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Cadeaux ? LES 36 MEILLEURS CATALOGUES d’expositions 2015 de Paris

Notre sélection attire votre attention sur les ouvrages qui, mieux que d’autres, sont susceptibles de nous laisser plus durablement les traces de ces événements artistiques ou culturels qui font de Paris une ville particulièrement attrayante.

Ces catalogues sont capables de nous offrir des approfondissements, des présentations plus fouillées, et des "compléments d’enquêtes". Ainsi trouveront-ils justement leur place dans une bibliothèque artistique rassemblant des ouvrages choisis... matérialisant peut-être des expositions que vous aurez visitées et qui vous auront plus particulièrement touchés.


Vous trouverez dans l’article 2015 à Paris : LES GRANDES EXPOSITIONS de A à Z les différentes expositions 2015 des établissements et musées de la capitale (comme nous l’avions fait en 2014, 2013, 2012, et 2011,), et dans CALENDRIER 2015 des grandes expositions à Paris, ces mêmes événements classés par dates (2014, 2013, 2012.)

Mais bientôt l’année changera... Anticipez avec nos articles (Paris 2016. LES GRANDES EXPOSITIONS, CALENDRIER 2016 des grandes expositions de Paris,) et allez voir ce que l’on nous mijote d’ici quelques mois... Le temps va si vite !

Mais que restera-t-il demain de nos émotions artistiques de cette année ? De nos découvertes plastiques, culturelles, historiques qui touchèrent nos sens et nos pensées ?

Qui est parvenu à visiter l’ensemble des expositions qui l’auraient intéressé ? Ou même à retenir dans sa mémoire et sa sensibilité profonde, chacune des œuvres d’art, des découvertes scientifiques, des révélations archéologiques ou historiques, qui sut le toucher, en un lieu, un instant, quelques jours ?

Les musées produisent des événements "culturels" de toutes sortes. Ils brassent des concepts, des rencontres artistiques, font des associations d’idées ou d’artistes, voire combinent des confrontations, judicieuses, ou qui le sont moins.

Parfois, l’idée d’une exposition est originale, forte, voire inédite : révéler un artiste dont l’œuvre parviendra à nous toucher intimement, rassembler une large partie de son œuvre, la présenter de telle manière que soudain une compréhension nouvelle nous atteint et complète la vision que nous en avions.

Dans notre lutte permanente contre le temps qui file, là comme ailleurs, contre l’actualité artistique ou culturelle qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence éditoriale, un rôle certain à jouer. Ils peuvent même offrir de véritables prolongements à ces ravissements exceptionnels qui auraient pu, sans leurs publications, n’être que fugaces.

Pour leurs diverses qualités, et dans leurs différentes fonctions, nous sélectionnons les meilleurs catalogues des expositions parisiennes dès qu’ils nous sont devenus accessibles.

CHACUN DES CATALOGUES 2015 PRÉSENTÉS AU FUR ET À MESURE DANS CETTE SÉLECTION EST EN LIEN AVEC L’ARTICLE DE L’EXPOSITION... QUI LUI A DONNÉ LE JOUR.

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Antonioni

Le grand réalisateur italien Michelangelo Antonioni est au panthéon des cinéphiles pour ces films qui faisaient découvrir l’influence qu’exerçaient les temps modernes sur l’individu, avec leurs béances, la solitude, l’incommunicabilité, mais aussi les nouveautés qu’ils apportaient, avec leur vitalité et leur diversité. Ne regardant que le présent, sans pour autant dire qu’il lisait dans l’avenir, il nous y préparait. Cet ouvrage est utile et lèvera à son propos quelques idées encore brumeuses.

Si Blow-Up, Zabriskie Point ou Profession : reporter ont recueilli en leur temps succès mondial et récompenses, d’autres de ses films ont longtemps gardé la réputation d’être d’un abord plus difficile, plus psychologique, plus ardu.

C’est toute l’originalité de ce catalogue que de bénéficier de l’ensemble de la documentation et des témoignages laissés par Antonioni à sa ville natale de Ferrare, et de permettre aujourd’hui, en respectant la chronologie de ses créations, de retrouver toute la richesse et la force de son inspiration.

Le plus surprenant sera peut-être pour certains de constater à quel point d’une part cet œuvre reste extrêmement contemporain dans ses explorations, et d’autre part l’importance des apports biographiques qui le nourrissent de bout en bout.

Vous y trouverez traités la recherche d’un style avec Lucia Bosè, la trilogie moderne portée par Monica Vitti, qui fut sa compagne, le départ d’Antonioni vers de nouveaux horizons hors d’Italie, avec Blow-Up, Zabriskie Point et Profession : Reporter, et son retour au pays avec Identification d’une femme et Par-delà les nuages.

La modernité du travail de ce réalisateur passionné de peinture imprègne encore aujourd’hui notre culture visuelle, au cinéma bien sûr, mais aussi dans la photographie, la mode, la publicité, et les œuvres de nombreux artistes contemporains mentionnés.

Une iconographie formidable, une filmographie complète et une bibliographie sélective.

Antonioni, coédition Flammarion / La Cinémathèque française, ouvrage collectif publié sous la direction de Dominique Païni, 210 x 240 mm, relié, 168 pages, 35€.

Azincourt (D’) à Marignan. Chevaliers et bombardes, 1415-1515

5 siècles après Marignan...

Au début du XVe siècle, le modèle de l’armée féodale en France atteint ses limites. La bataille d’Azincourt annonce la fin de la chevalerie et le début de la suprématie des armes à distance sur la mêlée, suprématie que renforce encore l’apparition de l’artillerie.

Le milieu du XVe siècle marque un tournant décisif dans l’organisation de l’armée, dans la conduite de la guerre et dans les moyens techniques utilisés. L’action de Jeanne d’Arc, aussi brève que marquante, témoigne du retour à une politique offensive de la France. Charles VII entreprend de grandes réformes militaires. Plus professionnelle, dotée d’une artillerie plus mobile et performante, l’armée royale permet au souverain de reconquérir les territoires occupés par les Anglais, de mettre un terme à la guerre de Cent Ans et de conquérir les grands duchés indépendants.

En 1515, avec la victoire de Marignan, François Ier renoue avec la tradition du roi chevalier, guerrier et victorieux.

Parmi les annexes de ce catalogue d’histoire, on retiendra un intéressant glossaire des termes techniques et guerriers, une bonne bibliographie, des chronologies et une cartographie des territoires et des batailles. "Quand l’Europe découvrait que les guerres se gagnaient à pied..."

D’Azincourt à Marignan. Chevaliers & bombardes. 1415-1515, coédition Gallimard / musée de l’Armée, publié sous la direction de Sylvie Leluc, Antoine Leluc, et Olivier Renaudeau, 230 x 287mm, 272 pages, 300 illustrations, 35€.

Beauté Congo – 1926-2015 – Congo Kitoko

Ce catalogue, qui a fait partie dans un premier temps des 10 Nominés au Prix CatalPa, s’est vu décerné une Mention spéciale au Prix CatalPa 2015 : "un catalogue multiple, joyeux et explosif, qui tente de raconter l’expérience au Congo, unique à notre connaissance dans un pays d’Afrique, de près d’un siècle d’art moderne puis contemporain.
Un catalogue d’une grande vitalité, et une maquette tonique pour mieux nous faire connaître une extraordinaire efflorescence d’artistes dont on commence à entendre de plus en plus parler.
"

Une époustouflante entrée en matière et en ambiance avec dès les premières pages, des photographies de Pascal Maître...

Ce catalogue met à l’honneur la puissance, la vitalité, en un mot l’ardeur que l’art moderne et contemporain sous toutes ses formes a démontré dans la République démocratique du Congo dès les années 1920. Il retrace près d’un siècle de création et en détaille chacune des étapes traversées.

Si l’ouvrage couvre principalement la peinture et ses plus grands créateurs, la sculpture, la photographie, la musique et la bande dessinée y ont aussi leur place, offrant une opportunité unique de découvrir la diversité et la vivacité de la scène artistique du pays et de sa capitale Kinshasa.

Des textes de spécialistes, accompagnés d’entretiens avec certains des principaux artistes (Chéri Samba, JP Mika, Bodys Isek Kingelez, Kiripi Katembo), des biographies des créateurs qui participent à l’exposition, et d’une chronologie détaillée, permettent d’approfondir les contextes artistiques et historiques dans lesquels ces œuvres ont vu le jour.

Pour André Magnin, qui eut pour l’exposition, et certainement aussi le catalogue, le rôle plaisant et difficile de rassembleur : "Seul, en Afrique, le Congo pouvait inspirer pareille effervescence de sensualité, de radicalité, exprimée par le trait et la couleur (...) Un art sans théorie ni exégèse (...)"

"Cet art ne se rattache à rien. Le public n’a pas de mode d’emploi pour le goûter, sinon une disponibilité d’esprit qui le fera se l’approprier, chacun à sa manière".

