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Wildenstein : retour sur les revues de presse d’une étrange affaire (1)


Paris. Le 30 juin 2010. Abus de procédures et/ou succession difficile ? De nombreuses affaires, dont la Saga Bettencourt, polluent alors en France la vie publique. Elles courent en filigrane, stagnent, et ne se résolvent apparemment pas. Une époque un peu nauséeuse.

Une nouvelle peu commune ne faisait alors dans la presse qu’un entrefilet. La seconde épouse et veuve du célèbre collectionneur et vendeur de tableaux Daniel Wildenstein, Sylvia Roth, était condamnée le mercredi 16 juin 2010, « pour procédure abusive », à payer à son beau-fils Guy Wildenstein et aux héritiers de son autre beau-fils Alec, des dommages et intérêts de 50 000€, à chacun, et 40 000€ de frais de justice. Saviez-vous que l’on pouvait être condamné pour cela ?

La cour dénonçait aussi « le battage médiatique » opéré à l’encontre des fils Wildenstein, qui « porte atteinte à leur considération et à leur réputation ». Maître Claude Dumont-Beghi, l’avocate de Sylvia (Roth-) Wildenstein, annonçait en réaction un pourvoi en cassation, et son intention de déposer également plusieurs plaintes. De quoi s’agissait-il ? Quelle était donc encore, dans notre « république irréprochable », cette nouvelle et ténébreuse affaire ?

Au décès de son mari, Sylvia se croyait presque ruinée. Il est vrai que les deux fils du milliardaire lui avaient affirmé à l’époque que son défunt, comme le disait le Canard Enchainé, « n’avait plus un radis ». Après 4 années d’enquêtes et d’efforts, l’avocate de Mme Veuve Wildenstein, Me Dumont-Beghi, il est vrai assez accrocheuse, parvenait à obtenir d’un expert qu’il réévalue l’estimation des tableaux recensés dans le patrimoine familial.

Nous étions initialement à 42M€, et nous voilà rendus, dans ce deuxième temps, entre 120 et 380M€ ! Parmi les "oublis" de la première estimation, quelque 180 toiles, notamment de... Pierre Bonnard (1867-1947). Daniel W. estimait qu’il s’agissait des meilleures.

L’expert nommé signalait également «  l’existence de trusts familiaux, entités juridiques anonymes, situées dans des paradis fiscaux, dans lesquels une part substantielle du patrimoine des Wildenstein serait transférée ».

Et plus les recherches avancent, plus les estimations explosent. Nous compterons désormais en milliards d’euros : des « van Gogh, Renoir, Picasso, Rembrandt, là aussi (comme dans la Saga Bettencourt) une petite île, Xanadu, dans les îles Vierges, mais encore des bateaux, des avions, une écurie de courses, un château dans l’Essonne, une résidence en Suisse, des immeubles à New York, des galeries à Londres et à Tokyo, et un modeste ranch de 30 000 hectares au Kenya ».

Me Dumont-Beghi alerte sans relâche le fisc, donne des précisions… Sans succès. Le 1er octobre 2008, la Cour d’appel de Paris juge que les fils Wildenstein ne sont pas responsables des montages inventés par les deux générations qui les ont précédés, même s’ils en ont le bénéfice.

« L’évasion du patrimoine dans des sociétés étrangères et des trusts, conforme à la tradition familiale de transmission des biens aux héritiers directs, ne leur est pas imputable. » « Mais l’administration fiscale va certainement réagir et former un pourvoi en cassation "dans l’intérêt de la loi" », écrit alors le journal satirique, trempant sa plume dans du fiel !

Et donc voilà venir cette si belle cerise sur ce monumental et artistique gâteau, dont l’immensité et la qualité font pâlir d’envie les plus grands musées du monde. Le 16 juin 2010, la Cour d’appel rejetait la demande de révision de l’arrêt rendu le 1er octobre 2008, fondée pourtant sur l’apport d’éléments inédits.

Le fisc allait-il rester encore longtemps de marbre ?

Comme l’écrivit alors prudemment le Canard Enchainé « Cette inaction risque d’être (sournoisement) commentée à la lumière des liens dudit (Éric) Woerth avec Guy Wildenstein, fils cadet du collectionneur… Membre fondateur de l’UMP, Guy rencontre fréquemment son ministre d’ami à Chantilly, où les Wildenstein entretiennent des chevaux de courses. (…) Sarko(zy) lui-même ne parle-t-il pas de son "ami Guy" qui portait (lors de sa campagne de 2007) le titre pompeux de "délégué de l’UMP pour la Côte Est des États-Unis" ».

Suivez de près cette affaire : il y sera question tout à la fois d’œuvres d’art, de fortune, d’amitié, de discrétion et de gloire. Elle ne manquera pas de vous surprendre par ses nombreux rebondissements.

André Balbo

Sources : Le Canard Enchaîné, Le Monde, Artclair

Wildenstein : retour sur les revues de presse d’une étrange affaire

Entretien exclusif avec Me Dumont-Beghi, qui publie L’Affaire Wildenstein. Histoire d’une spoliation. Juste explosif !

30 juin 2010. Abus de procédures et/ou succession difficile ? (1)
6 juillet 2010. Une deuxième Affaire Bettencourt ? (2)
22 juillet 2010. Paris commençait-il à s’attaquer à la "délinquance astucieuse" ? (3)
14 septembre 2010. Dépôt de plainte au pénal à Paris dans la succession Wildenstein. (4)
4 novembre 2010. Un nouveau départ de l’Affaire Wildenstein ? (5)
16 novembre 2010. Après le décès de Sylvia Roth, qu’adviendra-t-il de l’affaire Wildenstein ? (6)
9 décembre 2010. Début des perquisitions dans l’Affaire Wildenstein... (7)
2 février 2011. Bonne pioche pour la police à l’Institut Wildenstein ! (8)
17 février 2011. Les Wildenstein n’ont décidément pas de chance avec les femmes. (9)
28 février 2011. L’édifiante histoire du Portrait de Claude Monet, de John S. Sargent, devenant au fil du temps un Autoportrait, de Claude Monet. (10)
Le 9 mars 2011. Les ministres Baroin et Mitterrand disaient se charger bientôt de l’Affaire... (11)
Le 3 avril 2011. Le fisc aurait-il cherché à étouffer l’Affaire Wildenstein ? (12)

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vendredi 27 janvier 2017,    Expositions