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Chaïm Soutine


Présentation de l’artiste

Voir Présentations d’Artistes de A à Z

Chaïm Soutine (1893-1943) ne fut pas à proprement parler ce que l’on pourrait appeler un peintre maudit.

En revanche, dixième d’une famille juive orthodoxe de dix enfants, élevé selon les principes talmudiques qui interdisent notamment le dessin et la représentation de l’homme, il se trouve souvent punit dans son activité graphique... débordante. Son shtetl ne rassemble que 400 habitants.

Il se rend comme apprenti à la ville la plus proche, Minsk, en Biélorussie, où il suit des cours de dessin... avec un ami tout aussi passionné, Michel Kikoine, avec qui il part à Vilna.

Amedeo Modigliani, Portrait de Soutine (1916), collection privée, photo Pinacothèque / Fabrice Gousset

Soutine débarque, après Kikoine, à Paris en 1913. Accueili et orienté, il s’installe à la Ruche à Montparnasse où vit déjà une petite communauté d’artistes d’Europe de l’Est, pour la plupart très pauvres. École des Beaux-Arts, copies de tableaux de maîtres anciens au Louvre... et porteur à la gare Montparnasse pour subsister. Paris, quoi.

Douleurs, profonde anxiété, souvenirs de misère, organisme ébranlé par des années de privations, il démarre un ulcère gastrique, et sera rapidement réformé pour santé fragile lors de la Première Guerre mondiale, comme Modigliani, tuberculeux.

Lui, pourtant si timide, exprime très tôt un expressionnisme tourmenté, utilisant des couleurs "mouvementées", violentes et parfois flamboyantes, et certains ont remarqué dans ses portraits une forme de parenté avec certains tableaux d’Egon Schiele.

Le succès ne tarde pas trop. Soutine trouve de solides clients et soutiens, dont principalement le Docteur Barnes, qui lui acheta d’un coup une centaine de toiles, Paul Guillaume, Madeleine Castaing, le très humain Jonas Netter, et le moins délicat marchand d’art Léopold Zborowski.

Il entretint aussi des relations amicales principalement avec Amedeo Modigliani (qui lui a présenté son marchand Zborowski), mais aussi un temps avec Pablo Picasso, qui fut l’un de ceux qui assistèrent à son enterrement, et avec Matisse, qui avait acquis un de ses tableaux.

Soutine a peint des paysages toute sa vie, à Céret, dans les Pyrénées Orientales, et à Cagnes dans le Midi, de 1919 à 1924, ou en Bourgogne vers 1930-1940. Chacune de ces toiles nous immerge dans le motif.

Les paysages de Céret sont le paroxysme de cette violence expressive (La Colline de Céret, 1921).

Chaïm Soutine. Arbre dans le vent, vers 1939, Huile sur toile, 68,9 x 86 cm Paris, collection particulière © ADAGP, Paris 2012 © Collection Castaing

Puis les arbres deviennent un motif à part entière, comme Le Gros Arbre bleu, 1920-1921, ou Le Grand Arbre de Vence, 1929.

La nature morte émerge comme un thème dominant dans son œuvre, immédiatement après les paysages de Céret, et gagne en importance dans les Années 1920.

De simples Glaïeuls, dont il existe 15 versions différentes, sont à chaque fois prétexte à une explosion de rouges.

Cette même couleur est travaillée dans toutes ses nuances dans la série consacrée aux Bœufs écorchés, 1924-1925, dont il capte, en base d’inspiration, le modèle du tableau de Rembrandt, tandis que les volailles mortes et autres gibiers, dont le Lièvre pendu, 1925-1926, sont inspirés de l’œuvre de Chardin.

img57424|left>De même quand Soutine saisit des figures humaines, il fait montre d’une continuité frappante dans ses préoccupations picturales.

La qualité organique des couleurs employées, pour dépeindre la chair des animaux morts, se retrouve dans les uniformes, traités comme une extension de la peau de ses personnages.

Le même cadrage serré, centré sur le motif, préside aux deux séries. Mais sous l’apparente rudesse de la représentation, s’expriment empathie et tendresse pour ses modèles, qu’ils soient gens de métier ou réprouvés : Le Garçon d’étage, vers 1927, ou Déchéance, 1921-1922.

C’est la série des Pâtissiers (1922-1923) qui apporte à Soutine la célébrité et l’aisance financière, celle des Enfants de chœur (1925-1930) confirmant sa maîtrise absolue de la couleur : blanc, rouge, bleu foncé.

Chaïm Soutine. La Femme entrant dans l’eau, 1931 Huile sur toile, 113 x 72,5 cm.Londres (Angleterre), collection particulière © ADAGP, Paris 2012 © Photo Hugh Kelly

Enfin son formidable tableau La Femme entrant dans l’eau, (1931), dernier hommage à Rembrandt, est le témoignage de la dette que Soutine estimait devoir aux grands maîtres anciens qui l’avaient inspiré, dont Chardin, Fouquet, Courbet, et Rembrandt bien sûr.

Rembrandt. Femme entrant dans l’eau.

Soutine annonça-t-il à sa manière une des fins du figuratif ?

Certains établissent aujourd’hui des liens de proximité entre son œuvre et celles de Francis Bacon, ou de Lucian Freud.