Un ouvrage de référence sur la création artistique au Congo à conserver précieusement.

Beauté Congo (1926-2015) Congo Kitoko, édition Fondation Cartier pour l’art contemporain. Textes de Thomas Bayet, In Koli Jean Bofane, Michael De Plaen, Frédéric Lomami Haffner, Nancy Rose Hunt, Jean-Christophe Lanquetin, Elikia M’Bokolo, André Magnin, Dominique Malaquais, Pedro Monaville, Bob W. White et entretiens avec de nombreux artistes. Version française uniquement. Relié, 22 × 29 cm, 380 pages, 350 reproductions couleur et noir et blanc. 47€. Diffusion Actes Sud.

Bonnard (1867-1947). Peindre l’Arcadie

Ce catalogue a fait partie des 10 Nominés au Prix CatalPa 2015.

Il est l’officiel de l’exposition « Pierre Bonnard. Peindre l’Arcadie », au musée d’Orsay, qui a réuni 61 tableaux dont plusieurs grands formats, 25 toiles données sous réserve d’usufruit, près de 300 dessins, et 273 photographies.

Ajoutons qu’Orsay est le musée qui conserve l’ensemble le plus important de Bonnard... si l’on excepte celui constitué par Daniel Wildenstein à l’occasion de la succession du peintre.

Il n’y avait plus eu d’exposition conséquente sur Bonnard depuis plus de 40 ans.

L’ouvrage a pour ambition de faire découvrir d’une manière différente ce peintre mondialement connu et apprécié pour la magnificence de ses couleurs, la radicalité de ses visions, et son humour décalé à la Alfred Jarry. Légèreté, humour, tendresse, chaleur et lumière tendent dans son expression comme un filet dont le visiteur fasciné a le plus grand mal à s’échapper.

Articulé autour des fondamentaux de la peinture de Bonnard, son attachement aux nabis, au Japon, à Gauguin, ce catalogue cherche à éviter l’écueil d’une démonstration strictement chronologique pour faire sentir l’unité profonde de l’œuvre, la continuité et la vraie rigueur de son inspiration, comme la manière si personnelle avec laquelle l’artiste a su additionner harmonieusement les différentes phases de sa création.

Du tableautin au grand format, du portrait à la nature morte, de la scène intime au sujet pastoral, du paysage urbain au décor antique, l’œuvre de Bonnard nous révèle un artiste instinctif et sensible. Sa palette aux couleurs vives et lumineuses en fait l’un des principaux acteurs de l’art moderne, mais aussi l’artiste à part, un créateur d’univers rêvé.

Guy Cogeval est président des musées d’Orsay et de l’Orangerie, et Isabelle Cahn conservateur du patrimoine en charge de la collection d’estampes de l’Institut national d’histoire de l’art à Paris.

Bonnard. Peindre l’Arcadie, d’Isabelle Cahn et Guy Cogeval, coédition musée d’Orsay / Éditions Hazan, 308 pages, 200 illustrations, relié, 258 x 292mm, 45€.

Chagall et la musique

Ce catalogue a fait partie des 10 Nominés au Prix CatalPa 2015.

Il explore le lien profond qui unissait le peintre Marc Chagall à la musique. Cette omniprésence dont elle bénéficie dans son œuvre, intimement ancrée à son univers familial et au contexte culturel juif de sa ville natale.

Cela devient une évidence et prend tout son sens avec les créations scéniques pour lesquelles il réalise décors et costumes. Le Théâtre d’art juif (Moscou, 1919-1920), puis les ballets Aleko (Mexico, 1942), L’Oiseau de feu (New York, 1945), Daphnis et Chloé (1958) et La Flûte enchantée (New York, 1967) sont de fortes matérialisations de cette emprise que la musique exerce sur l’artiste, par la monumentalité scénique (décors) et le travail de la matière (costumes) rendus par Marc Chagall dans ses œuvres.

Ses grands projets des années 1960, dont le plafond de l’Opéra de Paris (1964) et le programme décoratif et architectural du Metropolitan Opera du Lincoln Center de New York (1966), témoignent de plus de la conception d’art totale imaginée par l’artiste et de ses recherches sur l’universalité de la musique et sur sa représentation dans l’espace architectural.

À la fois source d’inspiration constante, sujet des créations, rythme interne et force de composition, donnant la mesure à l’intensité et aux gammes de couleur, la musique dans l’œuvre de Chagall, inattendue et renouvelant résolument l’approche iconographique, témoigne d’une modernité fulgurante et permanente.

Un formidable ouvrage sensible et de référence à conserver dans sa bibliothèque.

Chagall et la musique, coédition Gallimard / la Philharmonie de Paris / La Piscine Roubaix. Ouvrage sous la direction de Bruno Gaudichon, Ambre Gauthier et Éric de Visscher, 23 x 28,7 cm, 360 pages, 500 illustrations en couleurs, 45 €.

Chefs-d’œuvre d’Afrique dans les collections du musée Dapper.

Ce catalogue magnifiquement illustré, est composé de deux grandes sections : Afrique centrale et Afrique de l’Ouest.

Les pièces majeures qui y sont présentées, dont certaines n’ont pas d’équivalent dans le monde, sont réunies pour la première fois dans un ouvrage de référence, qui a été publié en hommage à Michel Leveau, fondateur du musée Dapper. Un de ses articles (La Découverte des figures de reliquaire dites kota") est réédité ici.

Nombre de ces objets ont appartenu auparavant à des grands noms ayant marqué la reconnaissance des arts non occidentaux au début du XXe siècle : Paul Guillaume, Jacob Epstein, Charles Ratton...

Remarquables pour leur qualité esthétique, les quelque 130 œuvres reproduites (masques, statues, statuettes, insignes et parures), témoignent de la richesse des pratiques artistiques de l’Afrique Subsaharienne.

Leurs fonctions politiques, sociales, et religieuses, sont éclairés par les analyses de spécialistes reconnus : anthropologues, ethno-linguistes ou historiens de l’art.

Ces experts sont Alain-Michel Boyer, Jean-Paul Colleyn, Christiane Falgayrettes-Leveau, Christiane Owusu-Sarpong, Anne van Cutsem-Vanderstraete, et Jean-Pierre Warnier. Grâce à eux, chaque lecteur, spécialiste, simple amateur ou néophyte pourra entreprendre ce voyage riche en découvertes à travers l’univers des formes et des spiritualités africaines.

Un index répertorie en fin d’ouvrage les principales expositions citées dans ce catalogue. Un autre, plus classique, permettra de retrouver chacun des termes et nom utilisés dans leur contexte.

Une riche cartographie situe les cultures dont sont originaires ces objets, et les œuvres sont photographiées avec adresse et talent.

Chefs-d’œuvre d’Afrique dans les collections du musée Dapper, éditions du musée Dapper, 320 pages, 35€.

Churchill - De Gaulle

Ce catalogue peut être pris au sérieux pour que la Reine d’Angleterre et François Hollande l’aient tous deux préfacé, et que les petits-enfants de ces personnages historiques si hauts en couleur se soient prêtés à décrire ces deux figures publiques libres dans l’intimité, l’un mystérieux et l’autre exubérant.

Quelque 35 auteurs se sont efforcés d’en étudier l’histoire, qu’elle soit grande ou quotidienne, ou les deux à la fois, sous un grand nombre de facettes. Les tiroirs ont été consciencieusement vidés, et parmi ces documents exhumés, beaucoup n’avaient jamais traversé la Manche.

Le face-à-face est épique et passionnant, et les vies et faits de Winston Churchill comme du général De Gaulle méritaient pleinement d’être une fois encore confrontés point à point, pas à pas.

Une mise en perspective et l’approfondissement nécessaire de la relation bouillonnante et parfois brusque qui se tissa entre ces héros à la fois contemporains et d’un autre âge, qui prirent toute leur place dans la victoire des Alliés contre les horreurs du nazisme et l’embrasement de la planète qu’il avait causé.

Une forme de mémorial à deux places d’une grande qualité, pour lequel on aurait apprécié un index et une bibliographie un peu plus étendus.

Churchill - De Gaulle, coédition La Martinière / le musée de l’Armée / la Fondation Charles De Gaulle, 190 x 255 mm, couverture à jaquette, 288 pages, plus de 250 illustrations, 28€.

Clefs d’une passion (Les)

Catalogue officiel de l’exposition « Les Clefs d’une passion » présentée à la Fondation Louis Vuitton, cet ouvrage réunit un ensemble de quelques œuvres exceptionnelles, prêtées par les plus grands musées et collections privées. L’audace des artistes qui les ont créé a durablement marqué le cours de l’histoire de l’art du début du XXe siècle. Il s’agissait de Monet, Mondrian, Malevitch, Rothko, Bonnard, Picasso, Munch, Bacon, Matisse et de quelques autres.

