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Passionnante exposition Picasso primitif au Quai Branly

Du 28 mars au 23 juillet 2017, au musée du Quai Branly - Jacques Chirac.


La présentation de cette exposition souligne que la question de Picasso et des arts non occidentaux a déjà été traitée à de multiples reprises, et que celle-ci ne cherche pas à être une juxtaposition supplémentaire explorant d’hypothétiques preuves d’inspiration.

Elle s’organise en deux approches complémentaires révélant la relation entre Picasso et les arts d’Afrique, d’Océanie, des Amériques mais aussi d’Asie.

Picasso Pablo (dit), Ruiz Picasso Pablo (1881 - 1973). Nu debout de profil. 1908. Paris, musée Picasso. Photo © RMN-Grand Palais (musée Picasso de Paris) / Thierry Le Mage © Succession Picasso - Gestion droits d’auteur

Picasso Pablo (dit), Ruiz Picasso Pablo (1881 - 1973). Nu debout de profil. 1908. Paris, musée Picasso. Photo © RMN-Grand Palais (musée Picasso de Paris) / Thierry Le Mage © Succession Picasso - Gestion droits d’auteur

La première est une transversale chronologique et historique, une piste suivie avec méthode et même... acharnement.

Une façon de lister quantité des jalons avérés par lesquels Picasso a entretenu des relations avec ces arts non occidentaux, non seulement pendant la période décisive de la gestation des Demoiselles d’Avignon en 1906-1907, mais, comme le montre sa collection personnelle conservée sa vie durant, tout au long de sa longue carrière, tout au long de sa création.

Cette part d’enquête ne cherche pas plus que cela à nous mettre en présence d’œuvres de Picasso qui nous surprendraient ou que nous ne connaitrions pas. Elle se révèle policière pour être pédagogique.

Année après année, les témoignages écrits ou rapportés sont comme épinglés au tableau de l’enquête en cours. Et sur les photographies (prises par Franck Gelett Burgess, Robert Doisneau, Mark Shaw et d’autres) qui les accompagnent avec méthode, des ovales rouges, accusateurs, surligneurs de preuves, entourent les objets et traces d’arts "primitifs" décelés dans l’un des ateliers successifs du maître, voir même dans les parties privées de ses domaines.

Bien avant que ne vienne la frénétique valse des alertes entre amateurs, des prêts, échanges et autres comportements de quasi prédateurs et de vrais chasseurs d’objets premiers, Françoise Gilot rapporte ces paroles de l’artiste, un moment rare, s’il est exact, dans Vivre avec Picasso. "Quand j’ai découvert l’art nègre, il y a quarante ans, et que j’ai peint ce qu’on appelle mon Époque nègre, c’était pour m’opposer à ce qu’on appelait "beauté" dans les musées.

À ce moment-là, pour la plupart des gens, un masque nègre n’était qu’un objet ethnographique. Quand je me suis rendu pour la première fois avec Derain au musée (de l’Homme) du Trocadéro, une odeur de moisi et d’abandon m’a saisi à la gorge. J’étais si déprimé que j’aurais voulu partir tout de suite. Mais je me suis forcé à rester, à examiner ces masques, tous ces objets que des hommes avaient exécutés dans un dessein sacré, magique, pour qu’ils servent d’intermédiaires entre eux et les forces inconnues hostiles qui les entouraient, tâchant ainsi de surmonter leur frayeur en leur donnant couleur et forme.

Et alors j’ai compris que c’était le sens même de la peinture. Ce n’est pas un processus esthétique ; c’est une forme de magie qui s’interpose entre l’univers hostile et nous, une façon de saisir le pouvoir, en imposant une forme à nos terreurs comme à nos désirs. Le jour où j’ai compris cela, je sus que j’avais trouvé mon chemin."

Documents, lettres, objets, photographies tracent dans une chronologie la plus rigoureuse, ce qu’il a vraiment vu, les cercles de marchands et de collectionneurs qu’il a côtoyés, les expositions visitées et celles où il a prêté ses propres œuvres.

Picasso Pablo (dit), Ruiz Picasso Pablo (1881 - 1973). Femme enceinte. 1949. Paris, musée Picasso. Photo © RMN-Grand Palais (musée Picasso de Paris) / Adrien Didierjean © Succession Picasso - Gestion droits d’auteur

Une autre fonction de cette première partie, que j’ai trouvée passionnante, nous place dans une mémorisation progressive de ces arts non-occidentaux et des travaux de Picasso. Inspirations ? Davantage une vie en constante compagnie d’une multitude de ces formes. Un dialogue permanent marqué d’un vrai respect. Et un garde-fou certainement nécessaire à l’artiste prolifique qu’il était pour qu’il ne tombe pas par son activisme même dans un art "formaliste". Une façon de se maintenir dans une exigence que partageaient ces artisans et artistes s’exprimant de ces ailleurs.

