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Semaine de 4,5 jours à l’école : la mairie de Paris vous répond

Deux grèves massives des enseignants ont émaillé le début de l’année 2013 à Paris. Le 24 janvier, nous avons passé la parole au syndicaliste parisien leader de la mobilisation, Jérôme Lambert. Cette fois, c’est au tour de l’adjointe au maire de Paris chargée de la vie scolaire et de la réussite éducative Colombe Brossel de répondre à vos questions.


Colombe Brossel, adjointe au maire de Paris chargée de la vie scolaire et de la réussite éducative / copyright Sophie ROBICHON - Mairie de Paris

Patricck : Pourquoi rester sur un schéma identique pour tous : selon les communes les solutions appropriées ne sont pas les mêmes. Contraindre toutes les écoles à fonctionner sur le même moule, n’est-il pas le résultat d’un dogme dépassé ? Pourquoi chaque commune et même chaque école ne pourraient-elles pas choisir dans une concertation, enseignants, parents, édiles des communes la solution la plus adaptée ?
Colombe Brossel, adjointe au maire de Paris chargée de la vie scolaire et de la réussite éducative : La réforme des rythmes éducatifs, voulue par François Hollande, se fonde sur un décret qui pose un cadre national. Ceci dit, le cadre prévoit bien sûr des aménagements possibles à l’échelle des communes. Nous avons l’ambition de construire avec les Parisiens un projet de qualité portant sur une nouvelle organisation de la semaine avec 3 heures hebdomadaires de temps éducatifs nouveaux à la rentrée 2013. Une fois défini, ce projet inscrit dans un cadre parisien s’appliquera logiquement dans toutes les écoles parisiennes. A partir du mois de mars, en termes de contenus, il sera décliné localement dans chacune des 662 écoles en concertation avec les parents d’élèves, les professeurs et les agents municipaux en autant de projets éducatifs prenant compte les spécificités de chaque école. Il n’y aura donc pas un schéma identique mais des projets concertés. De plus, il existe depuis longtemps un dispositif spécifique de l’Éducation nationale qui permet de mettre en place pour une école une organisation adaptée relevant d’un projet pédagogique particulier. Ce dispositif, aujourd’hui présent dans certaines écoles parisiennes, n’est pas remis en cause.

LES PVP MENACÉS ?

Manou : J’ai cru comprendre que les professeurs de la ville de Paris étaient menacés. C’est vrai ? Et ça changerait quoi ? Ils seraient remplacés comment ?
C. Brossel : Les professeurs de la Ville de Paris (PVP) constituent un corps spécifique qui enseigne la musique, le sport et les arts plastiques à tous les élèves d’élémentaire à Paris. Parce que nous sommes persuadés de l’utilité de leur intervention, nous souhaitons, contrairement à ce qui a pu être affirmé, que les professeurs de la Ville de Paris continuent à intervenir sur le temps scolaire, comme c’est le cas aujourd’hui. Il n’est pas question de réduire ce dispositif, d’ailleurs, de nouveaux concours de recrutement sont organisés en 2013. Ils constituent des personnels très qualifiés qui participent pleinement au succès de programmes comme L’Art pour grandir, permettant aux enfants parisiens de pratiquer des activités en lien avec les institutions culturelles.

ACTIVITÉS EXTRASCOLAIRES

Clobaud : Aujourd’hui que font les enfants le mercredi matin ? Souvent ils pratiquent du foot, de la musique, de la danse, du tennis, du dessin dans des lieux qui n’existent pas dans les écoles ? Et les personnes qui enseignent ces activités extrascolaires, que vont-elles devenir si on leur enlève leur moyen de travailler ?
C. Brossel : La Ville de Paris dispose d’un atout important dans la mise en place de cette réforme : elle offre déjà de multiples activités périscolaires et extrascolaires qui ne vont pas s’interrompre mais au contraire contribuer à enrichir le projet éducatif que nous voulons construire. En effet, le travail effectué par les agents municipaux, tels que les animateurs des centres de loisirs, les animateurs sportifs, ou encore dans les conservatoires municipaux, est de grande qualité et trouvera à s’inscrire dans le cadre de ces temps éducatifs nouveaux et des projets que nous allons mettre en place. Les enfants pourront aussi compter sur les bibliothèques municipales, les médiathèques, les musées municipaux, ou encore sur la vitalité du monde associatif culturel, sportif mais aussi des associations d’éducation populaire qui interviennent en complémentarité de l’enseignement délivré par l’école.