Dans cet ambitieux catalogue sont rassemblés une vingtaine de textes de spécialistes de ces artistes et de ces œuvres (dont Jean-Claude Marcadé, Isabelle Monod-Fontaine, Marie-Laure Bernadac, Giovanni Lista, Arnauld Pierre, Wietse Coppes, Arne Eggum, Michael Peppiatt, Pascal Rousseau, Véronique Wiesinger).

Des questions existentielles, délicates, et d’actualité comme "Qui fait désormais l’histoire de l’art en tenant compte de l’intrusion du marché ?" ou "Qu’est ce qui fonde l’iconicité d’une œuvre ?" sont traitées dans des essais d’historiens de l’art et de philosophes (dont Robert Storr, Patricia Falguières, Jacqueline Lichtenstein, Élisabeth Lebovici, Jean-Pierre Criqui, Alain Cueff).

Dans l’ouvrage, le corpus des œuvres respecte l’ordre alphabétique des artistes. Il est accompagné d’œuvres de comparaison, illustrant le propos.

D’un contenu scientifique conséquent. L’intérêt de cet imposant catalogue est aussi son parti pris d’offrir aux lecteurs des illustrations d’excellentes qualité souvent de grand format (une dizaine existent en dépliants), et sur un papier de grande qualité.

Les Clefs d’une passion, coédition Hazan / Fondation Louis Vuitton, publié sous la direction de Suzanne Pagé et Béatrice Parent, 288 pages, 150 illustrations, 260 x 295mm, relié, existe en version française et en version anglaise. 45€.

Djian (Philippe). Voyages

Au musée du Louvre, Philippe Djian propose, par une exposition, un voyage onirique dans les arts et la littérature. Goût pour l’ailleurs, désir de passer au-delà des frontières, ces voyages se découvrent aussi comme d’universelles interrogations humaines sur l’avenir de l’individu ou de l’espèce, une transhumance des âmes, un exil intérieur, une forme de la création littéraire.

Ce beau livre de Djian n’est pas un commentaire des œuvres choisies pour cette exposition. C’est un ensemble autonome qui pourrait être lu seul. Il précède les reproductions des œuvres présentées, puisées par l’auteur dans le fonds de la collection Edmond de Rothschild conservé au Louvre.

De nombreux dessins et estampes de Dürer, Rembrandt, Seghers et bien d’autres, des livres, des carnets de voyages d’artistes occidentaux des XVIIIe et XIXe siècles, sont accompagnés de dessins de Victor Hugo, d’estampes de Pierre Alechinsky ou de Louise Bourgeois, une vidéo de Bill Viola était présentée à l’événement, une grande encre d’Henri Michaux, enfin une œuvre contemporaine consacrée, par le Collectif anonyme défendu par Vincent Sator, à la Cartographie littéraire de Guy Debord.

Philippe Djian. Voyages, coédition Gallimard / musée du Louvre Éditions, 200 pages, 8p. hors texte, 70 illustrations, sous couverture illustrée, 185 x 235mm, 29€.

Doucet (Jacques) - Yves Saint Laurent. Vivre pour l’art

Jacques Doucet (1853-1929) et Yves Saint Laurent (1936-2008), s’ils furent tous deux de grands couturiers, partagèrent aussi le fait d’avoir été des collectionneurs d’art, à la recherche d’une forme d’absolu.

Chacun d’eux créa dans sa maison des espaces-collections, sortes d’expositions inédites, et véritables installations.

Ces esthètes créateurs de beauté ont ainsi chacun incarné le "goût" de son époque. Brancusi, Braque, Cézanne, Chirico, Gray, Klee, Manet, Mondrian, Modigliani, Picasso... de nombreux créateurs et artistes ont peuplé successivement leurs appartements.

Un rapprochement sensible des univers intimes de ces spécialistes de l’esthétique, des documents rares encore jamais montrés, et des reproductions d’une qualité exceptionnelle.

Jacques Doucet - Yves Saint Laurent. Vivre pour l’art, coédition Flammarion / Fondation ysl-pb, 215 x 275 mm, relié, 192 pages, 39€.

Fashion Mix

Cristóbal Balenciaga, Antonio Cánovas del Castillo, Sonia Delaunay, Mariano Fortuny, John Galliano, Natalia Gontcharova, Marc Jacobs, Rei Kawakubo, Patrick Kelly, Kenzo, Mainbocher, Martin Margiela et les Six d’Anvers, Alexander McQueen, Issey Miyake, Edward Molyneux, Rick Owen, Lola Prussac, Paco Rabanne, Elsa Schiaparelli, Riccardo Tisci, C. F. Worth, Yohji Yamamoto…

Qu’ils soient Britanniques, Italiens, Espagnols, Belges, Russes, Américains ou Japonais, tous ces légendaires créateurs ont en commun d’avoir quitté leur pays natal pour faire de Paris leur ville d’adoption ou leur terrain d’expérimentations.

Aujourd’hui la capitale française est à nouveau le berceau de la haute couture avec ses 4 Fashion Weeks annuelles aux innombrables défilés, ses boutiques et maisons de couture renommées. C’est une des capitales de la mode.

Fashion Mix retrace l’histoire de la mode française par le prisme de l’histoire de l’immigration, et révèle comment la haute couture et le prêt-à-porter parisiens se sont enrichis de ces différents parcours au point de proclamer Paris capitale internationale de la mode.

Ce catalogue met cette synergie en valeur, retraçant les grandes étapes de création : les grandes écoles internationales et leur présence à Paris (l’Académie d’Anvers, la Saint Martins School, les écoles italienne, américaine, japonaise...), la confection de mode dans les maisons parisiennes, jusqu’aux défilés qui comptent tant de mannequins d’origine étrangère.

Les textes sont "étoffés" d’une superbe iconographie mêlant sciemment des fac-similés de documents (cartes de séjour, factures...) et des photographies de vêtements féminins et masculins, chaussures et accessoires.

Parmi les contributeurs de cet ouvrage collectif, Olivier Saillard est le directeur du musée Galliera, Cally Blackman est maître de conférence à la Centrale Saint Martins School, Tsujita Kaya est historienne de la mode et spécialisée en la matière dans le croisement France-Japon.

Fashion Mix, coédition Flammarion / musée de l’histoire de l’immigration / Palais Galliera, relié, 176 pages, 280 x 210 mm, 35€.

Filmer les camps (1941-1946). Les Soviétiques face à la Shoah

Seuls les opérateurs de cinéma soviétique ont pu tourner sur les lieux des plus importants massacres de civils qu’ait connus l’Europe dans son histoire, quand l’Armée rouge cesse de reculer et entame la reconquête des pays baltes, de la Pologne, et des territoires allemands orientaux.

Les découvertes macabres se multiplient. Elles surviennent plusieurs années après les crimes nazis... ou à peine quelques jours plus tard. Des documents terribles.

Exploration de ces inestimables preuves en images, et également des essais de comprendre les différents usages qui en furent faits.

Filmer les camps (1941-1946). Les Soviétiques face à la Shoah, éditions du Mémorial de la Shoah, 128 pages, 29,99€.

Florence. Portraits à la cour des Médicis

Un panorama de l’art du portrait au XVIe siècle, à Florence, à la Cour des Médicis.

À cette époque, les peintres font l’expérience de nouvelles manières de représenter leurs contemporains. Vous trouverez là une façon d’apprécier l’évolution stylistique du cinquecento, siècle particulièrement mouvementé sur les plans culturel et religieux.

Ce catalogue suit à la trace l’histoire des Médicis, leur accession au pouvoir, les difficultés et les guerres, et la consécration de leur dynastie.

L’occasion aussi et bien sûr d’apprécier la virtuosité du travail d’un peintre comme Andrea del Sarto, surnommé par Vasari le "peintre sans erreurs". Sont également présentes des œuvres de Pontormo, du premier maniérisme, des chefs-d’œuvre de Bronzino, dont le sens achevé de la sophistication répondait aux codes de représentation imposés par la Cour des Médicis, qui marquèrent profondément l’art de cette époque.

L’ouvrage, en plus d’étudier l’ensemble des œuvres présentées, propose de précieuses contributions d’historiens de l’art renommés, et offre un parcours de la "belle manière" à Florence au XVIe siècle.

Florence. Portraits à la cour des Médicis, coédition Culturespaces / Jacquemart-André, jaquette et relié, nombreuses illustrations, 208 pages, 45€.

Fragonard amoureux, galant et libertin

Pour les frères Goncourt, comme pour bien d’autres, si le XVIIIe siècle fut le siècle de la séduction et de l’intrigue amoureuse, Jean Honoré Fragonard (1732-1806) en a été le principal illustrateur, si ce n’est un propagateur.

Si ce peintre riche et subtile aborda tous les genres avec bonheur, il semble qu’il ait été sensible, et tout particulièrement talentueux, pour ce qui est de la thématique amoureuse.

La question délicate de l’articulation de la sensualité et du sentiment est alors centrale dans l’espace intellectuel, philosophique et littéraire, lorsque les Lumières se passionnent pour le sensualisme venu d’Angleterre, et que Louis XV règne sur la France.

