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Plus loin que loin, une tragédie moderne et efficace

Après avoir suscité l’adhésion du public de l’Onyx à Nantes, les Aphoristes présentent leur dernière création, Plus Loin que loin, à l’Athena d’Auray, le 7 février à 20h30.


Quand le temps se mesure en mariages et en enterrements, quand la terre entière est nommée le « Monde du D’hors », quand l’arrivée d’un bateau est espérée tous les jours avec autant d’angoisse que d’espoirs, c’est que vous avez posé le pied sur une île, une île éloignée et sauvage, hors de tout, Plus Loin que loin parce que hors du temps comme de l’espace.

Cette île imaginée par la dramaturge britannique Zinnie Harris et inspirée par la très réelle Tristan da Cunha, est la scène d’un drame fascinant aux accents de tragédie moderne, une histoire de réfugiés climatiques, de mensonge d’Etat, de secrets de famille et de manipulation.

Tout commence avec le retour du jeune Francis sur l’île après un long voyage au Cap. Son oncle, Bill, et surtout sa tante Mill l’accueillent à bras ouverts, mais Francis ne vient pas seul : il apporte avec lui Monsieur Hansen, un chef d’entreprise qui prétend implanter bientôt sur l’île une conserverie. Un événement imprévu fait fuir sa centaine d’habitants par le premier bateau, direction l’Angleterre, le travail à l’usine et la solitude du réfugié.

L’isolement est au cœur de cette pièce adaptée avec brio par la compagnie Les Aphoristes, un isolement qui sert de moteur à l’intrigue, de fil rouge à la mise en scène et de compas à la langue. La grammaire et la syntaxe des îliens escamotent des pronoms comme autant d’écueils, conjuguent le futur au présent telle une voile toujours gonflée, ignorent les adjectifs comme autant de sirènes, c’est une langue d’insulaire dont la vie est rythmée par les trop rares liaisons maritimes, une langue qui raccourcit le trajet des idées.

La mise en scène soigneuse de François Parmentier met en exergue cet isolement : l’horizon, figuré par une large toile blanche, semble dévorer tout l’espace et le reste, le « D’dans », n’est que sable volcanique. À l’image de Mill (superbe Claudine Bonhommeau), personnification de l’île dans ses emportements soudains et sa beauté rustique, les personnages sont isolés, même entre eux. Les contacts sont brusques et rapides, maladroits, presque tabou.

Au cœur même de l’industrieuse Angleterre, l’isolement reste omniprésent. Là, au milieu des autres, au milieu du « D’hors », les îliens tombent malades, ils dépriment, ils veulent rentrer. À la nage s’il le faut. On les traite, on les maltraite. Ils préfèrent être seuls entre eux qu’au milieu d’une masse qui les repousse... L’écho lancinant de l’actualité résonne de plus en plus fort à mesure que la pièce progresse vers son dénouement. Derrière le drame familial, un questionnement sur ce que signifie vivre en société, et plus loin encore, le constat sans amertume des travers de l’être humain : la symbiose des comédiens et de l’équipe technique délivre un message clair à travers une œuvre multiple au cœur humaniste. Plus Loin que loin, mais tellement proche de nous.

Plus Loin que loin
Le 7 février 2017
Centre Athéna
100 Place Du Gohlérez, 56400 Auray
Réservation : 02 97 56 18 00
Renseignements sur le site officiel de la compagnie Les Aphoristes

Informations pratiques
Adresse, horaires, numéro de téléphone, liens...

Pour aller plus loin
vendredi 5 octobre 2018,    Morgan