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Gustave Doré

Tous les talents de Gustave Doré, dans l’exposition "L’imaginaire au pouvoir", du 18 février au 11 mai 2014. Peintre, graveur, caricaturiste et inventeur de cadrages et de dramaturgies inédits... Pour les petits et les grands.

Le catalogue de cette exposition a obtenu en 2014 une Mention spéciale au Prix CatalPa.


Présentation de l’artiste

Voir Présentations d’Artistes de A à Z

Gustave Doré (1832-1883) commence dès 13 ans une carrière de caricaturiste puis d’illustrateur professionnel chez le célèbre éditeur Charles Philipon, qui publie notamment (La Caricature, et Le Charivari). Ce jeune talent est immédiatement remarqué, et se fera ainsi très tôt une réputation internationale. Parmi ses collègues, Daumier ou Cham.

Gustave Doré est certainement l’un des artistes du XIXe siècle les plus étonnants et remarquables par la qualité de ses œuvres, comme par le fait que ses créations couvriront de très larges domaines, dessin, peinture, aquarelle, gravure, et sculpture sur le tard.

L’enfance de Gargantua (vers 1873) Aquarelle, plume et encre noire sur traits de crayons (Strasbourg, musée d’art moderne et contemporain).

De même s’exprimera-t-il dans des genres différents, satire, histoire, réalisant aussi bien de gigantesques tableaux que des toiles plus intimes, de flamboyantes aquarelles, des lavis délicats, des gravures perspicaces et cruelles qui demeureront longtemps dans l’imaginaire des enfants, des illustrations fantastiques, et même d’étranges sculptures...

Par son immense talent à illustrer les plus grands textes (La Bible, L’Enfer de Dante, Gargantua de Rabelais, Les Contes, de Perrault, Don Quichotte de Cervantès, Milton, Shakespeare, Notre-Dame de Paris d’Hugo, Les Contes drolatiques de Balzac, Poë), Gustave Doré est certainement devenu aussi un véritable facilitateur de la culture européenne. Il touche de cette manière des publics différents et complémentaires, érudits, populaires, religieux, littéraires... mais on verra aussi Anglais, Espagnols...

Le Petit Chaperon rouge

Observez bien les visages de ses deux grands tableaux de saltimbanques. La mort d’un enfant, et les pleurs inconsolables des parents. L’émotion est là, directe, mais un je-ne-sais-pas-pourquoi fait que l’on demeure... observateurs. Ces œuvres font preuve d’une habileté technique indéniable de la part du peintre, et pourtant... Cette habileté lui sera opposée. N’est-ce pas Gustave Doré qui préfère se tenir ainsi à distance, ou nous prémunir d’un sentimentalisme trop fort ?

Ses sculptures, tardives, sont étranges. Gothiques, d’un style épique, et de thèmes moyenâgeux. Un chevalier en armure bondit à saute-mouton par dessus le dos d’un moine ébahi. Le plâtre de l’Amour maternel, qui s’appelle aussi L’Effroi, montre une jeune mère tenant à bout de bras son fils pour le préserver de la morsure d’un vilain serpent agressif qui déjà grimpe et s’accroche le long de sa robe.

Quand Gustave Doré se lance dans la sculpture, sans l’avoir apprise d’aucune manière, il entre dans le dernier tiers de sa carrière. Et il ne se fait absolument aucune illusion sur l’accueil qui lui sera réservé en tant que sculpteur... Mais son envie est forte.

Il est assez courant que ses peintures aient une forte dominante grise. S’agirait-il d’une réflexion en marche sur ce que Gustave Doré cherchera à faire à partir de 1877 en sculpture ?

Pantagruel dans le cimetière, matrice de bois gravée pour les œuvres de François Rabelais. New York. The Morgan Library & Museum

Gustave Doré travaille les visions infernales, et celles de L’Enfer de Dante étaient taillées pour lui. Têtes encore à demie émergées, chairs mêlées de cadavres... Le ballet de l’Amour et de la Mort enlacés, c’est son univers. Et ses personnages ont souvent des joues creusées à la Pasolini.

Regardez le peu de place qu’il accorde au ciel dans ses tableaux... L’heure est grave. L’espérance nécessite une vraie foi. Et pourtant, paradoxalement, là encore sur ces sujets, quelque chose d’outré traîne sur les visages de ses personnages. Comme une trace d’ironie placée là pour nous préserver ? Une réserve ?

Dans un de ses grands tableaux fameux conservé à Nantes, Le Christ quittant le prétoire (1874-1880), l’usage de la lumière est en revanche très généreux, et les tissus exotiques brillent de tous leurs feux.

Grand voyageur, Doré visita Londres et y travailla beaucoup. C’était pour lui, comme pour nombre de ses contemporains, la ville moderne par excellence. Même si elle déchirait le tissus social et laissait tant de pauvres à la rue. Il y cofonda une galerie d’art (1867-1868), qui sut tirer son épingle du jeu.

Pourra-t-on trouver un jour une explication qui nous satisfasse au fait que, pour Gustave Doré, le corps masculin est en général nu, captif, victime d’une figure féminine forcément maléfique, comme dans La Gloire étouffant le Génie ?

