qui ses parents mentent pour qu’il se débarrasse de ses précieux cailloux. Obstiné et taciturne, il ne se laisse pas démonter par la roublardise de ses géniteurs et commence une nouvelle collection, à l’instant même où il laisse ses pierres. Sa persévérance presque mécanique est désarmante. Des plans montrent ses mains et laissent son visage hors du cadre, comme s’il était une machine à amasser plus qu’un enfant (à nouveau la référence à Molloy s’impose, qui devient une vraie machine à calculer lorsqu’il déplace ses cailloux d’une poche à l’autre ). Face au chien devenu machine, les pierres se voient recouvertes d’un bonnet et bordées avant d’être emmenées en vacances et de déménager. L’humanité de l’enfant semble passer du côté des objets qu’il collectionne parce qu’il les aime tellement qu’il leur donne une vie que ses parents pas très compréhensifs ne lui transmettent plus.

Lola, la petite fille pigeon, lui ressemble un peu. Partie acheter de la confiture pour remplir les crêpes confectionnées par sa mère, elle ne retrouve plus sa maison et va chez tous les voisins avant de retrouver les siens. Comme le chien, elle persévère. Elle frappe à toute les portes, pédale sans cesse - en fil rouge les plans où Lola roule d’une maison à l’autre se répètent. Elle accumule si non des pierres, des rencontres ( mention spéciale au pingouin qui vit dans une maison gelée où il neige dans la cheminée et où un iceberg flotte dans le bocal du poisson ) et c’est cette accumulation qui lui permet de retrouver ses parents. Au fond, les personnages de Petit à petit sont des Sysiphes miniatures condamnés à un supplice qui n’a lui rien de mineur : pédaler toujours pour trouver sa maison, amasser des pierres ou des bâtons à l’infini, ne pouvoir ni parler ni agir, ou devoir répondre aux questions posées par les grands dans Les Abricots. Le motif de l’accumulation est présent dans chaque film qui confère aux actions un caractère absurde et fait des enfants des figures étranges de petits soldats. Ces sont les conclusions heureuses obtenues par la forte volonté des personnages qui viennent à bout de l’engrenage absurde dans lequel ils sont entrés et redonnent au film un ton léger.

Seul bémol, les voix des narrateurs, celles d’enfants ou d’adultes qui adoptent un ton enfantin, apportent parfois une touche de mièvrerie à l’ensemble pourtant loin d’être niais. L’atmosphère douce-amère reste prédominante qui en fait un programme unique et original à montrer à tous les enfants.

L’enfant sans bouche de Pierre-Luc Granjon, France, 2004, 4 mn. Les pierres d’Aston d’Uzi & Lotta Geffenblad, Suède, 2007, 9 mn. Les abricots d’Uzi & Lotta Geffenblad, Suède, 1996, 12 mn. Lola s’est perdue de Gun Jacobson & Lotta Geffenblad, Suède, 1991, 15 mn. Distribution : Le Parc distribution / Folioscope

Informations pratiques
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lundi 18 février 2019,    Pauline