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DERNIERS JOURS de la rétrospective Hantaï, à Pompidou


Le Centre Pompidou accueille du 22 mai au 9 septembre 2013 une rétrospective inédite de l’œuvre du grand peintre français d’origine hongroise Simon Hantaï, que le musée souhaitait depuis déjà quelques années. Il n’y avait plus eu depuis 1976 d’événement Hantaï d’importance, depuis celui qui s’était tenu à Paris au Musée national d’art moderne, auquel le peintre aurait d’ailleurs fait le reproche de ne pas avoir suffisamment tendu ses toiles sur leurs châssis...

Cette rétrospective-ci, bien entendu élargie et comparativement plus complète, est d’autant plus formidable qu’elle couvre l’ensemble de sa carrière, de 1949 à 1990, rassemblant plus de 130 peintures.

Simon Hantaï : Meun, 1967, Nîmes, Carré d’art-Musée d’art contemporain © Carré d’art-Musée d’art contemporain, Nîmes, photo © D. Huguenin D8-03216 © Adagp, Paris 2013

Simon Hantaï (1922-2008), dont l’œuvre est aujourd’hui internationalement reconnue comme l’une des plus importantes de l’abstraction, dans la seconde moitié du XXe siècle, s’était à la fin de sa vie volontairement retiré du monde de l’art, cessant même de peindre, n’exposant ses tableaux qu’à de très rares occasions. Après qu’il ait été très présent, notamment dans de nombreux musées français, en Allemagne, et à Venise également, où ses œuvres furent montrées à la Biennale dans le Pavillon français (1982). Le simple fait d’avoir nommer sa dernière série de toiles "Laissées" précisait assez violemment la réserve et la méfiance qu’il éprouvait vis-à-vis du monde de l’art, de la renommée, et de la spéculation...

Simon Hantaï, déjà ingénieur, s’inscrivit en 1941 à l’école des Beaux-Arts de Budapest. Un discours anti Allemands, qu’il y fit, l’envoya séjourner un temps dans un camp pour artistes. Quelques années plus tard, après un séjour de 6 mois en Italie, baluchon à l’épaule, où il sera marqué à Florence par les œuvres de Giotto, Masaccio et Della Francesca, et à Ravenne, par les mosaïques de style byzantin, il s’installe à l’automne 1948 à Paris.

Il y fréquentera sans réserve les musées (le musée de l’Homme prenant pour lui une importance toute particulière) et les galeries d’art, découvrant quelque temps plus tard Matisse et ses papiers découpés, Picasso, et bien d’autres, ce qui le poussa, dira-t-il, à beaucoup "expérimenter".

Le jour de ses 30 ans, Simon Hantaï laissa de façon anonyme l’une de ses peintures non signée "Regarde dans mes yeux. Je te cherche. Ne me chasse pas", véritable bouteille à la mer, sur le pallier de l’appartement d’André Breton rue Fontaine. Il eut la surprise de la retrouver, quelques temps plus tard, exposée en galerie à côté d’un Duchamp... Il fréquenta un temps les surréalistes, avec qui il finit par se brouiller.

La présentation chronologique des œuvres, composant la rétrospective montrée au Centre Pompidou, devrait permettre aux visiteurs de percevoir plus aisément le déroulement en moments successifs (en général d’une durée ne dépassant guère l’année, si l’on fait exception de la période des Mariales, beaucoup plus longue) d’une étonnante diversité de l’inspiration de Simon Hantaï.

Vous pénètrerez dans la galerie avec, face à vous, un tableau à petites touches de la fin des années 1950, et une Tabula de la fin des années 1970. Différences flagrantes entre les deux, tant des gammes chromatiques que des formes. Comment parvenir à faire comprendre le cheminement artistique qui mena de l’un à l’autre ?

Une de ses premières autres toiles exposées sur ce parcours, les Baigneuses (1949), surprend en montrant Hantaï encore empreint à la fois de l’influence des primitivistes hongrois et de la lumière d’Italie. Ses débuts à Paris seront marqués par d’intenses expérimentations et explorations techniques de son art : collage de plumes, de feuilles, de végétaux séchés, arrêtes de poissons, coulures, superpositions, essuyage, froissage...

De 1949 à 1955, Hantaï peindra des toiles surréalistes (Femelle Miroir, 1953), mélangeant souvent des images de viscères aux tons nacrés, en rondelles, spirales, ou aux formes pleines et étirées, presque daliniennes. Sur ces tableaux, parfois des crânes ou des os d’oiseaux, de lapins, de moutons, et des miroirs.

S’ensuivra sa période gestuelle (1955-1957), avec des peintures (Sexe-Prime, Hommage à Jean-Pierre Brisset, 1955) de vitesse, en lien ou influence avec les travaux de Jackson Pollock (All Over) et de Georges Mathieu (calligraphisme), quand l’un de ses outils de prédilection était le cercle d’un gros réveil-matin, qui mettait ou raclait la peinture en volume dans la masse.