Elle est aussi primordiale dans cette partie de la production de l’œuvre de Fragonard, puisque, souvent en écho avec les transformations et les préoccupations de son époque, l’inspiration amoureuse du « divin Frago » veille. Elle accompagnera les derniers feux de la galanterie pour emprunter ensuite les voies diverses de la polissonnerie et du libertinage ou de l’amour sincère et moralisé.

Ainsi ce catalogue explore-t-il les variations du sentiment et de l’impulsion amoureux, inlassablement repris et enrichi par l’artiste, talentueux peintre de l’émotion, du désir et de la sensualité, et formidable adorateur de la femme.

L’ouvrage passe ainsi des "derniers feux de l’amour galant et (du) triomphe du libertinage jusqu’à l’essor d’un amour sincère et sensible, déjà romantique".

Précieuses bibliographie et biographie, et reproductions de belle qualité d’œuvres rarement rassemblées.

Fragonard amoureux, galant et libertin, coédition musée du Luxembourg / RMN-GP, sous la direction scientifique de Guillaume Faroult, 25,4 × 29,8 × 2,5 cm, 288 pages, 200 illustrations, relié, 39€.

Invention / Design. Regards croisés

Ce petit catalogue bilingue établit les liens entre les inventions et le design, à partir des collections historiques du Conservatoire des Arts et Métiers. Qui a-t-il de commun dans l’ingéniosité des inventeurs, des constructeurs et des designers ?

Cela permet de lister 6 grands thèmes des missions présentées au design : sa capacité à viser l’essentiel, ses obligations à faire preuve de curiosité et d’audace, à s’adapter au contexte, à s’inscrire dans une histoire des formes, et à recourir à de nouveaux outils de conception.

Une centaine de références, pièces historiques et créations de design contemporain, y sont mises en regard pour montrer combien l’inventivité comme le design sont au cœur des transformations de notre société.

Invention / Design. Regards croisés, coédition artlys / musée des arts et métiers, français / anglais, illustré, 112 pages, 15€.

Klimt (Au temps de). La Sécession à Vienne

Le catalogue de cette exposition, tout en se concentrant sur l’œuvre de Gustav Klimt (mais aussi sur celles d’autres artistes dont Egon Schiele, Carl Moll et Oskar Kokoschka), explore la riche période de la Sécession à Vienne et analyse ses fortes influences sur toutes les formes d’art qui en ont été transformées.

Les articles rassemblés dans cet ouvrage (Paris-Vienne 1900, de Agnes Husslein-Arco ; Une association de jeunes artistes est toujours internationale : la Sécession à Vienne, de Markus Fellinger), étudient et nous parlent non seulement des propres chefs-d’œuvre de Klimt tels que Judith et la frise Beethoven (par Alfred Weidinger), mais également interrogent dans le détail les différents aspects des relations qui se tissèrent dans ces débuts du XXe siècle entre Vienne et Paris, et la place qu’occupa l’œuvre de Klimt dans le contexte historique et culturel de la Sécession.

Dans ce catalogue, les toiles et sculptures des artistes se juxtaposent aux œuvres artisanales, aux céramiques (dont celles de Michael Powolny), à la photographie (dont celles d’Heinrich Kühn), et à l’architecture (von Krauss, Riha) ou le design de cette époque, aux meubles, aux bijoux, révélant le foisonnement exceptionnel dans lequel baignait, vivait et travaillait Gustav Klimt.

Alfred Weidinger, auteur, conservateur et expert de l’art de Gustav Klimt, est le vice directeur du Belvédère de Vienne, qui détient la plus large collection de tableaux de l’artiste autrichien.

Reproductions de fort belle facture et format judicieusement choisi.

Au temps de Klimt. La Sécession à Vienne, coédition Pinacothèque de Paris / Belvedere, Vienne / 24 Ore Cultura, publié sous la direction de Markus Fellinger, relié, 280 x 310 mm, 200 illustrations, 224 pages, 45€.

Krull (Germaine)

Ce catalogue a fait partie des 10 Nominés au Prix CatalPa 2015.

Germaine Krull (1897-1985) a été typique de son époque. Après un engagement politique marqué par la révolution spartakiste à Munich et à Berlin, participe aux profonds bouleversements de la pratique photographique qu’elle enrichit de son tempérament très individuel et original.

C’est de plus une des femmes-photographes les plus célèbres de l’histoire de la photographie, pour sa participation aux avant-gardes des années 1920-1940... et pour avoir mener une vie qui était plusieurs romans. La publication de son portfolio Métal en 1928, sa collaboration à l’exposition Film und Foto en 1929 l’inscrivent comme l’une des égéries de la "modernité".

Ses photos sont présentées dans les plus grandes collections muséales, et elle-même participa à toutes les manifestations sur la photographie d’avant-garde de l’entre-deux-guerres. Elle est la pionnière du "livre de photographie", et figure dans toutes les études sur le nu féminin au XXe siècle... tout en étant à l’origine du reportage moderne.

Aventurière, sa vie fut flamboyante, et cela explique certainement que son œuvre ait été moins étudiée que ne le furent celles de Man Ray, Moholy-Nagy ou Kertész, certainement aussi du fait de période d’éclipses en Asie ou de liens distendus avec le milieu.

Ce catalogue revêt donc une importance toute particulière car il permettra selon toute vraisemblance un positionnement plus juste de la réalité de son œuvre photographique. Germaine Krull travailla constamment en vue de la publication de ses photographies. On reconnait l’importance du magazine VU lancé en 1928, auquel elle participe dès le début, et qui lui permet d’élaborer, avec Kertész et Lotar, cette forme de "reportage" qui lui convient si bien. mais afin de vivre de ses photographies, elle participe à de nombreuses autres publications, comme les magazines Jazz (76 photographies sur 17 numéros), Variétés, Paris-Magazine, Art et médecine, Voilà, L’Art vivant, La France à table, etc.

Et surtout, fait notoire et novateur, Germaine Krull publie plusieurs livres ou portfolios dont elle est l’unique auteur : Métal (1928), 100 x Paris (1929), Études de nu (1930), Le Valois (1930), La Route Paris-Biarritz (1931), Marseille (1935), ainsi que le premier photo-roman avec Simenon, La Folle d’Itteville (1931). Ces publications regroupent quelque 500 photographies.

Ses photographies illustrent d’autre part de nombreux autres livres : Paris (1928), Visages de Paris (1930), Paris under 4 Arstider (1930), et enfin La Route de Paris Méditerranée (1931).

Ce catalogue privilégie la période de pleine activité de Germaine Krull, de 1924 à 1935, mais inclut aussi la période Monte-Carlo (1935-1940), et son travail au service de la France Libre, jusqu’en 1945. La période ultérieure, lorsqu’elle vit en Asie, ne sera que rapidement évoquée.

Très illustré (150 photographies), complété de nombreux extraits de livres et magazines, il révèle et analyse les intensions et les imaginaires de la photographe, pour permettre de mieux apprécier la continuité et les constantes du travail de Germaine Krull, tout en mettant en valeur ses innovations esthétiques.

Germaine Krull. Coédition Hazan / Jeu de Paume, sous la direction de Michel Frizot, 230 x 280mm, 200 illustrations, 264 pages, 35€.

Kuniyoshi, le démon de l’estampe

Le graveur japonais Utagawa Kuniyoshi (1797-1861) est moins connu en Occident qu’Hokusai et Utamaro. Son imagination débordante fut pourtant remarquée par les frères Goncourt et les plus grands artistes tels Monet ou Rodin qui possédèrent certaines de ses planches.

Violent dans ses séries de combattants et de monstres, Kuniyoshi sait se montrer ludique dans ses nombreuses caricatures et ses représentations humoristiques de la vie des chats par exemple, dont il s’est fait le spécialiste amusé.

À l’heure où le monde du manga et celui du tatouage se sont emparés de son œuvre comme une généreuse source d’inspiration, cet ouvrage rassemble environ 250 estampes et peintures de l’artiste provenant pour l’essentiel de collections japonaises.

Elles témoignent du génie dramatique, de la beauté expressive de l’artiste, et d’un grand sens du mouvement comme du cadrage.

Kuniyoshi, le démon de l’estampe, coédition Paris Musées / Petit Palais, broché, 300 pages, 39,90€.

Lam (Wifredo)

Ce catalogue a fait partie des 10 Nominés au Prix CatalPa 2015.

Ce catalogue est une monographie, formidablement illustrée, consacrée à l’œuvre comme à la vie mouvementée et pleine de rencontres de l’artiste cubain Wifredo Lam (1902-1982). Il illustre, précise et approfondit l’exposition que le Centre Pompidou lui dédie cette année, première grande rétrospective depuis celle du musée d’Art Moderne en 1983, un an après sa mort.

Il est une occasion unique de revisiter en profondeur cet œuvre singulier qui confronte les formes de la modernité et des avant-gardes d’alors au creuset culturel notamment, mais pas seulement, cubain et antillais.