Ainsi Picasso souligna-t-il au sujet des Demoiselles d’Avignon l’importance particulière qu’il lui accordait. Celle d’avoir été son "premier tableau d’exorcisme", de la même manière que ces œuvres d’autres civilisations étaient comptables de peurs et de tentatives de protections, d’intercessions.

Pablo Picasso (1881-1973), La Parisienne et figures exotiques, Paris, Automne 1906, Plume et encre de couleur sépia sur papier, Musée national Picasso-Paris, Dation Pablo Picasso, 1979.

L’autre approche est plus conceptuelle. Elle fait dialoguer dans un mélange de crainte et d’admiration les richesses des œuvres de Picasso – majeures mais aussi celles où des concepts esthétiques sont parfois sommairement expérimentés – avec celles des artistes non occidentaux de tous horizons.

Cette seconde approche, qui occupe spatialement la plus grande partie de l’exposition, s’appuie davantage sur une anthropologie de l’art que sur le constat de relations esthétiques.

Trois parties, « Archaïsme », « Métamorphose » et « Ça » développent des questionnements auxquels les artisans et artistes ont répondu par des solutions plastiques parallèles, quand elles n’étaient pas convergentes.

Le primitif ne s’entend plus alors comme un stade de non développement mais comme l’accès aux couches les plus profondes, les plus fondatrices de l’humain.

Mark Shaw (1929-1969) Pablo Picasso dans sa villa La Californie, avec le top modèle Bettina Graziani, photographiés en 1955 pour le magazine LIFE

Pour riches qu’elles soient, et fascinantes, les associations d’œuvres et d’objets se regardent curieusement avec peut-être moins d’attente que l’enquête initiale. Comparer. Chercher les correspondances. Segmenter les sujets. En épingler leurs traitements touche ici davantage à des approches presque ethnologiques, ou à des ambitions de pureté d’inspiration de la part de Picasso qu’à une contemplation esthétique pour laquelle chaque œuvre se présenterait unique et offrirait au visiteur son unicité et sa propre substance expressive.

Mais la promenade fera rêver très fort tout au long du parcours.

"Mes plus grandes émotions artistiques, je les ai ressenties lorsque m’apparut soudain la sublime beauté des sculptures exécutées par les artistes anonymes de l’Afrique. Ces ouvrages d’un religieux, passionné et rigoureusement logique, sont ceux que l’imagination humaine a produit de plus puissant et de plus beau. Je me hâte d’ajouter que cependant je déteste l’exotisme."
Picasso / Apollinaire, Correspondances, Paris, Gallimard, 1992

Cette exposition réunit près de 300 œuvres, dont 107 de Picasso. Elle a donné lieu à un prêt exceptionnel de 105 œuvres du Musée national Picasso-Paris, dont notamment les tableaux Grande nature morte au guéridon (1931) ou Le Baiser (1943), mais également les sculptures La Femme à la poussette (1950) et Femme (1948).

Le Quai Branly était bien entendu particulièrement indiqué à recevoir un tel sujet d’exposition. À voir.

Yves Le Fur, Directeur du patrimoine et des collections au musée du quai Branly – Jacques Chirac est le commissaire de cette exposition.

Picasso primitif, du 28 mars au 23 juillet 2017, au musée du Quai Branly - Jacques Chirac, Galerie Jardin, quai Branly 75007 Paris. 01 56 61 70 00. Ouvert les mardi, mercredi et dimanche de 11 à 19h, les jeudi, vendredi et samedi de 11 à 21h. Fermé le lundi. 9 ou 7€. Billet jumelé 11 ou 9€.

Lire aussi Toutes les expositions 2017 du musée du Quai Branly.


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Vous retrouvez comme chaque année dans PARIS 2017. LES GRANDES EXPOSITIONS de A à Z les différentes expositions annoncées par leurs établissements et musées.

Frederic Leighton (1830–1896) Crenaia, the nymph of the dargle, ca. 1880 Huile sur toile 76.2x26.7 cm Colección Pérez Simón, Mexico © Arturo Piera, Musée Jacquemart-André 09/13-01/14

Dans Le CALENDRIER 2017 des grandes expositions à Paris ces mêmes expositions sont classées par dates.

Dans la série Toutes les expositions 2017-2018 dans les plus grands musées de Paris... lire également :
Au musée du Louvre, au Centre Pompidou, au Grand Palais, au musées d’Orsay et de l’Orangerie, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, au Jeu de Paume, au Palais de Tokyo, à la Bibliothèque nationale de France, au musée du Quai Branly, au musée des Arts décoratifs, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, au musée Guimet, au musée Galliera, au Petit Palais, et au Château de Versailles.

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Et juste des musées et expositions temporaires pour quelques villes étrangères : Amsterdam : Harlem, Rotterdam, La-Haye, Bois-le-Duc, - Bâle - Berlin - Bruxelles - Genève - Liège - Londres - Madrid - Milan - Monaco - Venise

André Balbo

sources : Visite, musée du Quai Branly

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mercredi 3 juillet 2019,    Expositions