PROBLÈME DE GARDE

Tess : À qui pourra-t-on confier nos enfants si l’école débute plus tard le matin ou termine plus tôt le soir ? Garderie, nounou... Croyez-vous réellement que les enfants seront moins fatigués avec la nouvelle réforme ?
C. Brossel : Quelle que soit la nature de l’organisation de la semaine qui émergera de la concertation autour du projet éducatif parisien, si le temps scolaire quotidien est allégé, nous collectivité nous engageons à garantir un accueil, gratuit, des enfants avec des temps de sortie identiques. Par exemple si le temps de la classe venait à se terminer plus tôt qu’aujourd’hui dans l’après-midi, un accueil avec des activités serait assuré jusqu’à 16h30, il en serait de même pour l’hypothèse du matin. Quoi qu’il en soit, les journées actuelles des enfants sont bien trop longues et trop chargées en terme d’enseignement, les enfants ne peuvent pas dans de bonnes conditions suivre 6 heures d’apprentissage scolaire chaque jour. La réforme permet donc d’alléger les journées de classe et de proposer trois heures hebdomadaires de temps éducatifs nouveaux en termes d’activités ludiques, créatives, sportives ou artistiques. Il s’agit de temps distincts des temps de classe, ne demandant pas la même attention et ne causant donc pas la même fatigue.

MERCREDI APRÈS-MIDI

Nathalice (qui travaille loin de son lieu de résidence) : Le mercredi, l’école finissant à midi, qui prendra en charge les enfants ?
C. Brossel : Nous sommes tout à fait conscients que cette nouvelle organisation de la semaine nécessitera des adaptations de la part des familles, notamment en ce qui concerne la journée du mercredi. La question de la restauration scolaire du mercredi est évidemment posée. D’autre part la Ville de Paris continuera d’offrir le mercredi après-midi une offre d’accueil extrascolaire diversifiée et de qualité, par exemple dans ses centres de loisirs.

Retrouvez ci-dessous les réponses du syndicaliste parisien Jérôme Lambert, du ministère de l’Éducation nationale et de Sébastien Sihr, secrétaire général du syndicat Snuipp-FSU. Et retrouvez ici le calendrier de la réforme à Paris et des réunions publiques sur le sujet.


4,5 jours à l’école : le syndicaliste parisien Jérôme Lambert vous répond (article du 24 janvier 2013)

Mais la réforme des rythmes scolaires voulue par le gouvernement et qui devrait être appliquée à Paris dès septembre 2013 n’est pas comprise de tous. Les causes de la mobilisation des professeurs ne sont pas non plus comprises par le grand public et, surtout, par les parents. Afin de faire progresser le débat, pour ce nouvel exercice de réponses aux questions de lecteurs, Evous.fr a passé un coup de fil au syndicat leader de la mobilisation : le SNUipp-Paris. Dans un souci d’équité, si vous avez de nouvelles questions, nous les transmettrons à la mairie de Paris. Et pour rappel : la 1ère réunion publique de la mairie et du rectorat de Paris sur le sujet se tient ce soir au gymnase Jean-Jaurès (19e). Jérôme Lambert, secrétaire départemental du SNUipp à Paris, sera dans l’assistance.

Jérôme Lambert, secrétaire départemental du SNUipp à Paris, lors de la manifestation

Evous : Vous souhaitez éviter l’entrée en vigueur de la réforme à la rentrée 2013. Mais la semaine de 4 jours de la réforme Darcos ne vous convient pas non plus. Quelle serait donc selon vous la bonne organisation de la semaine à Paris ?
Jérôme Lambert, secrétaire départemental du SNUipp à Paris : Avant la réforme Darcos, les semaines à l’école comprenaient 26h d’enseignement par semaine. La réforme de Xavier Darcos a supprimé unilatéralement 2h d’enseignement en instaurant un temps d’étude personnalisé. Les enquêtes montrent que ce temps personnalisé n’a pas d’effet sur les élèves en réelle difficulté, ou uniquement ponctuellement. Dans un sens, la réforme Peillon acte celle de Darcos puisque il conserve les 24h d’enseignement en les étalant sur une demi-journée supplémentaire. Par ailleurs, on nous présente la semaine de 4,5 jours comme une évidence absolue or il pourrait y avoir 5 jours avec une autre répartition par exemple. Nous, au SNUipp75, nous n’avons pas un avis buté sur la question. La réforme ? Oui, il faut la faire mais il faut réfléchir au rythme d’enseignement. Nous avons demandé au rectorat de Paris des états généraux de l’école. Il faut 1 an de débat ! Nous avons des idées. Le gouvernement a demandé la création de 60.000 postes d’enseignants. Nous proposons de les utiliser notamment en intégrant un maître supplémentaire dans chaque école en difficulté qui pourrait intervenir sur des thématiques spécifiques. Je ne dis pas que cette proposition va convaincre les collègues mais nous demandons des états généraux pour que tout soit mis sur la table !