L’ouvrage présente l’ensemble de l’œuvre de Wifredo Lam en s’appuyant sur une riche iconographie (plus de 200 œuvres et une multitude de photos). Sous la direction de Catherine David, il revient sur les sources d’inspiration de l’artiste et sur son parcours singulier dans le XXe siècle.

Les Éditions du Centre Pompidou ont puisé dans le fonds conservé par la famille de nombreuses photographies, correspondances et documents inédits. Et le poème À la santé du serpent, de René Char, cahier manuscrit par l’auteur et illustré par Wifredo Lam, un travail à quatre mains en quelque sorte, est reproduit dans son intégralité, pour la première fois.

L’articulation de l’ouvrage repose solidement sur les étapes fortes de création, qui sont à la fois chronologiques et géographiques : Cuba et l’Espagne, Paris-Marseille, Cuba et les Amériques, les voyages, l’Italie (Albissola).

Des œuvres rarement ou jamais montrées, dont les encres sur papier de 1981, des terres cuites de 1975... et certains de ses tout premiers tableaux réalisés en Espagne. Une biographie remarquablement vivante et constellée de photographies, établie par Jean-Louis Paudrat.

Un artiste en perpétuelle recherche, qui tisse des liens d’une grande modernité entre tant de continents, de cultures, d’amis et non de maîtres (dont Picasso, Breton, Asjer Jorn, Césaire, Michèle Bernstein) et sut participer à bien des avant-gardes. À ne pas rater.

Wifredo Lam, éditions du Centre Pompidou, sous la direction de Catherine David, 23,5 x 28,7cm 370 illustrations, 240 pages, 39,90€.

Lanvin (Jeanne)

Alors que la maison Jeanne Lanvin est une des griffes de mode les plus prestigieuses et les plus anciennes de notre capitale, elle n’avait encore jamais fait l’objet d’une rétrospective à Paris. Celle du Palais Galliera est donc une première.

L’occasion a permis de rassembler très exceptionnellement quelque 110 robes et manteaux. Compte tenu de l’extrême fragilité des œuvres d’une telle collection, qui ne resteront par conséquent pas très longtemps exposées, ce catalogue, dont les qualités sont indéniables, deviendra très vite un objet de référence pour tous ceux qui ont su remarquer l’élégance toute particulière et la virtuosité qui règnent sur ces vêtements à l’audace sereine et au luxe très sage mais marqué. D’autant que la documentation proposée est extrêmement précise et illustrée avec rigueur.

L’ouvrage, par son approche chrono-thématique, croise et mêle habilement la vie et l’œuvre de cette femme d’exception, à travers une iconographie conservée dans le fonds du Palais Galliera, mais aussi complétée par des pièces majeures et des documents choisis du Patrimoine Lanvin.

Soulignons que, pour la présentation des pièces exposées lors de cet événement et pour le catalogue, une campagne de prises de vue a été spécialement réalisée par la photographe Katerina Jebb.

Cette grande dame de la Couture française, qui se fiait à son instinct et s’abandonnait à son inspiration, confiait à Vogue : "Si j’aime la mesure, je n’admets pas plus l’excès que l’étriqué (...)"

La maison Jeanne Lanvin poursuit ses créations sous la direction artistique d’Alber Elbaz, qui a assuré également la direction artistique de l’ouvrage.

Jeanne Lanvin. Coédition Paris Musées / musée Galliera. Sous la direction de Sophie Grossiord, conservateur général au Palais Galliera, avec Olivier Saillard, commissaire général, Solène Béraud, Laurent Cotta, Christian Gros, Hélène Guéné, Sylvie Lécallier, Dean L. Merceron. Relié, 352 pages, 250 illustrations, 22 x 27,5 cm, 45€.

Le Corbusier. Mesures de l’homme

Commémorant le cinquantenaire de la mort de Le Corbusier, l’exposition organisée au Centre Pompidou a privilégié une approche centrée sur la notion de proportion humaine.

Son catalogue invite à une relecture de son œuvre à travers le prisme de la figure humaine, dans sa corporalité mais aussi dans ses dimensions perceptive et spirituelle. Conçu dès 1943, le Modulor, qui illustre la couverture, influencera toute une génération d’architectes.

Bien que cette réflexion sur une mesure essentielle et universelle - « l’homme de série », pensant et percevant - soit au cœur de l’œuvre multiforme de Le Corbusier, il n’existait à ce jour aucune publication permettant d’appréhender cette notion fondamentale dans le travail de l’architecte.

Étoffé par les contributions de jeunes chercheurs, l’ouvrage présente le parcours corbuséen à l’aune de cette thématique, depuis les origines jurassiennes jusqu’aux derniers jours de l’architecte au bord de la Méditerranée.

Il met en lumière l’omniprésence de l’humain dans sa production, à partir d’éléments de l’œuvre peint, de réalisations ou de projets architecturaux, de meubles et d’écrits, qui témoignent de la richesse et de la complexité de sa pensée.

Le Corbusier. Mesures de l’homme, éditions du Centre Pompidou, publié sous la direction de Frédéric Migayrou et Olivier Cinqualbre, couverture cartonnée reproduisant l’empreinte dans le béton du Modulor à la Cité radieuse de Marseille, 23 x 28 cm, 600 illustrations, 280 pages, 42€.

Magie. Anges et démons dans la tradition juive

Superstition, philosophie, pensée savante ou respect des traditions, les pratiques magiques ont été très répandues dans la culture juive, et elles ont été transmises de génération en génération depuis l’Antiquité jusqu’à un passé... qui nous est vraiment très proche.

Pourtant, le sujet est mal connu du public, et les fantasmes qu’il inspire véhiculent souvent des clichés et des approximations.

Ce catalogue, qui s’est appuyé sur une exposition originale du musée d’Art et d’histoire du judaïsme à Paris, lève le voile sur ce domaine à la fois complexe et passionnant, où se croisent philosophie, ethnologie, beaux-arts, histoire, arts et traditions populaires.

Son iconographie s’appuie sur des reproductions d’objets populaires (outils de transmission, talismans et amulettes) et de pages enluminées d’ouvrages rares et précieux issus des plus prestigieuses bibliothèques (BnF, bibliothèque de l’Alliance israélite universelle, bibliothèque de Genève). L’ouvrage apporte ainsi un éclairage exceptionnel sur les formes élémentaires de la magie juive, les objets magiques populaires, les rapports entre médecine et magie, la kabbale, et enfin la spécificité des pratiques chez les juifs du Maghreb émigrés en France dans les années 1960.

Ces questions font l’objet de focus richement illustrés, faisant suite à une large introduction abordant la question de la magie de façon transversale et diachronique : magie juive dans l’Antiquité, démonologie, diffusion dans la pensée savante et médicale, mais aussi interactions au-delà de la sphère culturelle juive (monde chrétien, monde musulman).

Magie. Anges et démons dans la tradition juive. Coédition Flammarion / musée d’Art et d’histoire du judaïsme. Ouvrage collectif dirigé par Anne Hélène Hoog, conservatrice au MAHJ, et Gideon Bohak, professeur de philosophie à l’Université de Tel-Aviv. 176 pages, 195 x 255 mm, 30€.

Mannequin d’artiste, mannequin fétiche

De petite taille ou grandeur nature, ce type de mannequin aide les artistes depuis la Renaissance à progresser dans l’art de la composition et dans le rendu des drapés comme des proportions anatomiques.

Dès la fin du XVIIIe siècle, ils seront nombreux à explorer ce simulacre dont "l’inquiétante étrangeté" croise celle des poupées de mode et des mannequins de vitrine.

Plus tard, vers les temps modernes, sur des modes ludique, ironique, érotique voire inquiétant, la figure du mannequin prendra son indépendance et deviendra le sujet même de certaines œuvres et parfois même un sujet extrêmement récurrent pour certains artistes.

Cette étude remarquablement documentée retrace l’évolution historique du mannequin d’artiste et s’appuie sur une iconographie variée et souvent étonnante (peintures, dessins, photographies, schémas et brevets d’invention)... brassant plusieurs siècles d’art.

Vous y retrouverez des artistes dont Poussin, Courbet, Burnes Jones, Sert, Bellmer ou Man Ray, qui ont chacun à sa manière, mis en scène ce compagnon muet, soutien indispensable restant sur son quant-à-soi.

Sujet insolite, original et très rarement traité, ce catalogue pousse à des découvertes et des interrogations.

Mannequin d’artiste, mannequin fétiche, de Jane Munro. Coédition Paris Musées / musée Bourdelle, relié, 25 x 28 cm, 276 pages, 330 illustrations, 49,90€.

Moïse. Figures d’un héros

Moïse est l’une des figures les plus représentées de l’iconographie biblique. Héros épique par excellence, personnage populaire, il l’est dans ses représentations les plus contemporaines au cinéma, des Dix Commandements de Cecil B. DeMille à Exodus sorti en salles l’an dernier.

