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Archives. Au Centre Pompidou de l’expo phénomène Dali

Toujours plus fort ! L’exposition Hopper a "fait" 784 000 visiteurs, en finissant avec 62 heures non-stop ! L’exposition Dali, qui reçoit bien plus de 6 000 visiteurs par jour, battra-t-elle ce record stratosphérique ? Pour tenter de satisfaire de telles foules, l’exposition est ouverte du jeudi au samedi jusqu’à 23h, soit une heure de plus que les autres jours (c’est fermé le mardi).

Devant un tel phénomène, l’attente devient de 25mn en période "verte", dite "de basse affluence". Avec 700 personnes à l’intérieur tout de même, le maximum possible... Jusqu’à quelques heures à patienter quand la queue atteint le parvis.


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De même qu’il fallait imaginer Sisyphe heureux, il faudra bien un jour imaginer Dali sincère...

Le spectre du sexappeal, vers 1934 Huile sur bois - 17,9 x 13,9 cm Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres © Salvador Dalí, Fundació Gala-Salvador Dalí / Adagp, Paris 2012

Cette exposition vient de se voir décerner, par un jury de critiques présidé par Hervé Bourges, le Globe de Cristal des expositions de l’année, remis au Lido le 4 février 2013. Elle était mise en compétition avec les "nommées" suivantes : Hopper (Edward), au Grand Palais, Design en Afrique, s’asseoir, se coucher et rêver, au musée Dapper, Abdessemed (Adel), au Centre Pompidou, et Canaletto – Guardi, au musée Jacquemart-André.

2012 restera décidément comme une année exceptionnelle pour les amateurs de Salvador Dalí, né et mort à Figueras (1904-1989).

Une grande année, et cela correspond bien à ce personnage qui souhaitait à 6 ans devenir :
- une cuisinière,
- Napoléon à 7 ans,
- et avait déclaré "depuis, mon ambition n’a cessé de croître, comme ma folie des grandeurs."

Il y eut l’exposition Signé Dalí, la collection d’Enrique Sabater, qui avait été son secrétaire particulier les dernières années, et dévoila, à l’Espace Dalí, jusqu’au 10 mai, les cadeaux qu’il avait reçus du maître, son ami, certainement plus amicaux qu’artistiques, mais quand les sentiments vont, tout va...

Des dessins, des dédicaces et quelques œuvres pleines d’affection, dans cet étrange endroit injustement plus connu des touristes étrangers que des Parisiens.

Maintenant, dans le plus grand tohu-bohu et une orchestration de communication sans pareille, le Centre Pompidou vient de lancer l’événement Dalí, drivé par 4 commissaires, s’il vous plaît, manifestation forcément bien plus considérable, et qui ne pourra que faire date.

D’une part parce que la dernière exposition qui fut consacrée à cet artiste eut lieu il y a déjà plus de 30 ans. C’est long.

Et d’autre part parce qu’elle est restée dans les annales comme étant la plus visitée de toute la programmation de Beaubourg !

La rétrospective 2012 des œuvres de Salvador Dalí, au Centre Pompidou, Galerie 1, se tient du 21 novembre 2012 au 25 mars 2013, et inutile de vous dire qu’elle est à la dimension de ce que le pape de la paranoïa critique aurait voulu qu’elle soit.

Plus de 200 œuvres (peintures, sculptures, dessins), dont les chefs-d’œuvre du Reína Sofia, de Madrid, mais aussi l’emblématique tableau Les Montres molles, conservé au MoMA de New York, et de belles pièces venues de Saint-Petersburg, en Floride, sont rassemblées pour l’occasion.

Et des objets, des sculptures, dont la Boulangère, de nombreux extraits de films auxquels, dans sa grande bonté, il avait accordé sa participation (Hitchcock, Disney quand même...) des documents sonores, dans une scénographie étudiée et daliniennement adaptée…

Figurez-vous que, lors de son dernier passage au Centre Pompidou, en 1979, il aurait tenu à préciser ce qu’il attendait de la scénographie de cette exposition d’aujourd’hui. Que les tableaux soient à la périphérie de ce vaste espace.

Tel fut respectueusement fait, mais personnellement je trouve que l’éloignement comme le "trop de place derrière soi", quand on regarde des tableaux quels qu’ils soient, nuisent à l’épanouissement de notre perception qui, pour gagner en intimité et en échange avec le tableau, nécessite moins de vacuité alentour. Selon moi, bien sûr ! D’autant que Dali n’est jamais avare de détails dans ses toiles, ni de petits personnages qui ajoutent à la narration de ses tableaux, encore et encore...

Heureusement de petits kiosques présentant les œuvres plus réduites viennent pondérer ce concept réducteur et couper un peu cet espace.

Cette rétrospective éclaire l’œuvre et peut-être plus encore la personnalité de Dalí, précurseur de l’art d’attitude, avec l’acuité et les changements de perspectives que seul donne l’éloignement spatio-temporel et le brouillard du long défilement des années.

Elle réserve peut-être aussi la surprise d’une profonde modification des publics attirés par Salvador Dalí.

De nouvelles générations d’admirateurs se sont-elles levées pour ce talent si aiguisé, si paranoïaque, et aussi immense que le serait la gare de Perpignan ?