PLUS DE SPORT, DE CULTURE...

Delphine : Des activités sportives et culturelles seront-elles mises en place dans le cadre de l’école ? Si oui qui aura la charge financière de ces activités ?
J. Lambert : (Ndlr : La réforme le prévoit.) Dans l’état actuel, les communes sont incapables de le faire. A Paris, à une époque, on nous a répété que la Ville n’avait pas les moyens. Maintenant, elle a le budget… Mais alors où va être pris cet argent ? Quel autre service public va être lésé ? La mairie ne nous répond pas.

Manou : J’ai cru comprendre que les professeurs de la Ville de Paris étaient menacés. C’est vrai ? Et ça changerait quoi ? Ils seraient remplacés comment ?
J. Lambert : Les professeurs de la Ville de Paris (PVP), une exception en France, sont une chance pour les élèves parisiens ! Selon certains, il s’agit d’un privilège. Moi je ne vois pas un avantage pour les élèves comme un privilège… Ce sont des fonctionnaires territoriaux qui interviennent dans des domaines particuliers à l’école : le sport, les arts plastiques… Depuis 1 an, la mairie est obsédée par les réductions budgétaires. Il existe une volonté d’arrêter ce dispositif avec la perspective d’utiliser les PVP sur le temps périscolaire. Mais finalement, la mairie ne devrait pas toucher aux PVP en 2013. La Ville de Paris a compris qu’elle ne pourrait pas le faire. Au SNUipp,75, nous sommes très attachés à ce dispositif qui nous permet par exemple de travailler avec un petit groupe pendant que le PVP prend en charge la plupart des élèves. Attention : ce n’était pas pour autant la seule raison de notre mobilisation !

LES PLUS PETITS

Lili : Je voulais savoir si ça concerne aussi les maternelles pour l’école le mercredi.
J. Lambert : A priori oui. Je dis bien a priori parce que les informations nous parviennent par dépêches, par voie de presse. Pas directement.

Nolankev : Cette réforme impacte aussi les assistantes maternelles qui vont perdre une demi-journée de garde si on scolarise les moins de 3 ans. Ne sont-elles pas les oubliées de ce débat ?
J. Lambert : Cette intervention est intéressante car elle montre que la réforme nécessite un vrai débat, global. Car pour l’instant, les assistantes maternelles, monsieur Peillon s’en moque, comme il se moque des enseignants.


Semaine de 4,5 jours à l’école à Paris : vos questions ! (article du mardi 22 janvier 2013)

Ce matin, les élèves du premier degré ont trouvé portes closes dans plus de la moitié des écoles parisiennes. Et même quand les portes sont ouvertes, peu de cours sont assurés : près de 90% des enseignants seraient en grève. Ils manifestent cette après-midi au ministère de l’Éducation nationale. En cause : la réforme des rythmes scolaires, avec le retour à la semaine de 4,5 jours, dès la rentrée de septembre 2013 à Paris. Vous avez des questions ?

QUESTIONS-RÉPONSES. Vous posez vos questions sur un thème d’actualité. Nous trouvons un expert pour y répondre, même si nous sommes logiquement contraints à sélectionner les interrogations les plus pertinentes. Concernant la réforme des rythmes scolaire, nous transmettrons vos questions à un syndicat d’enseignants ou à la Ville de Paris selon les sujets abordés. Pour poser une question, direction l’espace commentaires en bas de page. Rendez-vous la semaine prochaine pour les réponses...


Le ministère de l’Éducation nationale vous répond ! (article du 24 octobre 2012)

Début octobre 2012, le président de la République François Hollande a présenté les grandes lignes de sa réforme de l’éducation : le retour à la semaine de 4,5 jours, l’instauration d’un temps pour faire les devoirs à l’école, la scolarisation des enfants de moins de 3 ans, des écoles supérieures du professorat, la limitation des redoublements... A Paris et en Ile-de-France, où la scolarisation précoce est rare, où la concurrence est rude pour accéder aux écoles souhaitées et où la question de l’accueil périscolaire reste problématique, est-ce réalisable ? Sébastien Sihr, secrétaire général et porte-parole du SNUipp-FSU, apportait quelques éléments de réponses en mai dernier. Suite à l’annonce de François Hollande, nous avons renouvelé l’opération. Nous avons transmis vos questions à l’Académie de Paris... qui les a transmis au ministère de l’Éducation nationale. C’est donc finalement le service communication du ministère qui nous a appelés pour répondre à vos interrogations.