Son talent de caricaturiste est comme chauffé à blanc sur la gravure Une Pépinière de rapins, de croutons et d’apprentis Raphaël. La médiocratie du milieu l’exacerbait.

Il se rendit pour d’autres raisons en Espagne, à Madrid, avec Théophile Gautier et Paul Dalloz, désireux d’aller sur les lieux qu’aurait pu connaître Don Quichotte, pour y trouver un parfum local et rendre ses travaux plus vrais. Comme il le fit à Londres, il y capta quelque brochette de personnages, pauvres, mendiants, nobles aux vêtements lumineux, réalisant par l’observation de beaux comme de sinistres portraits de cette population.

Les Martyrs chrétiens, dit aussi la Nuit dans le cirque, 1871, Huile sur toile, Strasbourg, musée d’art moderne et contemporain.

Parfois, Gustave Doré surchargeait ses tableaux d’épaisses couches de peinture. Contrairement à son contemporain Manet, il était loin d’être indifférent aux honneurs : il fut fait Chevalier de la Légion d’honneur en 1861, convié à Compiègne par Napoléon III, et son atelier deviendra dès lors un des hauts-lieux de la vie parisienne.

Enfin, quand Gustave Doré peint ce qu’il voit des horreurs de la Commune de Paris, le ton change immédiatement, et il n’y a plus de traitement allégorique, mais du respect pour ces vies bouleversées et des émotions rendues simples et fortes !

Les enfants y trouveront aussi toutes les grandes imageries des contes. Le regard franc et interrogatif du Petit Chaperon rouge, le côté lutin du Petit Poucet. Des attitudes pleines de prévenances et de conseils pour les jeunes entrant dans des sociétés dépourvues de pitié...

À découvrir également les paysages de Gustave Doré, grand marcheur amoureux de la nature, des torrents et des montagnes. Beaux comme des Courbet !

Présentation de l’exposition

Du 18 février au 11 mai 2014, le musée d’Orsay, en partenariat avec la BnF, présentait la grande exposition temporaire "Gustave Doré (1832-1883). L’imaginaire au pouvoir".

Le commissariat de cet événement était assuré par Édouard Papet, conservateur en chef au musée d’Orsay, Philippe Kaenel, professeur titulaire d’histoire de l’art à l’Université de Lausanne, et Paul Lang, conservateur en chef au musée des beaux-arts du Canada, qui recevra par la suite cette exposition.

Cette rétrospective était ambitieuse. Elle tentait de couvrir les différents aspects de son talent, et, si ce n’est tous, de nombreux aspects de l’art de Gustave Doré, jusqu’à son influence devenue évidente... sur la bande-dessinée, l’animation et le cinéma.

Une exposition qui commençait au rez-de-chaussée, pour se terminer bizarrement au 5e étage.

Gustave Doré (1832-1883). L’imaginaire au pouvoir. Du 18 février au 11 mai 2014 au musée d’Orsay, niveau 5.


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Vous retrouvez comme chaque année dans LES GRANDES EXPOSITIONS 2016 à Paris de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans CALENDRIER 2016 des grandes expositions à Paris ces mêmes expositions sont classées par dates.

Dans la série Toutes les expositions 2016 dans les plus grands musées de Paris... lire également :
Au musée du Louvre, au Centre Pompidou, au Grand Palais, au musée d’Orsay, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, au Jeu de Paume, au Palais de Tokyo, à la Bibliothèque nationale de France, au musée du Quai Branly, au musée des Arts décoratifs, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain.

Nous nous efforçons de tenir ces articles à jour, et nous vous remercions des suggestions, précisions, ajouts et corrections que vous pourriez être amenés à apporter à ces programmes.

Nous vous indiquons chaque semaine les nouveautés, les expositions qui fermeront bientôt leurs portes, et... nos préférences, car on ne se refait pas : LA SEMAINE des expositions et musées : que faire à Paris du....

Contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous établissons, au fur et à mesure de leur publication, notre sélection des catalogues d’expositions 2016 de Paris, comme nous l’avons fait les années précédentes : 2015, 2014, 2013, 2012.

Vous pouvez consulter quelques dizaines de présentations d’artistes, classées de A à Z.

Nous vous proposons aussi une sélection de musées et d’expositions dans les villes françaises suivantes, que nous nous efforçons de tenir assez régulièrement à jour :
Angoulême - Arles - Avignon - Bordeaux - Dijon - Grenoble - Ile-de-France - Lens - Lille - Lyon - Marseille - Metz - Montpellier - Nantes - Nice - Ornans - Rennes - Rodez - Rouen, Le Havre - Saint-Étienne - Strasbourg - Toulouse - Tours

Et juste des musées et expositions temporaires pour quelques villes étrangères : Amsterdam, Berlin, Bâle, Bruxelles, Genève, Londres, Madrid, Milan, et Venise.

André Balbo

sources : Visite, musée d’Orsay

Informations pratiques
Adresse, horaires, numéro de téléphone, liens...

lundi 6 mai 2019,    Expositions