Les grandes religions monothéistes ont exploité les épisodes de sa vie, mais, selon les dogmes, chacun est plus ou moins signifiant, certains privilégiés par les uns, tandis que d’autres ont été totalement écartés de leur répertoire.

Après le rappel des moments forts de la vie de Moïse, cet ouvrage, fondé sur quelques-unes des œuvres les plus éminentes de la période moderne, a pour ambition de montrer comment ce personnage a incarné différents enjeux passionnants, tout autant théologiques que politiques et symboliques.

Que ce soit le législateur pour les Humanistes de la Renaissance, le libérateurdans l’approche protestante, la loi unique pour tous sous la Révolution française, penseurs et artistes se sont emparés de cette figure, jusqu’aux romantiques pour lesquels il incarnait l’artiste témoin de l’histoire et prophète visionnaire.

Au milieu du XXe siècle au États-Unis, il fut même un élément-clé de la rhétorique pastorale afro américaine (Martin Luther King).

Un livre précieux qui indique bien des passerelles entre les grandes religieux.

Moïse. Figures d’un héros, coédition Flammarion / MAHJ, dirigée par Anne-Hélène Hoog, 245 x 280 mm, relié, 208 pages, 35€.

Napoléon et Paris. Rêves d’une capitale

Ce somptueux catalogue établit le constat des rapports complexes que Napoléon Bonaparte a entretenu avec Paris, dont il voulait avant l’heure faire ce que l’on appelle aujourd’hui une "ville-monde".

Alors que de 1805 à 1814 il ne passa au total que 900 jours à Paris, Napoléon s’est efforcé avec ardeur à remodeler cette cité dont il se méfiait mais qu’il voulait combler et faire briller plus que toute autre capitale d’alors.

Par les nombreuses institutions et administrations qu’il inventa et installa, ces innombrables monuments et le splendide faste de sa cour, par son pouvoir de fer aussi, ce visionnaire dressait des avant-projets qui ne devaient voir le jour que beaucoup plus tard.

On lui doit nos arcs de triomphe, le musée du Louvre, la colonne Vendôme, la rue de Rivoli, et le Palais Brongniart, mais aussi une bonne partie de notre alimentation en eau potable, de nos marchés alimentaires, de quelques-uns de nos plus beaux ponts, de nos meilleurs lycées, et un début d’agencement des cultes.

Les historiens les plus réputés sur cette époque apportent leurs éclairages complémentaires pour ce personnage dont les entreprises se rattachaient tout autant au siècle des Lumières qu’à l’invention d’un nouvel absolutisme et d’un projet dynastique touchant une grande partie de l’Europe.

Deviendra rapidement une référence.

Napoléon et Paris. Rêves d’une capitale, coédition Paris Musées / Musée Carnavalet, publié sous la direction de Thierry Sarmant, Florian Meunier, Charlotte Duvette et Philippe de Carbonnières24 x 30 cm, 300 pages, relié toilé avec jaquette, 260 illustrations couleur, 44,90€.

Osiris, mystères engloutis d’Égypte

Ce livre transporte le lecteur à la fois dans l’aventure scientifique moderne d’une longue campagne fructueuse de fouilles sous-marines sur les franges occidentales du delta du Nil en baie d’Aboukir (Égypte), dans les vestiges de cités et de temples engloutis, et il révèle des cérémonies fondatrices et cosmogoniques de l’Égypte antique, avec le mythe d’Osiris, ses mystères et les rituels qui préservaient la régénérescence du dieu, le cycle des saisons, la prospérité et l’unité du pays, comme la continuité dynastique.

Ces trésors et ces cérémonies, qui refont surface après des millénaires, nous content la mythologie d’Osiris, d’Isis et d’Horus, le renaissance, et la fertilité des terres et des hommes.

200 illustrations, dont des photographies inédites des fouilles dirigées par l’auteur de l’ouvrage en personne dans les anciennes cités d’Héracléion et de Canope, et les images d’une centaine d’objets, pièces rares encore jamais vues.

Un récit dans lequel la dimension ésotérique n’est jamais très éloignée. "C’était alors..."

Franck Goddio, archéologue, directeur de fouilles sous-marines, est le fondateur et président de l’Institut européen d’Archéologie sous-marine (IEASM), et David Fabre, docteur en égyptologie et archéologie collabore avec cet institut depuis une dizaine d’années.

Osiris, mystères engloutis d’Égypte, coédition Flammarion / Institut du Monde arabe, de Franck Goddio et David Fabre, broché avec dépliants, 248 pages, 200 images couleur, 25€.

Photoquai 2015. We are Family

Ce petit catalogue couvre une bonne partie de la formidable exposition biennale et gratuite des images du monde. Quelques 40% de ces photographies qui nous sont des éclairages de regards venus d’ailleurs et qui complètent notre compréhension du monde, et de ces si nombreuses différences qui forment ensemble notre richesse commune.

La présentation des photographes et de leurs origines est renvoyée en fin d’ouvrage et ces cartels bilingues sont extrêmement bien faits.

Reproductions impeccables des images aux couleurs très soigneusement respectées.

Une petite remarque en passant : la couverture aurait pu être souple et non reliée. Et si cela avait en plus permis d’avoir quelques photographies supplémentaires... À conserver.

Photoquai 2015 / 5e biennale des images du monde. We are Family, coédition Actes Sud / musée du Quai Branly, relié, en français et en anglais, 232 pages, 27€.

Pressionnisme (Le). Les chefs-d’œuvre du graffiti sur toile de Basquiat à Bando

Ce catalogue, tout imparfait et incomplet qu’il soit, met en lumière avec pertinence l’histoire cachée d’un mouvement qui n’avait jusqu’alors même pas de nom, injustement associé au tag, et mal identifié par l’histoire officielle de l’Art.

Ce nom de Pressionnisme, qui fait malicieusement référence à l’usage de la bombe comme nouveau médium, fera certainement un peu mieux connaître cette expression dont les prémices ont modifié l’aspect de nos villes, de façon colorée, puissante et intrusive, et pourquoi pas "ré-attributive" et vivante.

L’ouvrage rassemble près d’une centaine de ces œuvres, accompagnées d’enrichissements, qui furent réalisées dans les années 1980 et 1990 par les plus grands maîtres du graffiti sur toile.

Ce catalogue vous fait découvrir l’apparition du style des premiers maîtres (Phase 2, Rammellzee, Dondi, Futura 2000, Seen, Blade, Zephyr, Quik, Toxic) comme certaines des œuvres des artistes les plus importants : Noc, Mode-2, Coco, Bando, Skki, Ash, Jay, Tracy, Rime, Bill Blast et T-kid.

Si les toiles récentes d’art urbain sont une évidence pour le grand public qui les côtoie en galerie, peu savent encore que, depuis les années 1970, les artistes graffiti créent en atelier une véritable production sur toile, loin de la rue et du Street Art dans lequel on les cantonne.

Dès les origines, les graffeurs, parmi lesquels Coco et Phase 2, se regroupent autour d’Hugo Martinez au sein de l’UGA (Union of Graffiti Artists) pour exposer dans les galeries.

Andy Warhol approche et associe à son histoire deux artistes issus du graffiti, Keith Haring et Jean-Michel Basquiat. Ils sont parties prenantes de cette aventure des années 1970 à 1990.

Il se trouve que, plus largement, le mouvement dans son ensemble, avec son histoire et ses grands maîtres, est resté à l’écart de la scène artistique classique et du regard d’un public qui peut enfin en découvrir certains chefs-d’œuvre.

Le Pressionnisme. Les chefs-d’œuvre du graffiti sur toile de Basquiat à Bando. Coédition Pinacothèque de Paris / Parkstone, Alain-Dominique Gallizia, 204 pages, 40€.

Saint Laurent (Yves) 1971, la collection du scandale

Le scandale vint qu’en janvier 1971, Yves Saint Laurent présentait sa nouvelle collection inspirée des sombres années de l’Occupation... Épaules carrées, manches bouffantes, tailleurs pantalons, robes-chemisiers imprimées, semelles compensées. Et pourquoi pas traits de crayon dans l’axe arrière de la jambe pour simuler un bas absent pendant qu’il y était...

Effroi de ses plus fidèles clientes guindées : le jeune maître, le petit génie était devenu fou ! Et sous le coup de l’émotion, la collection devient "la plus laide de Paris"... Largement réévaluée depuis, on en fait de nos jours un mythe, et elle devient a contrario la plus moderne de toute, celle qui fut immédiatement adoptée par la rue, son créateur devenant l’inventeur du "rétro" !

Ce catalogue, en reconstituant cette collection, en confronte les dessins et les échantillons de tissus à nos regards d’aujourd’hui, pour lesquels il est bien évident qu’une mécanique d’intégration de l’histoire récente dans la mode, et d’un éternel recommencement se mettaient alors en mouvement... véritable instant charnière.

Témoignages de ces bouleversements par ceux qui les vécurent, et analyses, abondamment illustrés.