Pourquoi ne pas évoquer certaines des périodes de van Gogh ? Et qu’est-ce que cela changerait aux émotions éprouvées devant ses tableaux et leurs tourments ?

Pour Soutine, lire la remarquable notice biographique de Wikipédia.

L’exposition Soutine à l’Orangerie

La force et la profusion d’une telle exposition participait indubitablement à nous rendre l’œuvre de ce peintre plus proche, plus familière, et j’en suis sûr plus accessible.

Soutine, dont quelques très beaux tableaux de la collection Netter étaient exposés à la Pinacothèque, (19 tableaux balayant des motifs diversifiés : L’Escalier rouge à Cagnes, L’Autoportrait au rideau, La Folle, observez les mains, l’étouffement ressenti dans Les Platanes à Céret, ou la grande sobriété classique de la demi-carcasse du Bœuf), aura été très présent à Paris en 2012.

Le musée de l’Orangerie conserve la plus importante collection en Europe de ses tableaux, 22 toiles, et parmi les plus belles. Elles avaient été réunies par la passion du marchand d’art Paul Guillaume, séduit dès 1922 par l’expressionnisme de cette peinture « où la mesure et la démence luttent et s’équilibrent ».

C’était autour d’elles que s’organisait l’importante exposition monographique « Chaïm Soutine. L’ordre du chaos », qui rassemblait au total près de 70 tableaux, à la faveur aussi de prêts exceptionnels de grandes collections, publiques et privées.

Chaïm Soutine. Le Bœuf écorché, vers 1924 Huile sur toile, 116,2 x 80,6 cm Minneapolis (USA), Institute of Arts © ADAGP, Paris 2012 © Minneapolis Institute of Arts, Gift of Mr. and Mrs. Donald Winston and an anonymous

Après la rétrospective Soutine de 1973, qui s’était déjà tenue à l’Orangerie des Tuileries, cette exposition portait un regard renouvelé et ressourcé sur cette figure majeure de l’art moderne, dont l’œuvre est restée largement, et longtemps, incomprise.

Rembrandt. Le Bœuf écorché.

Cette exposition, qui embrassait l’ensemble de la carrière du peintre dans la France de l’Entre-deux-guerres, proposait un parcours thématique qui mettait en avant sa pratique de la série particulièrement obsessionnelle, même si cela peut être également observé, de façon il est vrai souvent moins exacerbée chez bien d’autres peintres.

Après une introduction consacrée aux portraits de l’artiste, à ceux de ses amis de Montparnasse ou à ses mécènes, elle s’organisait en trois sections reprenant les grands genres traités par la peinture tourmentée de l’artiste :
- les paysages,
- les natures mortes,
- et les figures humaines.

Marie-Paule Vial, directrice du musée de l’Orangerie, en était la commissaire.

Chaïm Soutine. L’ordre du chaos, du 3 octobre 2012 au 21 janvier 2013, musée de l’Orangerie.


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Vous retrouvez comme chaque année dans LES GRANDES EXPOSITIONS 2016 à Paris de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans CALENDRIER 2016 des grandes expositions à Paris ces mêmes expositions sont classées par dates.

Dans la série Toutes les expositions 2016 dans les plus grands musées de Paris... lire également :
Au musée du Louvre, au Centre Pompidou, au Grand Palais, au musée d’Orsay, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, au Jeu de Paume, au Palais de Tokyo, à la Bibliothèque nationale de France, au musée du Quai Branly, au musée des Arts décoratifs, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain.

Nous nous efforçons de tenir ces articles à jour, et nous vous remercions des suggestions, précisions, ajouts et corrections que vous pourriez être amenés à apporter à ces programmes.

Nous vous indiquons chaque semaine les nouveautés, les expositions qui fermeront bientôt leurs portes, et... nos préférences, car on ne se refait pas : Paris Expos Hebdo : Nouveautés, Conseils, Derniers Jours.

Contre l’actualité artistique qui chasse ce que l’on se croyait capable de retenir, les catalogues d’expositions peuvent avoir, quand ils sont faits avec exigence, un rôle certain à jouer. Nous établissons, au fur et à mesure de leur publication, notre sélection des catalogues d’expositions 2016 de Paris, comme nous l’avons fait les années précédentes : 2015, 2014, 2013, 2012.

Vous pouvez consulter quelques dizaines de présentations d’artistes, classées de A à Z.

Nous vous proposons aussi une sélection de musées et d’expositions dans les villes françaises suivantes, que nous nous efforçons de tenir assez régulièrement à jour :
Angoulême - Arles - Avignon - Bordeaux - Dijon - Grenoble - Ile-de-France - Lens - Lille - Lyon - Marseille - Metz - Montpellier - Nantes - Nice - Ornans - Rennes - Rodez - Rouen, Le Havre - Saint-Étienne - Strasbourg - Toulouse - Tours

Et juste des musées et expositions temporaires pour quelques villes étrangères : Amsterdam, Berlin, Bâle, Bruxelles, Genève, Londres, Madrid, Milan, et Venise.

André Balbo

sources : visite, Marie-Paule Vial, Skira Flammarion, Cité de l’architecture et du patrimoine

Informations pratiques
Adresse, horaires, numéro de téléphone, liens...

Jardin des Tuileries, 75001 Paris

- Du 3 octobre 2012 au 21 janvier 2013

- Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 9 à 18h

01 44 77 80 07
lundi 6 mai 2019,    Expositions