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Taxidermie, une exposition très particulière de photos au Jardin des Plantes


Damien Hirst, hautement mis en valeur ces temps-ci par le prix de ses œuvres et par son exposition planétaire, viendra-t-il voir cette étonnante et splendide exposition de photographies ? C’est plus que probable, car il y puiserait certainement quelque inspiration nouvelle. Et de plus, au Muséum national d’Histoire naturelle, nous sommes aux sources même de cette technique un brin sulfureuse et aujourd’hui si strictement encadrée par la loi : l’histoire de la taxidermie est intimement liée à celle du Muséum. Plusieurs générations de grands taxidermistes ont œuvré à l’extraordinaire mise en valeur de ses collections.

Damalisque à front blanc © Jacques Vekemans

Étymologiquement, « taxidermie » est formé des mots grecs taxis, préparer, et derma, la peau.

Cette somme de savoir-faire alliant connaissances anatomiques précises, observations précises, longues et répétées et sujets, et forcément aussi approche artistique, remonte au règne de Louis XV, vers 1750, et c’est sensiblement vers cette date que les techniciens du Muséum se sont lancés, avec plus ou moins de réussite, dans la naturalisation des grands mammifères. Les plus anciens spécimens sont précieusement conservés dans les réserves du musée. Comme cette caille, qui fut chassée par le roi en personne, ou comme Jocco, le chimpanzé de Buffon, intendant du Jardin du Roi.

Vous pourrez également aller respectueusement saluer, dans la Grande Galerie voisine, un courageux rhinocéros aujourd’hui un peu informe. Celui-là fut naturalisé en 1793, sous une tente dressée au Jardin des Plantes, dirigé alors par Bernardin de Saint-Pierre. Ce fut, au monde, le premier animal de cette taille à "profiter" de la taxidermie moderne, qui fera dorénavant appel à une structure rigide, ici un cylindre de bois (son squelette est dans une autre salle, celle de l’Évolution comparée, je crois). Cet incroyable animal, offert d’Inde à Louis XV en 1769, avait été 22 ans durant montré au public. Il fut retrouvé assassiné d’un coup de sabre, dans sa mare, à la ménagerie de Versailles en 1792. Toujours se méfier des changements de régime...

Les techniques comme nos connaissances ont depuis lors évolué, si bien qu’aujourd’hui les taxidermistes n’utilisent plus les squelettes. Ils sculptent les mannequins dans du polystyrène et de la mousse de polyuréthane. Après avoir été au service des scientifiques, la taxidermie est maintenant devenue le partenaire indispensable des expositions d’histoire naturelle...

Jack Thiney a été le taxidermiste du Muséum national d’Histoire naturelle, où il est entré à 17 ans, jusqu’à sa retraite en 2010. On pourrait dire qu’il a passé sa vie à redonner vie aux animaux, comme il s’est impliqué dans la restauration des spécimens anciens. Il a exercé son art successivement au laboratoire des mammifères et oiseaux (1967/1990), à l’atelier de restauration de la Grande Galerie de Zoologie (1990/1994), puis au laboratoire de taxidermie de cette même galerie devenue « Grande Galerie de l’Évolution » (1994/2010), pour finalement se spécialiser dans la naturalisation des grands spécimens, comme les éléphants, ou les girafes. Il enseigne maintenant la sculpture à l’école des Beaux-Arts de Versailles.

Jacques Vekemans, d’origine belge, s’est passionné dès l’âge de 12 ans pour la photographie. Très vite, il multiplie à Paris collaborations et reportages sur les savoir-faire dans le luxe et l’industrie, s’intéressant particulièrement aux métiers, à l’organisation, à la gestuelle et à la transmission.

Spécimens naturalisés pour la Galerie des Enfants du Muséum © Jacques Vekemans

Pour lui : « L’inventivité et l’adaptation, le souci du détail, un sens artistique clair et instruit représentent autant de qualités qui rapprochent la taxidermie des activités pratiquées dans les meilleurs ateliers de conception d’objets sur mesure dans les métiers du luxe. »

Durant toute une année, Jacques Vekemans a suivi Jack Thiney et son travail de taxidermiste dans son atelier, au Muséum et il a effectué un splendide reportage. Une sélection de 20 de ces étranges photographies rendent compte de cet art en général occulté. Elles sont exposées en plein air dans le Jardin des Plantes, au berceau même de la taxidermie, cet art qui a permis à Jack Thiney et à son savoir-faire très spécifique de redonner, par mille gestes savants et précis, une apparence de vie animale aux spécimens exposés au Muséum, notamment dans la Grande Galerie de l’Évolution.

Une série d’images retrace ainsi les différentes étapes du travail sur un mouflon à manchettes, de la dépouille à la maquette miniature, de la maquette à la création d’un volume, de ce volume à une ébauche, d’une ébauche à une sculpture, et d’une sculpture à son costume. Le tout faisant que le spécimen, après une séance de maquillage, finira par retrouver l’aspect de la vie.

L’approche artistique par la photographie de ce métier essentiel à la conservation et à la présentation de la diversité de la vie marque le coup d’envoi d’une série consacrée aux métiers et aux coulisses du Muséum.

Muséum national d’Histoire naturelle, par le 57 rue Cuvier, le 2 rue Buffon, le 36 rue Geoffroy Saint-Hilaire ou place Valhubert, Paris 75005 L’exposition est sur les grilles de l’École de Botanique, côté jardin, à côté des grandes serres Métro Jussieu, Austerlitz, Place Monge, Censier-Daubenton. Accès libre, aux horaires d’ouverture du Jardin des Plantes.

Vous retrouverez dans l’article « 2012 à Paris : les grandes expositions de A à Z » les différentes expositions 2012 déjà annoncées par leurs établissements et musées, et dans l’article « Calendrier 2012 des grandes expositions à Paris », ces mêmes expositions classées par dates.

André Balbo

sources : Muséum national d’Histoire naturelle, Jacques Vekemans, Jack Thiney

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Informations pratiques
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lundi 6 mai 2019,    Expositions