Yves Saint Laurent 1971, la collection du scandale. Coédition Flammarion / Fondation Pierre Bergé Yves Saint Laurent. Ouvrage collectif d’Olivier Saillard, directeur du musée de la Mode de la Ville de Paris, et de Dominique Veillon, directrice de recherche au Cnrs et spécialiste de la Seconde Guerre mondiale. Broché, 175 x 275 mm, 192 pages, 30€.

Splendeurs & misères. Images de la prostitution. 1850-1910

Ce catalogue, qui a fait partie dans un premier temps des 10 Nominés au Prix CatalPa, s’est vu décerné une Mention spéciale au Prix CatalPa 2015 : "un catalogue thématique qui se sort de façon magistrale d’un sujet on ne peut plus périlleux, l’image de la prostitution, circonscrite à la 2e partie du XIXe siècle et à la première décennie du XXe.
Ses textes, extrêmement documentés, sont d’une grande rigueur historique et sociologique. Cet ouvrage a l’audace de confronter les humeurs de l’époque aux œuvres des artistes. Un ouvrage de référence.
"

Ce catalogue retrace la façon dont les artistes français et étrangers, fascinés par les acteurs et les lieux de ce fait social, n’ont cessé durant cette période de rechercher de nouveaux moyens picturaux pour en représenter réalités et fantasmes.

Il est vrai aussi que ces artistes de la vie moderne (impressionnistes, naturalistes, fauves, expressionnistes) s’engageaient, et cela les différenciait de leurs prédécesseurs, à représenter le monde qui les entourait tel qu’il était, tel qu’ils le voyaient. D’où peut-être l’amplitude de la surprise et du parfum de scandale qu’ils éveillèrent auprès du public.

De l’Olympia de Manet à L’Absinthe de Degas, des incursions dans les maisons closes de Toulouse-Lautrec et Munch aux figures audacieuses de Vlaminck, Van Dongen ou plus près de nous Picasso, l’ouvrage s’attache à montrer la place centrale occupée par ce monde interlope dans le développement de la peinture moderne.

Dans ce catalogue, la prostitution est également appréhendée dans ses dimensions sociales et culturelles à travers la peinture de Salon, la sculpture, les arts décoratifs, la photographie, en grandes parties révélant ainsi sa place prépondérante dans tous les pans de la culture du XIXe siècle.

L’histoire sociale et légale, ses liens avec la littérature, la question de l’ambiguïté sont autant de thèmes qui nous propulsent dans cet univers auréolé de fantasmes du Paris terriblement vénal de Forain, de Balzac et de Zola : les Folies Bergère, les cafés concerts, les loges et le foyer de l’Opéra, la toilette et l’hygiène, les préparatifs et les scènes d’intimité, mais aussi le racolage, les clients.

Le statut ambivalent des prostituées est évoqué au travers d’un riche matériau documentaire, de la splendeur des courtisanes célèbres de haute volée jusqu’à la misère des pierreuses.

Un riche choix d’œuvres allant jusqu’au début du XXe siècle, dont des tableaux assez peu connus de Picasso, une bibliographie sélective, et un index des noms propres cités.

Splendeurs et misères. Images de la prostitution. 1850-1910, coédition Flammarion / musée d’Orsay, relié, 245 x 297mm, 304 pages, 45€.

Télémaque (Hervé)

Hervé Télémaque est né en Haïti en 1937, où il prend rapidement contact avec le Centre d’art de Port-au Prince. Il part pour New York en 1957, suit les cours de Julian Edwin Levi, et y débute sa carrière. Le racisme l’amènera à choisir Paris en 1961, où il s’installe et comptera rapidement parmi les artistes marquants de sa génération.

Télémaque a notoirement contribué à l’émergence du mouvement artistique de la Figuration narrative. Son œuvre participe alors à la fois au surréalisme et au pop art, puisant autant dans ses origines et sa biographie personnelles que dans une réflexion sur l’objet, symbole et produit de consommation, qu’il explore en mode ludique, se permettant d’éclairer les fines relations tissées entre image et langage.

Longtemps adepte de la "ligne claire" de l’École d’Hergé, combinant souvent peinture et objets réels avant d’aborder collages et assemblages, Télémaque porte tout au long de son évolution un regard poético-politique sur le monde, préservant bien présentes dans son expression ses racines haïtiennes.

Sujette à de multiples interprétations, sa production, que caractérisent sa force plastique, son acuité critique, sa réjouissante ironie, voire sa gaité acidulée, y est éclairée de documents inédits et par des textes et commentaires pertinents de Christian Briend, Jean-Paul Ameline, Renaud Faroux et Pierre Wat.

Précieuse et passionnante biographie de Bénédicte Ajac.

Parce qu’il rassemble bon nombre de ses peintures, dessins, collages, objets et assemblages, ce catalogue en forme de rétrospective constitue désormais un ouvrage de référence sur Télémaque, et de la diversité de son œuvre. Le prétexte en a été la rétrospective bienvenue organisée par le Centre Pompidou et le musée Cantini de Marseille.

Hervé Télémaque, coédition Centre Pompidou / Musées de Marseille - musée Cantini / Somogy éditions d’art, sous la direction de Christian Briand, assisté de Bénédicte Ajac. Broché avec rabats, 24,6 x 28 cm, 272 pages, 130 illustrations, 35€.

Toilette (La). Naissance de l’intime / The Invention of privacy

Ce catalogue accompagne l’exposition La Toilette. Naissance de l’intime conçue pour le musée Marmottan-Monet. Cet ensemble réunit des œuvres d’artistes majeurs du XVe siècle à nos jours. Elle traite des rites autour de la propreté et de l’hygiène corporelles, de leurs espaces et de leurs gestuelles.

Le sujet a été particulièrement bien accueilli dans le monde de l’art. Au point que de prestigieux musées et des collections internationales ont apporté leur concours à l’entreprise en consentant des prêts majeurs, parmi lesquels des suites de peintures qui n’avaient jamais été montrées depuis leur création, et qui sont présentées dans l’ouvrage.

Les reproductions de cette centaine de tableaux, sculptures, pièces de mobilier exceptionnelles, estampes et photographies composent un ensemble d’exception.

Des gravures de Dürer, du Primatice, des peintures de l’École de Fontainebleau, parmi lesquels un François Clouet, l’exceptionnelle Femme à la puce de Georges de La Tour, un ensemble unique et étonnant de François Boucher, montrent la succession d’étapes que traversèrent l’invention des gestes et des lieux spécifiques de la toilette dans l’Europe de l’Ancien Régime.

Avec le XIXe siècle, un renouvellement en profondeur des outils et des modes de la propreté s’affirme. C’est l’apparition du cabinet de toilette, quand l’usage plus diversifié et abondant de l’eau inspirent à Manet, à Berthe Morisot, à Degas, à Toulouse Lautrec et d’autres artistes des scènes inédites de femmes (souvent leurs modèles ou des prostituées, avant que ce ne soient leurs compagnes ou femmes) se débarbouillant dans un tub ou une cuve de fortune.

Les gestuelles sont bouleversées, l’espace se clôt définitivement, réservé à une véritable intimité, qui semble inspirer fortement les artistes qui s’y immiscent.

Une forme d’entretien de soi se lit dans ces œuvres, d’où se dégage une profonde impression d’intimité d’autant plus moderne qu’on y surprend de discrets abandons et même parfois de la rêverie.

L’ouvrage en viendra aux images familières et déconcertantes de nos salles de bains « fonctionnelles », et même de cette tranquille revendication de corps qui ne se cachent ni ne provoquent.

Dans ces œuvres qui nous racontent l’évolution de certaines franges de nos pratiques quotidiennes, on découvrira des plaisirs et des surprises d’une profondeur peu attendue, et les objets qui tour à tour connurent les faveurs de ces dames... qui remarquons-le, sont presque seules à être dévoilées dans cette activité. Quelle surprise !

Le catalogue a été dirigé par les commissaires de l’exposition, l’historienne d’art Nadeije Laneyrie-Dagen et l’historien de la culture Georges Vigarello.

La Toilette. Naissance de l’intime / The Invention of privacy, coédition Hazan / musée Marmottan-Monet, sous la direction de Nadeije Laneyrie Dagen et de Georges Vigarello. Bilingue, broché, 22 x 28,5cm, 224 pages, 117 illustrations, 29€.

Velázquez

Ce catalogue de la seule exposition qui se soit tenue à ce jour en France sur ce maître de l’École espagnole, l’un des artistes les plus reconnus et admirés de l’histoire de l’art, est forcément historique.

Diego Rodríguez de Silva y Velázquez (1599-1660), qui était pour Édouard Manet le « peintre des peintres », reste aujourd’hui l’un des artistes les plus admirés.

Après avoir été formé dans l’atelier de Francisco Pacheco, peintre influent et lettré de Séville qui deviendra son beau-père, il est nommé à 24 ans peintre du roi Philippe IV, dont il deviendra par la suite un familier, et accédera aux plus hautes charges honorifiques.

