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Thor : A vous rendre marteau

Thor est son nom, épique est son aventure... Un film musclé et efficace.


Kenneth Branagh a connu des fortunes diverses en ce qui concerne ses choix cinématographiques. Souvent acclamé pour ses adaptations des œuvres de Shakespeare, il lui est aussi arrivé de mettre les pieds dans le plat de navet, lorsque son amour pour le dramaturge anglais le poussait à commettre quelques fautes de goût (voir son Frankenstein). A bien y regarder, il y a très peu de son œuvre en tant que réalisateur qui ait échappé à son obsession pour l’auteur d’Hamlet. Pour le meilleur et pour le pire. Thor, fils d’Odin, embrassera-t-il la destinée de la Créature née de la folie du docteur Frankenstein ?

Pour ceux qui vont à la messe avec un tee-shirt à l’effigie de Yoda sur les épaules, Thor n’est pas qu’un dieu de la mythologie nordique. C’est surtout un personnage réinventé par le prolifique et richissime Stan Lee, apparaissant pour la première fois dans un comic book en 1962. Pour Stan Lee, Thor est un dieu arrogant et vindicatif, banni par son père Odin du royaume d’Asgard pour mieux méditer sur le sens de l’expression « fais ce que ton père te demande surtout si c’est Odin ». Thor atterrit sur Terre, privé de ses pouvoirs liés à son marteau légendaire et surpuissant, Mjölnir, mais doué tout de même d’une force hors du commun et d’une capacité certaine à encaisser les coups.

Dans le film de Kenneth Branagh, deux intrigues s’entremêlent alors. Sur Asgard, Loki, le frère de Thor, prend le pouvoir suprême au moment où Odin tombe gravement malade. Jaloux de Thor, il refuse de lever le bannissement. Sur Terre, Thor tente d’échapper au SHIELD, une organisation secrète récurrente dans l’univers des super-héros, et de retrouver son marteau magique. Il sera aidé en cela par un trio de scientifiques, dont Jane Foster qui, comme toutes les spectatrices, perd l’usage de la parole lorsqu’il s’agit d’évoquer la musculature impressionnante du dieu nordique...

Les aventures de Thor vont prendre une tournure Shakespearienne lorsqu’il va se rendre compte que la trahison, le mensonge, la soif de pouvoir et la folie sont au chevet de son père malade. C’est là que les choses pourraient se compliquer. Kenneth Branagh pourrait se laisser déborder par son obsession et verser dans la grandiloquence, faisant réciter des vers à un blond bodybuildé en collant et cape rouge. Loin de là, le réalisateur a l’intelligence de donner dans la simplicité et l’efficacité.

Thor reprend à son avantage tous les ingrédients qui ont fait le succès des Spiderman, Ironman et consort. Le scénario est simple sans être simpliste. Tous les personnages ont quelque chose à se reprocher, à commencer par Thor, immature et arrogant, Odin, froid et aveugle, et Loki, jaloux de son frère. Le personnage de Jane Foster est un grand classique dans l’univers des comics : elle est celle qui dompte le super-héros et contribue à lui donner un peu plus d’humanité. Et, évidemment, elle est sexy et intelligente. La talentueuse Nathalie Portman est légèrement sous-employée dans ce rôle, mais elle semble prendre du plaisir à l’incarner.

Autre ingrédient indispensable à tout bon fils de super-héros : des scènes d’action où tout ou presque est permis, donc autorisé, donc fortement conseillé. C’est ici que Branagh a joué en finesse. Les scènes de combat entre Thor, ses compagnons et leurs adversaires sont vraiment impressionnantes et réussies, mais il a pris soin de ne pas en surcharger le film. Il ménage ainsi l’appétit du spectateur qui en redemande toujours plus.

Enfin, les super-héros ne survivraient pas longtemps à l’œil acerbe et au verbe vitriolé de notre société, s’ils n’avaient pas un solide sens de l’humour. Kenneth Baragh et les scénaristes du film n’ont pas hésité à jouer sur le côté ridicule de ces adultes lâchés sur terre habillés comme… et bien, des dieux nordiques. Quelques scènes sont franchement drôles, surtout dans la première moitié du film, et elles doivent une bonne partie de leur réussite au talent du casting.

Chris Hemsworth est certes désagréablement musclé et viril, mais il est aussi très joueur et il insuffle un côté enfantin à son personnage qui le rend immédiatement sympathique. Du côté des second rôles, outre la présence toujours magnétique d’Anthony Hopkins, on notera la belle performance de l’anglais Tom Hiddleston, qui incarne avec beaucoup de conviction un Loki perturbé et reptilien. Stellan Skarsgard parvient à donner de l’épaisseur à son petit rôle et à bien mettre en valeur Nathalie Portman.

L’un des points forts sans doute de ce film restera son achèvement esthétique, surtout en ce qui concerne les séquences tournées à Asgard. Le royaume des dieux est magnifiquement reconstitué, au point que la Terre semble en comparaison plate et triste. On retiendra notamment cette scène très réussie à la fin du film, qui se déroule sur les bords du royaume, là où la mer chute en cataracte dans l’infini de l’espace.

Parfaitement maîtrisé de bout en bout, ce Thor est une bonne surprise, à classer en haut du panier des films de super-héros. Les fans du comic book devraient être satisfaits, et ceux qui aiment simplement se laisser emporter par un univers fantastique aussi. Ceux-là ne devraient pas cesser de se réjouir de sitôt : de nombreux clins d’œil dans le film font référence à un film qui verra le jour en 2012 et rassemblera Thor, Ironman, Hulk, Hawkeye, Captain America et d’autres : The Avengers. La boucle sera bouclée.

Thor
- Sortie le 27 avril 2011
- Réalisé par Kenneth Baragh
- Scénario de Zack Stentz, Don Payne, Ashley Edward Miller
- Avec : Chris Hemsworth, Natalie Portman, Anthony Hopkins, Tom Hiddleston, Stellan Skarsgard, Colm Feore, Idris Elba, Ray Stevenson, Kat Dennings, Rene Russo, Clark Gregg, Jaimie Alexander, Tadanobu Asano, Joshua Dallas

Informations pratiques
Adresse, horaires, numéro de téléphone, liens...

vendredi 15 février 2019,    Morgan