La Guerre civile espagnole, la Seconde Guerre mondiale, le spectre de l’holocauste et les plus grands drames du XXe siècle avaient infusé dans son processus délirant d’interprétation dès les années 1950. Comme tous les événements de sa propre vie personnelle d’ailleurs...

"Je me suis construit sur ces grèves, j’y ai créé mon personnage, découvert mon amour, peint mon œuvre, édifié ma maison. Je suis inséparable de ce ciel, de cette mer, de ces rochers : lié à jamais à Portlligat - qui veut dire "port lié", où j’ai défini toutes mes vérités crues et mes racines. Je ne suis chez moi qu’en ce lieu. Ailleurs je campe".

Le parcours de cette exposition respectera des sections chrono-thématiques, c’est à dire ni tout à fait chronologiques ni tout à fait thématiques :
- le dialogue entre l’œil et le cerveau du peintre et du spectateur ;
- Dalí, pionnier de la performance, auteur d’œuvres éphémères, manipulateur des médias considérant l’art comme un fait global de communication ;
- l’interrogation de la figure (persona) de l’artiste face à la tradition.

Et cette exposition développe tranquillement son abondance, avec ses 120 tableaux. Toutes les facettes de cet artiste total sont montrées.

Mais alors pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour refaire une exposition apparemment condamnée d’avance au succès ?

Parce que l’attachement de Dali à Franco le dépréciait vraiment trop auprès de l’intelligentsia, comme sa posture contre les modernismes le cubisme, l’abstraction...

Aurore, midi, après-midi et crépuscule, 1979 Huile sur contreplaqué - 122 x 244 cm Fundació Gala-Salvador Dalí, Figueres © Salvador Dalí, Fundació Gala-Salvador Dalí / Adagp, Paris 2012

Des pays, comme Dali, ont fait des mauvais choix à répétition, la Hongrie battant tous les records. Ne leur a-t-on pas finalement pardonné.

L’expo commence par un Dali, artiste de la sensation, qui fait l’œuf et laisse entendre des pulsations cardiaques. Et peut finir, si vous le souhaitez, sur la bouche de Mae West, dans une théâtralité toute andywarholienne !

1922, Dali part étudier à Madrid, en résidence, et rencontrera Garcia Lorca et Bunuel. Il aurait pu tomber plus mal... Forte influence de Picasso, 1ères expos à Barcelone vers 1925-26.

Ne rater aucun tableau tiendra peut-être de l’exploit. Mais accordez votre attention toute particulière au "Miel est plus doux que le sang" (1926), aux "Premiers jours du printemps" (1929), et aux petits dessins érotiques de "Paul et Gala" (1931), qui exorcisent la jalousie rétrospective éprouvée par le peintre pour la relation qu’eut celle qui sera sa muse avec le poète Paul Éluard.

Dali ? Personnage complexe, c’est certain. Fasciné par le pouvoir ? Évidemment. L’argent ? Sans aucun doute. Mais un excellent artisan, restant tout à sa tâche, qu’il s’agisse de peindre des girafes en feu ou des pensées prémonitoires de géopolitique.

Le mieux est peut-être encore de s’y rendre. Il y aurait bien trop à dire sur Salvador. En souhaitant malgré tout que les incroyables progrès réalisés par les grands musées ne les mettent pas en situation de présenter des expositions tellement succesfull que beaucoup ne pourront pas les voir.

Mon petit regret ? J’adore les très grands formats de Dali. Il y a "la Pêche aux thons", mais pas le sublime "Christophe Colomb", présent en 1979...

Centre Pompidou, Galerie 1, niveau 6 Salvador Dalí, du 21 novembre 2012 au 25 mars 2013.

Vous retrouverez dans les articles « 2012 à Paris : les grandes expositions de A à Z » et 2013 à Paris : les grandes expositions de A à Z » les différentes expositions 2012 et celles de 2013 déjà annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans les articles « Calendrier 2012 des grandes expositions à Paris », et « Calendrier 2013 des grandes expositions à Paris », ces mêmes expositions sont classées par dates.

Nous nous efforçons de tenir ces articles à jour, et nous vous remercions des suggestions, précisions, ajouts et corrections que vous pourriez apporter à ces programmes.

Nous vous indiquons chaque semaine les nouveautés, les expositions qui fermeront bientôt leurs portes, et... nos préférences, car on ne se refait pas : "LA SEMAINE des expositions, musées, et galeries : que faire à Paris du...".

Nous tenterons aussi de vous les présenter chaque mois , à partir de Février 2013.

Retrouvez aussi notre sélection Les expositions pour enfants à Paris en 2013

Enfin, contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous avons établi notre sélection, pour Paris, des MEILLEURS CATALOGUES des expositions 2012, celui de cette exposition en fait partie, en vous indiquant en plus les nominés, et les primés au Prix CatalPa 2012 pour les catalogues d’expositions de Paris.

Nous procédons de la même manière en 2013, avec PARIS 2013 : les meilleurs catalogues d’expositions de Paris.

André Balbo

sources : visite, Centre Pompidou, Espace Dalí, Le Monde

Informations pratiques
Adresse, horaires, numéro de téléphone, liens...

Place Beaubourg 75004 Paris

- Du 21 novembre 2012 au 25 mars 2013

- Ouvert du jeudi au samedi de 11 à 23h, les autres jours de 11 à 22h. Fermé le mardi.

01.44.78.12.33
lundi 6 mai 2019,    Expositions