Evous : L’allègement de la journée scolaire et le passage à 4,5 jours ne posent-ils pas des problèmes en termes d’accueil périscolaire ? Notamment à Paris où les questions de garde d’enfants peuvent être problématiques et coûteuses.

Ministère de l’Éducation nationale : C’est une question de rééquilibrage. Nous sommes aujourd’hui à 4 journées de classe avec un accueil périscolaire le mercredi et en fin de journée. Du point de vue de la famille, le retour à 4,5 jours par semaine demande une réorganisation. Cela pose aussi certaines questions en termes de transport scolaire mais sur ce point, le débat et les discussions ne sont pas closes. En revanche, en ce qui concerne le passage à 4,5 jours par semaine, la décision est prise. Le gouvernement ne va plus revenir dessus. L’autre question essentielle est la réduction de la journée scolaire. Le ministre souhaite passer à une journée de 5h le lundi, le mardi, le jeudi et le vendredi et de 3h le mercredi. Il n’envisage cependant pas une sortie des enfants avant 16h30. Il prévoit enfin d’intégrer 2h par semaine d’aide aux devoirs.

DEVOIRS À L’ÉCOLE

Patricck : Les devoirs à la maison ne sont-ils pas déjà interdits depuis belle lurette ?

Ministère de l’Éducation nationale : Ce qui est interdit, ce sont les devoirs écrits. En revanche, la loi n’interdit pas de réviser et de relire les leçons à la maison. Ou apprendre une poésie par exemple. Désormais, ce travail se fera sur le temps scolaire. Après, il faut aussi se rendre compte qu’on ne demande pas la même charge de travail à un CP ou à un CM... Pour les CM2, par exemple, il faut petit à petit les préparer à la 6e où ils se retrouvent dès la première semaine avec beaucoup de devoirs à faire à la maison.

Patricck : Croyez-vous que cette réforme puisse changer quelque chose à l’échec scolaire ?

Ministère de l’Éducation nationale : Cela peut aider à limiter l’échec scolaire. Les devoirs à la maison, c’est un facteur de disparités très fort entre les parents qui ont la possibilité d’aider leur enfant et ceux qui ne l’ont pas. Vincent Peillon considère cette inégalité comme inacceptable. "Repasser" les devoirs avec un professeur formé, cela peut aider à diminuer les disparités.

HEURES SUP’

Michèle : Je me pose surtout la question des devoirs à l’école et non plus à la maison. Cela demande de réserver minimum 1h par jour à l’école pour les CM (ndlr : 2h par semaine seulement : voir la réponse à la première question). Dans l’idée, c’est bien parce que ça les force à travailler. Mais les professeurs des écoles vont-ils accepter ces heures sup’ ?

Ministère de l’Éducation nationale : Ce ne sont pas des heures supplémentaires ! En 2008, nous sommes passés à 4 jours de classe. Mais avant, la semaine scolaire s’étalait déjà sur 5 jours. Les enseignants doivent assurer 27h par semaine. Aujourd’hui, ils sont à 6h par jour, 4 fois par semaine, auxquels on ajoute 2h d’aide personnalisée et 1h de réunion pédagogique. Avec la réforme, les enseignants seront à 25h par semaine (5h 4 jours, 3h le mercredi, plus 2h pour les devoirs), le reste étant en cours de discussion. Dans tous les cas, le gouvernement a été clair : en aucun cas le service enseignant ne connaîtra d’augmentation !

LE MERCREDI MATIN

Anouk : N’y avait-il pas déjà classe dans certaines écoles le mercredi matin ?

Ministère de l’Éducation nationale : Si ! En 2008, certaines écoles ont fait ce choix. Comment la transition va se passer pour eux ? Il s’agit de cas particuliers donc on ne peut pas encore le dire. 5h par jour, ce sera le cadrage national. Après, il est possible qu’il y ait des particularités dans certaines écoles.

Gabi : N’est-ce pas une bonne chose pour les enfants d’avoir à la fois le mercredi et le samedi matin libres ?

