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Voter utile et contestataire : chronique d’un parcours du citoyen combattant


"Je veux voter, mais pour aucun d’entre eux !"

- Nicolas Sarkozy n’a plus rien à prouver ni à apporter,
- François Hollande fait des promesses comme d’autres font des voeux,
- François Bayrou arrive à parler des heures sans dire la moindre chose concrète,
- Marine Le Pen envoie plus d’insultes et de haine que de propositions pour améliorer ma vie,
- Jean-Luc Mélenchon est l’inverse de Bayrou : trop technique et trop tendance,
- Nicolas Dupont-Aignan ne représente plus grand chose,
- Nathalie Arthaud me fait regretter Arlette mais pas le trotskisme,
- Philippe Poutou me donne envie de lui servir à boire aux frais de la maison, mais pas de voter pour lui,
- Jacques Cheminade ressemble plus à un transfuge des grosses têtes qui aurait lu et relu Dan Brown à la lumière de Thierry Meyssan qu’à un candidat,
- Eva Joly et ses lunettes vertes me donnent envie de scier un arbre.

"Et moi, je fais quoi ?"

En tant que jeune homme responsable et conscient de mes devoirs de citoyen, j’ai envie d’aller voter, mais j’ai l’impression de me retrouver dans la situation de celui à qui on a offert un chèque-cadeau pour un magasin vide.
Comment voter utile et contestataire sans avoir à choisir un candidat en qui je ne crois pas ?
L’abstention est hors de question, et le vote blanc n’est pas reconnu. J’avais un temps pensé à voter pour Edgar Allan Poe, Tatie Danielle ou le Capitaine Flam, mais cela reviendrait dans les faits à s’abstenir et à se retrouver dans la même case que les fainéants, ou ceux qui ne sont pas allés voter en raison du mauvais temps et du cours du parapluie.

Aujourd’hui, mon choix se résume donc à deux solutions : voter en dépit de mes convictions ou ne pas voter. Les deux solutions me semblent tout aussi anti-citoyennes.

Analysons donc les possibilités qui s’offrent à moi dans le cas où je déciderais d’aller voter malgré tout. J’élimine d’emblée Cheminade-Poutou-Arthaud-Joly-Dupont-Aignan parce que le but pour moi est de voter utile et qu’aucun de ces candidats n’arrivera à dépasser trois ou quatre pour cent.

Il me reste un ticket Sarkozy-Hollande-Le Pen-Mélenchon-Bayrou. Rien de très excitant vous avouerez. Toutes orientations politiques mises à part, qu’entends-je par "vote utile et contestataire" ? C’est voter en montrant aux élus, aux aspirants élus et à tous ceux qui sortent de l’ENA la bouche en cœur et les yeux mouillés que j’en ai assez de me faire représenter pas des gens pas présentables du tout. A bas, donc, la dictature des grands partis qui ne font que mouliner les mêmes arguments (il n’est même pas question de parler de "propositions") depuis le début du XXe siècle comme si la société n’évoluait pas.

Il reste donc Le Pen-Mélenchon-Bayrou. D’un côté les "durs" Le Pen et Mélenchon, et de l’autre côté le "mou" Bayrou. Le vote utile et contestataire ne peut pas être mou, bye-bye donc Bayrou.

C’est alors que le désespoir civique me prend pour de bon. Je ne peux vraiment pas concevoir de voter Le Pen, même dans mes pires cauchemars. Tout chez elle me révulse, depuis sa façon de vendre la haine comme du poisson, jusqu’à son habileté diabolique dans les joutes oratoires, une habileté héritée de papa et avant lui de bien d’autres hommes et femmes qui ont compris que pour se faire aimer, il faut faire haïr d’autres que soi.

"Mélenchon, c’est la solution", "Mélenchons-nous !". J’ai beau écouter la petite voix qui me lance des slogans pour m’amadouer, je n’y crois pas vraiment. Et s’il était élu ? Est-ce que nous assisterions à une vague d’émigration des financiers et des capitaux qu’ils portent en bandoulière vers d’autres cieux plus cléments ? Est-ce qu’Eric Cantona serait nommé ministre des Finances et que sa première mesure serait de bannir les banques et de réinstaurer une économie au matelas et au bas de laine ? Est-ce que Bruxelles déclarera la France traître à sa propre Union Européenne et devrons nous chercher du réconfort auprès de l’Équateur, le seul pays ami officiel de Mélanchon ?

Bigre... Quelqu’un m’a dit récemment qu’écouter Mélenchon parler lui faisait penser à un homme essayant une bottine en cuir neuve. Depuis, l’image ne me quitte plus. Je ne voterai pas pour une bottine en cuir, même neuve. Certains diront que c’est une bien mauvaise raison de ne pas faire son devoir de citoyen. Ils diront que je fais la fine bouche, le difficile, qu’il y a bien un candidat qui se rapprocherait de mes convictions. Et bien non. Avec mauvaise conscience, mais avec conviction, j’irai voter. Blanc. Abstentionniste. Mon nouveau parti. Tant pis si on me prend pour un fainéant.

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Pour aller plus loin
jeudi 19 avril 2012,    Morgan