Aussi bien peintre d’histoire, de scènes mythologiques, religieuses, que de scènes picaresques de tavernes, de paysages, comme de natures mortes, ce sera davantage pour ses talents de portraitiste qu’il sera distingué.

Ses fréquents accès et sa grande proximité avec les collections royales d’art à Madrid, ses contacts avec les plus grands peintres d’Europe de l’époque tels que Rubens, Le Bernin ou Poussin, et ses longs séjours en Italie comme peintres et acheteur d’œuvres pour la Couronne d’Espagne alimentent continument son inspiration et fortifient son style.

Dans cet ouvrage, 200 de ses œuvres sont présentées, dont certaines qui ne faisaient pas partie de l’exposition, qui révèlent et illustrent le parcours de Velázquez et l’évolution de son art, de ses premières influences jusqu’aux artistes qui deviendront ses suiveurs, les velazqueños.

Velázquez fut l’artiste par excellence du Siècle d’or espagnol, quand le rayonnement culturel de l’Espagne s’étendait en Europe (XVIe-XVIIe siècles), avec d’autres fameux peintres dont Le Gréco, Zurbaran, Ribera, et les écrivains Cervantès, Lope de Vega, Tirso de Molina...

Un catalogue d’une grande richesse, à conserver, aux précieux outils de lecture (index des noms de personnes, bibliographie de Velázquez, de ses relations et suiveurs, chronologie).

Velázquez, coédition RMN-GP / musée du Louvre, 24,5 x 29cm, 290 illustration, 408 pages, 50€.

Vigée Le Brun (Élisabeth Louise)

Ce catalogue a fait partie des 10 Nominés au Prix CatalPa 2015.

Louise-Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842), artiste majeure de sa génération, s’est imposée comme portraitiste virtuose de Louis XV à Louis-Philippe. Ce catalogue rassemble ses plus grands chefs-d’œuvre et conte la vie passionnée de cette artiste de talent, dans cette période particulièrement mouvementée de l’histoire de France.

Elle a su de plus afficher une ambition professionnelle et sociale que son talent, sa beauté et sa nature enjouée lui permirent de satisfaire largement, outrepassant les limites alors imposées aux femmes artistes. Ainsi put-elle accéder aux cours royales et impériales de France, d’Italie et de Russie.

Respectant la tradition des grands peintres de cour (Raphaël, Rubens et Van Dyck), elle fera les portraits des plus grandes figures et personnages de son époque, souvent de sa génération, et des plus éminents personnages de la Cour, le roi et ses frères et sœurs, Marie-Antoinette et les principaux membres de la famille royale.

Appelée auprès de la Reine à Versailles comme peintre officiel, Élisabeth Vigée Le Brun devient par son entremise la portraitiste de la famille royale. Certains portraits seront imaginés comme des supports et correctifs d’image voire de la propagande. Elle tient salon, mène une vie mondaine active et... gagne suffisamment d’argent pour susciter des inimitiés.

Son parti-pris esthétique, dénué d’artifices, amplifie consciencieusement et révèle la beauté naturelle des gestes et des corps des femmes.

Ce catalogue réunit plus de 150 œuvres, peintures, pastels, dessins et également pièces d’archives, afin de mieux comprendre la haute réputation qu’elle eut tout au long de sa vie.

Un catalogue gracieux, calme, richement doté et élégant. De précieux outils de lecture en fin d’ouvrage.

Élisabeth Louise Vigée Le Brun, édition de la RMN-GP, publié par Joseph Baillio, historien de l’art, spécialiste mondial de Mme Vigée-Lebrun, Xavier Salmon, directeur du Dépt. des Arts Graphiques du musée du Louvre, 25,4 × 30 × 3,1cm, 384 pages, 350 illustrations, 50€.

Villa Flora. Les temps enchantés

Les Suisses Hedy (1873-1952) et Arthur Hahnloser (1870-1936) ont constitué de 1906 à 1936 une prodigieuse collection d’art. Une sélection de quelque 80 de ces chefs-d’œuvre, rassemblant des Bonnard, Valloton, Vuillard, Van Gogh, Cézanne, Renoir, Matisse, Manguin et Marquet a fait l’objet d’une première exposition hors de Suisse, au musée Marmottan.

Ces collectionneurs allaient peupler leur résidence personnelle, une imposante demeure bourgeoise de Winterhour, près de Zurich, qui évoluera au fil de l’accumulation de ces trésors artistiques.

Leurs goûts artistiques les firent se lier d’amitié, initialement à partir de leurs œuvres, avec des artistes dont Giovanni Giacometti, Ferdinand Hodler et Félix Valloton (alors installé à Paris), qui les guidèrent par la suite dans leur choix et leur présentèrent d’autres peintres et sculpteurs.

Au fil des acquisitions, les Hahnloser ont cherché à documenter, par d’autres travaux de premier plan, l’environnement dans lequel ces artistes qu’ils mettent en lumière évoluent. C’est ainsi qu’ont été intégrées à la collection des toiles d’Henri Manguin et d’Albert Marquet, de Manet, Renoir, Van Gogh et de Paul Cézanne ou encore d’Odilon Redon, et, un peu plus tard, des travaux d’Henri Matisse, avec, pour ce dernier, une préférence pour de petits formats et des œuvres graphiques d’une qualité remarquable.

Ces liens d’amitié firent de la Villa Flora un lieu d’échanges, de partages et de créations, bien rapportés par les quelques photographies et dans les repères chronologiques de ce catalogue, qui présente également pour chacun des artistes de cette aventure esthétique une brève biographie et l’historique des relations avec ce couple de collectionneurs.

Des chefs-d’œuvre.

Villa Flora. Les temps enchantés, coédition Hazan / musée Marmottan-Monet, par Angelika Affentranger-Kirchrath, en français et en anglais, broché, 22 x 28,5cm, 176 pages, 125 illustrations, 29€.

Warhol Unlimited

Ce catalogue, qui a fait partie dans un premier temps des 10 Nominés au Prix CatalPa, s’est vu décerné le Prix CatalPa 2015 : "parmi les Nominés, (il) nous est apparu contenir le plus d’énergie et de mordant. Sa construction, pour aborder une œuvre en général si superficiellement comprise, ouvre tant de portes, et chacune d’entre elles rend évidente la contemporanéité d’une démarche visionnaire."

Si Andy Warhol est reconnu comme l’un des artistes les plus influents et incontournables du XXe siècle, c’est aussi parce qu’il inventait à la fois la scène, le décor, le jeu, l’accoutrement, le dérangement, et ne fournissait que peu de réponses aux nombreuses questions que sa pratique artistique faisait naître.

L’intérêt que présente ce catalogue, né de l’alibi de l’exposition éponyme au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, est d’aller plus loin dans l’approche, les approches de ce pape de l’expression tout format, tout support, et qui savait orienter l’intérêt et la surprise de ses contemporains. Il déborde du cadre de l’événement, et c’est à notre profit.

Cette œuvre "multiple et foisonnante" que nous a laissé Warhol, qui passe par la peinture, le cinéma, la musique, et tant d’autres médias, a marqué durablement... quelques générations, et le talent de cet ouvrage est d’effleurer des portes et de laisser deviner quelques-unes de ses clés, par des articles de qualité.

Abondamment illustré, et enrichi d’une bibliographie sélective.

Warhol Unlimited, coédition Paris Musées / Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 236 pages, 44,90€.

André Balbo

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Lire aussi :

Le catalogue Warhol Unlimited, de Paris Musées, remporte le Prix CatalPa 2015

Sélection 2014 des catalogues d’expositions de Paris

Prix CatalPa 2014  : Niki de Saint Phalle, édition de la Réunion des Musées nationaux et Grand Palais ;
Mention spéciale au Prix CatalPa 2014 : Gustave Doré, l’imaginaire au pouvoir, coédition Flammarion / musée d’Orsay.


Sélection 2013 des catalogues d’expositions de Paris

Prix CatalPa 2013  : Ron Mueck, édition Fondation Cartier pour l’art contemporain ;
Prix CatalPa 2013  : La Spoliation des juifs, une politique d’État (1941-1944) ;
Mention spéciale au Prix CatalPa 2013 : Angkor. Naissance d’un mythe, Louis Delaporte et le Cambodge, coédition Gallimard / musée Guimet.


Sélection 2012 des catalogues d’expositions de Paris

Prix CatalPa 2012  : Les Enfants du Paradis, coédition Cinémathèque / Fondation Jérôme Seydoux / Xavier Barral ;
Mention spéciale au Prix CatalPa 2012 : Artemisia (1593-1654). Pouvoir, gloire et passions d’une femme peintre, coédition Gallimard / musée Maillol ;
Mention spéciale au Prix CatalPa 2012 : Wim Delvoye au Louvre, coédition musée du Louvre / Fonds Mercator.

Voir aussi : www.laffairedescatalogues.org.

Informations pratiques
Adresse, horaires, numéro de téléphone, liens...

lundi 6 mai 2019,    Expositions