Ministère de l’Éducation nationale : En France, les élèves ont 144 jours de classe par an. C’est très en dessous de la moyenne de l’OCDE. Et les experts de l’enfance estiment que les journées de classe sont trop chargées ! L’organisation actuelle est pratique pour les familles mais elle n’est pas respectueuse du rythme et du bien-être de l’enfant. Après, ces dernières années, les mœurs familiales ont évolué. Il serait ainsi difficile de revenir à l’école le samedi matin. C’est la raison pour laquelle la demi-journée supplémentaire sera probablement fixée le mercredi.


Semaine de 4,5 jours, les devoirs à l’école et la maternelle avant 3 ans : à Paris, c’est possible ? Vos questions ! (article du 10 octobre 2012)

LA RÉFORME. Dès la rentrée prochaine, en septembre 2013, les enfants passeront 4,5 jours à l’école par semaine. C’est l’une des mesures phares annoncées hier par François Hollande. Le président de la République a présenté à la Sorbonne les grandes lignes de sa réforme de l’éducation, le "grand chantier" de son quinquennat annoncé lors de la campagne présidentielle. Une réforme centrée sur la maternelle et le primaire.

S’il n’a pas égrainé le détail des mesures nécessaires à la mise en pratique de sa réforme, François Hollande s’est donné plusieurs objectifs : la modification des rythmes scolaires avec "l’allégement de la journée" mais l’étalement de la semaine et de l’année, la scolarisation des enfants de moins de 3 ans "dans les zones en difficulté", des écoles supérieures du professorat, la limitation des redoublements... Dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires, outre le retour à la semaine de 4,5 jours à l’école, le chef de l’État prévoit l’instauration prochaine d’un "temps éducatif complémentaire". L’idée est d’abroger le temps de travail à la maison. À l’avenir, les enfants feront leurs devoirs à l’école. Quand ? Trois mesures doivent entrer en vigueur dès la rentrée 2013 : le rétablissement de la formation initiale des enseignants, la semaine de 4,5 jours et la scolarisation des moins de 3 ans dans les zones prioritaires.

QUESTIONS-RÉPONSES. Posez vos questions sur un thème d’actualité. Nous trouvons un expert pour y répondre, même si nous sommes logiquement contraints à sélectionner les interrogations les plus pertinentes. Concernant la réforme de l’éducation, nous transmettrons vos questions à un responsable de l’académie de Paris ou à un représentant des professeurs parisiens. Pour poser une question, direction l’espace commentaires en bas de page. Rendez-vous dans une dizaine de jours pour les réponses...


Semaine de 5 jours à l’école : Sébastien Sihr, du premier syndicat du primaire, vous répond ! (article du 25 mai 2012)

Le nouveau ministre de l’Éducation nationale Vincent Peillon a jeté un pavé dans la mare : le retour de la semaine de 5 jours à l’école primaire. Si le Premier minstre s’est empressé de tempérer ses propos, rappelant l’importance de la concertation, cette annonce pose de nombreuses questions. Evous.fr a relayé vos interrogations auprès du principal syndicat de professeurs des écoles primaires.

Sébastien Sihr, secrétaire général et porte-parole du SNUipp-FSU

Evous : Le SNUipp-FSU a-t-il été contacté en vue des discussions à venir sur les rythmes scolaires ?

Sébastien Sihr, secrétaire général et porte-parole du SNUipp-FSU : A ce jour, rien n’est formalisé. Le ministre n’a pris ses fonctions que depuis quelques jours. Pour autant, nous sommes demandeurs d’une méthode et d’un calendrier de discussion transparents. C’est indispensable à la qualité et à la sérénité du debat. Mais, c’est aussi loin d’être le seul sujet dont le SNUipp-FSU veut discuter avec le ministère ; les conditions de la rentrée prochaine et celles de formation des professeurs stagiaires sont par exemple très urgentes à traiter ! À ce titre, il faut que l’annonce du recrutement de 1 000 enseignants se concrétise et que leur affectation permette l’ouverture de classes et de postes Rased (réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté) par exemple.

Evous : Justement, cette réforme des rythmes scolaires peut-elle permettre d’augmenter le nombre de Rased (réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté) ?

Sébastien Sihr : Les postes d’enseignants spécialisés des Rased qui viennent en aide aux élèves les plus en difficulté ont été considérablement réduits ces dernières années et il est absolument indispensable de revenir sur une situation où on ne peut plus prendre en charge la difficulté scolaire correctement. Pour nous, cela doit se faire sur le temps passé à l’école, et non en dehors, et cela suppose bien sûr d’augmenter les Rased.

