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L’Ordre des médecins nous alerte par son 4e Atlas de la démographie médicale


Trois problèmes s’additionnent. D’une part, les déserts médicaux à la française s’étendent et le malaise augmente. Une carte de démographie médicale fera vite apparaître que seules surnagent encore l’Ile-de-France et les régions du Sud. D’autre part de moins en moins de médecins font le choix de la médecine libérale. Enfin la population des médecins en France a vieilli. En conclusion, il va falloir, et maintenant dans l’urgence, retrousser nos manches et réfléchir rapidement à des aménagements…

Pressentant certainement la montée des périls, le Conseil National de l’Ordre des Médecins publie chaque année depuis 2007 l’Atlas de la démographie médicale. Sa 4e édition a été publiée le 23 novembre, à partir des chiffres du Tableau de l’Ordre au 1er janvier 2010.

Cette année, les indicateurs signalent un écart croissant entre les médecins entrants (+1,8% en un an) et sortants (+6,6% en un an), soit 4,8%, ce qui devrait soulever auprès des pouvoirs publics les plus vives inquiétudes quant au renouvellement des effectifs des professionnels de santé.

Parallèlement, le désintérêt pour l’exercice libéral de la médecine se confirme. 8,6% seulement des nouveaux inscrits en 2009 ont choisi ce mode d’exercice, et à titre d’illustration, seuls 4,4% des radiologues, et 9% des ORL. Les autres préfèrent être salariés. Ainsi, malgré l’évolution du nombre de médecins de nationalité européenne et extra-européenne inscrits au Tableau de l’Ordre, l’augmentation du nombre de médecins remplaçants illustrant craintes et attentes des nouvelles générations dans le choix de cette façon d’exercer.

Au 1er janvier 2010, sur les 261 378 médecins inscrits au Tableau de l’Ordre, 44 928 étaient retraités, dont 5 612 actifs, soit une part de 17% de l’ensemble des effectifs.

Au 1er janvier 2010, le Tableau de l’Ordre recensait 10 006 médecins remplaçants (4,5% des médecins en activité) dont 6 003 qui ne se sont jamais installés. Entre 2007 et 2010, leur nombre s’est accru de 9,1%. Face à cette évolution notable, la section Santé publique et démographie médicale du Conseil de l’Ordre a procédé à deux enquêtes qualitatives auprès de cette catégorie de médecins, afin d’identifier leurs besoins et leurs attentes professionnels.

Il s’agit majoritairement de médecins jeunes (1/2 ayant moins de 34 ans), à dominante féminine (66%). Pour ces médecins, le remplacement constitue un mode d’exercice proche du plein temps, puisque près de 80% d’entre eux travaillent plus de 6 mois par an. Si les hommes privilégient les remplacements sur le long terme (période supérieure ou égale à 6 mois), 50% des femmes travaillent moins de 3 jours par semaine. Par ailleurs, 82,8% d’entre eux exercent dans le secteur libéral, seul ou en cabinet de groupe.

Concernant le projet professionnel des médecins remplaçants, 45% d’entre eux envisagent de s’installer à plus ou moins court terme, privilégiant l’exercice de groupe (85%) en zone urbaine (76%). L’engouement pour cette activité suscite de véritables inquiétudes pour les médecins qui exercent seuls en zone rurale, car ils trouveront difficilement des successeurs. A contrario, 32% souhaitent poursuivre cette activité ou diversifier leurs modes d’exercice salarié, libéral et/ou hospitalier.

Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas la recherche d’une rémunération conséquente ni celle de temps libre qui prime dans le refus de l’installation, mais bien les problèmes d’organisation du travail et le poids des charges administratives. Les médecins retraités remplaçants jouent un rôle important en matière de continuité des soins. Ils attirent cependant l’attention sur le niveau de leurs charges sociales.

Fort de ce constat, le Conseil de l’Ordre a mis en place au printemps dernier l’Observatoire de veille démographique qui joue un rôle d’intermédiaire entre les médecins qui souhaitent s’installer et les élus locaux préoccupés par l’offre d’accès aux soins sur leur territoire.

Immédiatement derrière la région Provence / Alpes-Côté-d’Azur (374 médecins pour 100 000 habitants), qui reste toujours la région française la mieux dotée en médecins, vient l’Ile-de-France (370), puis le Languedoc-Roussillon (339), le Midi-Pyrénées (327) et l’Aquitaine (322).

Dans le bas du tableau figurent la Haute-Normandie (248), la région Centre (244), et la Picardie (239). Il y a deux fois plus de spécialistes par habitant en Ile-de-France (222) qu’en Picardie (111). Constat très alarmant.

Enfin l’âge moyen des médecins en activité régulière est de 50 ans, et 41,7% sont âgés de 50 à 59 ans. Ils ne sont que 15,6% de moins de 40 ans, il est vrai qu’ils n’entrent dans la profession qu’à 35 ans en moyenne, et que dans cette tranche d’âges, les femmes représentent 56%. Les plus de 60 ans représentent 16,1% du total.

Va-t-il falloir réguler l’installation des médecins sur le territoire, à l’image de ce qui existe pour d’autres professionnels de santé ? Alléger les charges pour inciter davantage les jeunes médecins à s’installer ?

André Balbo

sources : Conseil National de l’Ordre des Médecins, Le Parisien, Destination santé

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mercredi 24 novembre 2010,    Expositions