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L’ hôtel de Beauvais (Cour administrative d’appel de Paris)


L’ hôtel de Beauvais, construit de 1656 à 1660, est peut-être le plus singulier des hôtels construits dans le Marais au XVIIe siècle, et sa constructrice, Catherine Bellier, fut un personnage haut en couleurs.

Sa façade sur rue exprime parfaitement le "Grand Style" du XVIIe siècle français : grandes ouvertures rectangulaires, chainages de pierre à refends pour rythmer la façade, éléments décoratifs peu abondants. Seul l’imposant balcon posé sur des consoles agrémentées de feuille d’acanthes, et les deux vases remplis de fleurs et de fruits (restauration assez fantaisiste car ils ne figuraient pas du tout sur les dessins d’origine) rompent la monotonie de l’ensemble. Au rez-de-chaussée (transformé), on distingue la présence d’anciennes échoppes, ce qui laisse à penser que les propriétaires avaient la volonté de rentabiliser leur projet en se réservant des revenus commerciaux.

Mais c’est l’extraordinaire cour et ses façades, qu’il faut absolument découvrir. L’architecte, Antoine Le Paultre, eut un vrai casse-tête à résoudre... le terrain était très irrégulier et se terminait en pointe. De plus, la tradition française recommandait qu’un hôtel fut construit "entre cour et jardin". Le Pautre prit un parti audacieux : il construisit un logis double donnant sur la rue et sur la cour ; il créa un petit jardin au niveau du premier étage (caché par les appartements donnant sur la cour) afin de respecter la tradition.

Dans la cour, observez les façades concaves qui ondulent (à cause de la forme de la parcelle) pour se terminer au fond par les communs et au-dessus, la chapelle de l’hôtel coiffée d’un dôme carré. La façade de gauche est en fait une façade en trompe-l’oeil (juste derrière se trouve un immeuble contigu) qui sert d’élément de symétrie à la façade de droite.

Le morceau de bravoure de l’architecte est le vestibule extérieur, qui repose sur 8 colonnes doriques, surmontées d’une frise de triglyphes et de métopes, ornées d’attributs guerriers et des initiales PCHB... pour Pierre Catherine Henriette Bellier Beauvais, prénoms et noms des constructeurs. L’escalier de pierre n’est pas moins spectaculaire : il est précédé de colonnes corinthiennes et est muni d’une rampe à entrelacs ajourés. Sa décoration sculptée dans la pierre est remarquable : aigles, enfants, sphinges, trophées, masques...

Catherine Bellier, épouse de Philippe de Beauvais, eut une position sociale importante puisqu’elle fut la première femme de chambre de la reine Anne d’Autriche. Bossue et borgne, elle fut surnommée Catau la Borgnesse. Elle n’en aurait pas moins été choisie par la reine pour "déniaiser" son jeune fils Louis, le futur Louis XIV, ce qui lui aurait valu une situation privilégiée au près de la famille royale.

Deux faits connus marquent l’histoire de cette demeure. Le 26 août 1660, lorsque Louis XIV entre dans Paris pour présenter aux parisiens son épouse, l’infante d’Espagne Marie-Thérèse, sa mère la reine Anne d’Autriche mais aussi la reine d’Angleterre, Mazarin et Turenne l’ont accueilli du haut du balcon de l’hôtel de Beauvais. De novembre 1763 à avril 1764, le jeune Wolfgang Amadeus Mozart logea avec ses parents dans cet hôtel, alors propriété de l’Ambassadeur de Bavière, le comte van Eyck.

Devenu aujourd’hui le cadre de la Cour Administrative d’Appel, le magnifique hôtel de Beauvais est en principe accessible (tout du moins sa cour) en semaine, en demandant avec courtoisie au gardien à en admirer discrètement la cour.

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Source : "Le Marais, évolution d’un paysage urbain" par Danielle Chadych.

Informations pratiques
Adresse, horaires, numéro de téléphone, liens...

68 Rue François Miron

lundi 4 mai 2015,    Franck Beaumont