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PROLONGATION de l’exposition "Ouverture des camps sur le Front Est (1941-1946)"

Jusqu’au 1er novembre 2015, le Mémorial de la Shoah présente des heures d’images filmées par l’Armée rouge découvrant les camps de massacres et d’extermination nazis de la Seconde Guerre mondiale.


À la suite d’un important travail de visionnage, de recensement et d’analyse des boites de films tournés de 1941 à 1946 par les opérateurs des armées soviétiques sur ce terrifiant sujet, une exposition est organisée par les commissaires Valérie Pozner, Alexandre Sumpf et Vanessa Voisin, aidés d’une importante équipe du Mémorial de la Shoah.

Ils ont retenu 76 extraits (films, rushes, images filmées) venus pour l’essentiel du RGAKFD (Russian State Documentary Film and Photo Archives) de Krasnogorsk, mais aussi de Kiev, de Varsovie ou de Riga.

À partir de 1941, et accompagnant l’Armée rouge, les premiers mois en repli puis dans sa progression victorieuse, quelque 400 opérateurs (dont le célèbre Roman Karmen) relèvent les traces des massacres. Curieusement, ces précieuses images documentaires n’ont pas été exploitées ni même visionnées depuis la fin du conflit.

Comment et dans quels buts ces images ont-elles été tournées, montées et projetées en actualités en URSS ? Quelles furent les différentes étapes et variantes de la propagande à laquelle elles étaient destinées ?

Pourquoi et à partir de quand les Soviétiques minimisèrent-ils la spécificité des Juifs parmi les victimes des exactions nazies ? Entre 1941 et 1945, et du fait de la géographie militaire, ils étaient, parmi les Alliés, ceux qui purent filmer ces terribles faits et recueillir les premiers témoignages des survivants, sur les territoires les plus importants et avant que les nazis n’en effacent les traces : ouvertures des fosses, exécutions de masse en Europe de l’Est (à Babi Yar, Rostov, Krasnodar, Kertch...), libération des camps de concentration et d’extermination (Klooga, Maidenek, Auschwitz, etc...). Puis, après la victoire, le temps de la vengeance, celui des multiples procès, et des exécutions furent aussi filmés et archivés.

Les premiers temps, les opérateurs, bien que travaillant sous le contrôle politique de Moscou et des directions professionnelles, purent intervenir dans une grande liberté, et tourner des images qui faisaient preuve d’une vraie spontanéité, et cela d’autant qu’il ne leur était même pas imposer de protocole de filmage.

Cependant, progressivement, des retours et commentaires du studio central des actualités leur parvenaient sur le front, jugements esthétiques, expertises techniques, demandes de précisions (documenter lieu du tournage, noms des témoins, sujet, dates...).

Des causes de censure se faisaient jour émanant du studio : impératifs militaires, politiques, et esthétiques encore.

Et les reconstitutions de scènes, parce que, maladroites, elles étaient facilement décelables par le public, furent jugées indignes et contraires à l’éthique des opérateurs.

L’affaire et la tentative de mensonge sur le massacre de Katyn en fut un exemple marquant, la présentation scénarisée de la libération du camp d’Auschwitz un autre...

La richesse et la diversité d’images des documentaires initiaux disparurent brutalement sur ordre de Staline lui-même en mai 1944. Alors que l’Armée rouge était entrée dans une phase victorieuse de la guerre, le Petit Père des peuples fut scandalisé de visionner un reportage montrant lors de la reprise de la Crimée, de façon trop réaliste, des soldats soviétiques harassés, pataugeant dans la boue, traînant leurs blessés, des images ne reflétant pas suffisamment que l’Armée soviétique volait de succès en succès. Il était devenu évident que la propagande devait être réorientée. L’organigramme du cinéma des Armées en fut radicalement et immédiatement changé, et un réalisateur de fiction fut nommé à sa tête.

Parmi les images de cette période que les commissaires de l’exposition purent visionner, beaucoup ne furent ni montées, ni diffusées. Ces combats et ces sites de massacres finirent abandonnés aux archives.

En novembre 1941, après l’opération Barbarossa et le renversement des alliances, les Soviétiques ne se gênaient pas de montrer un film dont la voix du commentateur était celle... d’Edgar G. Robinson ! Autre temps...

En 1942-1943, les documentaires ne cachaient nullement la défaite et encore moins la violence des exactions commises par les nazis sur les destructions matérielles et les populations civiles. Ils se servaient au contraire de cela pour appeler la population soviétique à une vengeance tout aussi violente. L’ennemi pendait et laissait les corps en évidence pour terroriser la population ? Les exactions des Soviétiques à la Libération reprirent le même procédé cruellement démonstratif...

Tous les sites découverts n’eurent pas droit au même traitement documentaire. Ainsi Maidenek bénéficia-t-il au bilan d’un ensemble pléthorique de 18 boîtes de films, et d’une approche "internationaliste", notamment par l’exposition à l’image des passeports des victimes, nationalité par nationalité.

Les reportages sur Auschwitz ne laissèrent que 5 boîtes, un montage précipité, à des reconstitutions qui n’étaient absolument pas crédibles. Auschwitz fut découvert le 27 janvier. Le 28 les opérateurs arrivaient sur place et commencèrent à tourner dès le 31. Par une neige omniprésente. Mais il se trouve que le montage montrant la libération du camp mêlait des scènes de ce terrible hiver à d’autres, reconstituées donc, par un printemps polonais... sans neige, où des détenus, déjà en meilleure santé, accueillaient les soldats soviétiques dans un enthousiasme trop tonique...

Cette exposition passe ainsi, d’étape en étape, aux différents stades que connut le genre documentaire à des fins de propagande... ce que tout État belligérant applique sous la forme qui lui conviendra le mieux.

Une dernière section présente la vengeance populaire, les lynchages et les procès qui s’ensuivirent.

Une mine importante d’images très rares et d’accès difficile, qu’il est conseillé de voir en plusieurs fois. Éprouvant, historique et pédagogique.

Filmer la guerre : les Soviétiques face à la Shoah (1941-1946), du 9 janvier au 27 septembre 2015 au Mémorial de la Shoah, niveau 1, 17, rue Geoffroy-l’Asnier 75004 Paris, 01 42 77 44 72, www.memorialdelashoah.org, tous les jours sauf le samedi de 10 à 18h, et le jeudi jusqu’à 22h, métro Saint-Paul ou Hôtel-de-Ville. Entrée libre. Des visites guidées gratuites de l’exposition sont proposées aux individuels les jeudis 5 et 19 décembre 2013 de 19h30 à 21h, sans réservation préalable.

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Vous retrouverez dans l’article Les Grandes Expositions 2015 à Paris de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans Calendrier 2015 des grandes expositions à Paris, ces mêmes expositions sont classées par dates.

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Comme les autres années (2014, 2013, 2012), nous établissons au fur et à mesure notre sélection dans l’article Paris 2015 : LES MEILLEURS CATALOGUES d’expositions de Paris.

Celui de cette exposition en fait partie.

Nous vous proposons aussi une sélection d’expositions et de festivals dans les villes françaises suivantes :
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De même nous avons commencé :
Les Grandes Expositions 2016 à Paris de A à Z
Calendrier 2016 des grandes expositions à Paris
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Et juste quelques musées et expositions pour Bruxelles, Genève, Bâle, Amsterdam, Londres, Madrid, Milan, et Venise.

André Balbo

sources : Visite, Mémorial de la Shoah

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mardi 13 octobre 2015,    Expositions