Evous : Une réforme rentrant en vigueur à la rentrée 2013 vous semble-t-elle raisonnable ?

Sébastien Sihr : Le ministre est dans son rôle. Il fixe un nouveau cap en voulant revenir sur la réforme de 2008 par Xavier Darcos, qui a déstabilisé la vie des enfants, des familles et de l’école. Mais pour reussir, il faut admettre que le chantier est complexe tant il a des implications sur le vie des enfants, des familles, des enseignants et qu’il engage les collectivites locales. D’où la necessité de mettre en place une véritable consultation au cours de laquelle les enseignants doivent être entendus comme professionnels de l’éducation et comme des personnels dont le travail et la vie quotidienne sont directement concernés tout comme les familles.

Gabi : N’est-ce pas une bonne chose pour les enfants d’avoir à la fois le mercredi et le samedi matin de libre ?

Sébastien Sihr : Les réponses sont diverses, même du point des vue des familles qui ne vivent pas toutes la même chose, cela dépend tant du travail des parents que de l’endroit où l’on vit, de l’accès aux loisirs... Les chronobiologistes, eux, mettent en avant les problèmes de désynchronisation des rythmes lorsqu’il y a des ruptures à répétition dans la semaine. Essayons de réfléchir, en pensant aux conditions de la réussite de chaque enfant, à ne pas mettre en place un système qui augmenterait les inégalités : il n’y a pas partout et pour tous les mêmes possibilités. L’école doit être un facteur de lutte contre les inégalités et l’organisation du temps doit y participer.

Anouk : N’y avait-il pas déjà classe dans certaines écoles le mercredi matin ?

Sébastien Sihr : Il est en effet possible de travailler aujourd’hui sur 4,5 jours. Certains conseils d’école réunissant parents, enseignants et élus, mais en assez petit nombre, ont fait ce choix.

Anonyme : Je suis pour des journées moins chargées mais l’accueil périscolaire va-t-il être mis en place en conséquence ? J’habite dans le 18e et je dois déjà employer une babysitter pour aller chercher ma fille à la sortie de l’école... (Réponse de Sonia, autre lectrice : Etant instit, je pense que le temps après l’école sera pris en charge par les centres de loisir.)

Sébastien Sihr : C’est en effet un des problèmes qui se pose dans la réflexion sur l’organisation des temps de l’enfant. Avoir des journées de classe moins chargées, cela demande que les collectivités organisent la prise en charge des enfants quand ils ont fini l’école. Et là, on sait que toutes les communes n’ont pas les mêmes moyens, ni la même volonté pour consacrer des moyens à un accueil de qualité. Nous pensons qu’il faut garantir une égalité sur tout le territoire.


(Article du 18 mai 2012)

Le questions-réponses. Evous.fr se lance un nouveau défi : vous posez vos questions sur un thème d’actualité, puis nous trouvons un expert pour répondre à un maximum d’interrogations. Concernant les retraites, les réponses devraient être publiées cette semaine. Pour la semaine de 5 jours, vous avez jusqu’au jeudi 24 mai 2012 pour nous interroger. Selon la nature de vos questions, nous les transmettrons à un professeur (parisien !) ou à un spécialiste de l’enfance (parisien !). Pour poser une question, cliquez ici.

Réforme des rythmes scolaires, le contexte. Tout juste nommé ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon a marqué les esprits : il veut revenir à la semaine de 5 jours. Pour rappel, c’est l’un de ses prédécesseurs, Xavier Darcos, qui avait supprimé l’école le samedi matin pour les enfants en 2008. Vincent Peillon est lui plutôt favorable au mercredi matin mais souhaite laisser le soin aux collectivités locales de choisir entre le samedi et le mercredi. Dans tous les cas, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a rappelé, sur France Inter, qu’aucune décision ne serait prise sans passer par une concertation "avec les enseignants, avec les parents d’élèves, avec tous les professeurs et tous ceux qui ont leur mot à dire". Et c’est le Premier ministre qui tranchera, avec éventuellement d’autres modifications des rythmes scolaires, comme des journées moins longues ou des vacances scolaires raccourcies de 2 semaines. A priori, la révolution ne sera pas pour la rentrée 2012 mais pour septembre 2013.

Informations pratiques
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vendredi 6 octobre 2017,    Benoît