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L’ancienne abbaye Saint-Pierre de Montmartre


L’église visible aujourd’hui au n°2 rue du Mont-Cenis (face à la Place du Tertre) semble être le seul vestige subsistant de l’ancienne abbaye dédiée à Saint-Pierre et Saint-Denis. Raconter l’histoire de cette abbaye nous ramène aux origines de Montmartre.

Grâce à la découverte de cercueils mérovingiens dans le cimetière, on date du VIe siècle l’existence d’un hameau en haut de la butte, développé autour d’une chapelle. A l’origine, Montmartre se serait nommée mons Mercore (montagne de Mercure, avec la présence probable d’un temple romain), puis mons Martyrium , pour commémorer le martyr de Saint-Denis et de ses deux compagnons (en réalité, on admet aujourd’hui que ce martyre eut lieu à Saint-Denis...).

En 1134, le roi Louis VI le Gros et son épouse Adélaïde de Savoie fondent sur cette colline une abbaye bénédictine de femmes. Ce sont d’ailleurs les religieuses de Montmartre qui vont encourager la culture de la vigne qui, dès le XIVe siècle, couvre la quasi-totalité de la butte, et qui va en faire la renommée (pas pour la qualité de son vin, cela va de soi, mais par la présence de nombreuses tavernes, notamment rue des Martyrs). Les religieuses avaient d’ailleurs droit de pressoir et les vignerons devaient donc verser une partie de leur récolte à l’abbaye.

Cette abbaye connut de longues périodes de prospérité grâce à la prodigalité de ses fondateurs et aux nombreux dons. De plus, les abbesses étaient le plus souvent issues de grandes familles aristocratiques qui entretenaient des liens précieux avec leur entourage. Plusieurs noms de rue du 9e arrondissement portent d’ailleurs le nom de mères-abbesses issues de ces familles : la Tour d’Auvergne, Rochechouart, La Rochefoulcauld, Bellefond.

Près de l’actuelle place des Abbesses, à l’emplacement de la rue Yvonne Le Tac, existait par ailleurs une crypte consacrée au culte de Saint-Denis, sur laquelle le roi Louis VI fit rebâtir l’église du Saint-Martyr. En 1534, c’est ici qu’ Ignace de Loyola et six compagnons fondèrent la Compagnie de Jésus. Le lieu étant devenu objet de pélerinage, il fut décidé par l’abbesse de Montmartre, Marie de Beauvilliers, d’y fonder à partir de 1686 un prieuré, surnommé "l’abbaye d’en bas", et d’abandonner "l’abbaye d’en haut", jugée trop vétuste. On utilisa d’ailleurs les pierres de la première pour construire la deuxième. Les abbesses continuent à y enterrer les leurs mais l’église est abandonnée aux paroissiens.

Les deux abbayes - dont celle du haut déjà en ruines - furent évidemment pillées, démantelées et détruites au moment de la Révolution. La 46e abbesse, Louise de Montmorency-Laval, fut même guillotinée. Seules l’église Saint-Pierre (qui était à la fois église paroissiale et église abbatiale) et la crypte située sous la Chapelle des Martyrs (reconstruite au XIXe siècle dans un nouveau couvent, lui-même englobé aujourd’hui dans une école) furent épargnées et subsistent encore.

En 1794, on plaça sur le clocher de l’église Saint-Pierre le télégraphe optique de Chappe. Endommagé par un incendie en 1844, ses ruines subsistèrent jusqu’en 1866.

L’église Saint-Pierre de Montmartre, telle qu’elle se présente aujourd’hui, fut sauvée de la destruction et restaurée par l’architecte Sauvageot de 1899 à 1905. C’est pourtant une des plus anciennes églises parisiennes, comportant des parties romanes et des parties gothiques. La façade principale a été refaite en 1775 et ses trois portes sont dotées de magnifiques bronzes exécutés en 1980 par Tommaso Gismondi : ils représentent Saint-Pierre au centre, Notre-Dame à droite et Saint-Denis à gauche.

Pénétrons dans l’église. Au revers de la façade, on remarque le réemploi de quatre colonnes de marbre couronnées de chapiteaux datant du VIe siècle. La nef voûtée fut probablement édifiée dans la seconde moitié du XIIe siècle, et les trois premières travées étaient réservées à l’usage des paroissiens, séparées par une clôture du "choeur des dames". Le choeur est formé d’un vaisseau central à abside, flanqué de deux chapelles à absidioles. La voûte du vaisseau central compte parmi les plus anciens exemples connus de l’emploi de l’ogive (gothique). de même, la charpente de la nef, datant du XIIe siècle, est une des plus anciennes de France. La tour-clocher a été bâtie sur la chapelle de gauche, restituée par Sauvageot. Enfin, ne manquez dans les bas-côtés de l’église les remarquables chapiteaux feuillagés et historiés du XIIe siècle.

Dans le charmant cimetière attenant à l’église sont enterrés plusieurs personnages célèbres : le sculpteur Jean-Baptiste Pigalle (il habitait dans la future "rue Pigalle"), le navigateur Louis-Antoine de Bougainville, le fondateur de l’Académie nationale de médecine Louis Portal, ou encore plusieurs membres de la famille Debray, meuniers qui possédaient le Moulin de la Galette. Le cimetière n’est ouvert au public qu’un jour par an : le 1er novembre.

Rappelons enfin que le village de Montmartre fut annexé à Paris seulement le 1er janvier 1860 selon le souhait de Napoléon III, comme dix autres communes limitrophes.

L’église Saint-Pierre de Montmartre est ouverte tous les jours au public.
La crypte du Martyrium de Saint-Denis est accessible aux pèlerins tous les vendredis et les premiers samedi et dimanche de chaque mois de 15h à 18h. Renseignements au 01.42.23.48.94.

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Franck Beaumont

Sources : Guide du patrimoine, Guide du promeneur Paris 18e

Informations pratiques
Adresse, horaires, numéro de téléphone, liens...

2 rue du Mont-Cenis

mardi 23 octobre 2012,    Franck Beaumont