Quelques peintures de signe (Souvenir de l’avenir, 1957), et deux vrais chefs-d’œuvre de grands formats viendront en 1958-59. Ils sont réunis dans cette exposition pour la première fois : Écriture rose et À Galla Placidia.

Leur réalisation, évidemment méditative (ou pire, mystique ?), aurait nécessité dit-on une exacte année de travail (365 jours !), Écriture rose n’obtenant que le travail du peintre du matin, et À Galla Placidia celui de l’après-midi.

Fin de la vitesse. Écriture rose, hypnotique, accumule les fines citations d’écritures liturgiques ou philosophiques (Heidegger, Hegel, Hölderlin), manuscrites dans des encres de toutes couleurs à l’exception du rose, qui finit au total par s’imposer, et d’autres petits cailloux qui permettent de pister du sens.

Simon Hantaï, Blancs, 1974 (détail) Collection Larock-Granoff © Adagp, Paris 2013

Hantaï commença en 1960 à pratiquer ce qu’il appelait "le pliage comme méthode" qui allait alors rapidement faire de lui un artiste reconnu. Il peindra "en aveugle" une surface préalablement pliée, racontant, avec la suite des Mariales, "Cette fois la couleur est le mode principal (...). La lumière a l’air de venir dans la couleur de par derrière, sur le mode d’un vitrail. En vérité, la couleur est la lumière."

Pourquoi les Mariales ? Pour le manteau de la Vierge, à dominante bleue, qu’elle ouvre pour protéger ce qui en sera recouvert... L’artiste les déclina en m.a., m.b., m.c., et m.d. Et curieusement pourtant, Dominique Fourcade nous précise que cette étape signifie aussi pour Simon Hantaï "l’adieu aux références religieuses". Cela nous aurait échappé si nous ne l’avions entendu.

Les séries suivantes de ses peintures utiliseront sous différents modes cette méthode de pliage : Catamurons (1963), (du nom d’une résidence, proche de Varengeville/Mer), Panses (1964-1965), (qu’il appelait aussi Saucisses), Meuns (1967-1968), (pour sa maison de Meun, près de Fontainebleau), Études (1969), Blancs (1973-1974), Tabulas (1973-1982), permettant à l’artiste de réaliser, puis de renouveler, "des compositions formelles et inédites, souvent de grand format. C’est alors qu’il s’affirme comme l’un des plus grands coloristes de son temps."

La rétrospective de l’œuvre de Simon Hantaï s’achève sur la série des Tabulas, qui firent sa plus grande renommée, et dont il découpa par la suite des fragments qui devenaient ainsi, eux-mêmes, des œuvres à parts entières...

Avec comme vrai point final, son œuvre ultime : le petit tableau d’un torchon, plié "à la Hantaï", Pliage à usage domestique (1990), salissures sur toile (musée d’Art moderne de la Ville de Paris, don de l’artiste, 1998)...

Ne pas sortir sans avoir visionné les films sereins et attentifs de Jean-Michel Meurice : Simon Hantaï, 19’50, Des Formes et des couleurs (1974), et Simon Hantaï, ou les silences rétiniens, 58’, Grand Portrait (1976). Ils donnent à penser...

Il y révèle notamment avoir toute sa vie recherché des gestes simples, triviaux et quotidiens susceptibles d’apporter des émerveillements visuels. Il se rappelle, dans ce contexte, des pliages de vêtements qu’ils faisaient en famille dans sa jeunesse en Hongrie. Cela permettait d’aider au séchage du linge, pendant lequel les couleurs venaient à changer...

Mais que cherchait-il d’autre ? Les ciseaux de Matisse ? Le bâton de Pollock ? Les espaces laissés blancs par Cézanne sur la toile ?

Le catalogue (voir plus bas), ouvrage de référence sur l’œuvre de l’artiste, est publié par le Centre Pompidou, sous la direction de Dominique Fourcade, Isabelle Monod-Fontaine et Alfred Pacquement, les trois commissaires de l’exposition.

Simon Hantaï, du 22 mai au 9 septembre 2013, au Centre Pompidou, Galerie 1, niveau 6, place Beaubourg, 75004 Paris, Métro Rambuteau, Châtelet ou Les Halles, de 11 à 21h, mais fermé le mardi. 11 ou 9€.

Vous retrouverez dans l’article 2013 à Paris : les grandes expositions de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans Calendrier 2013 des grandes expositions à Paris, ces mêmes expositions sont classées par dates.

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Enfin, contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous avons établi notre sélection, avec PARIS 2013 : LES MEILLEURS CATALOGUES d’expositions de Paris.

Celui de cette exposition en fait partie.

*Et il est nominé au Prix CatalPa 2013 pour les catalogues d’expositions de Paris.*

Les Grandes Expositions et Calendrier 2014 peuvent déjà être consultés sur Évous.fr... et complétés, si vous disposez de plus d’informations que nous !

André Balbo

sources : visite, Centre Pompidou, Dominique Fourcade, Wikipédia, Hazan

Informations pratiques
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lundi 6 mai 2019,    Expositions